Lorsqu’on parle de location saisonnière, parle-t-on de gîte ? de chambre d’hôtes ? de location meublée ? ou de maison de vacances ? Difficile de s’y retrouver parmi tous ces termes !
D’ailleurs quelles sont les différences entre gîte et chambre d’hôtes ? Sommes-nous soumis aux mêmes obligations que nous exploitions un gîte ou une maison d’hôtes ? Pour vous qui réfléchissez à changer de vie pour ouvrir un gîte, la différence avec la chambre d’hôtes est peut-être confuse. Grâce à ce descriptif ultra complet des caractéristiques qui différencient gîte et chambre d’hôtes, lancez-vous en ayant toutes les clés en main pour choisir votre futur modèle d’hébergement !
Différence 1 : Définitions
Avant de vous expliquer en détail les principales différences entre gîte et chambre d’hôtes, voyons tout d’abord comment ces deux modèles d’hébergement sont définis par la loi.
Une chambre d’hôtes
Une maison d’hôtes est un établissement exploitant des chambres meublées situées chez l’habitant, qui en assure l’accueil. Plus précisément, les chambres d’hôtes sont définies comme des « chambres meublées situées chez l’habitant en vue d’accueillir des touristes, à titre onéreux, pour une ou plusieurs nuitées, assorties de prestations » (article L.324-3 du Code du tourisme).
Certaines contraintes légales sont associées à l’exploitation d’une maison d’hôtes. Ainsi, la location d’une chambre en maison d’hôtes implique la fourniture d’une nuitée et du petit-déjeuner. Une maison d’hôtes ne peut louer plus de cinq chambres, et sa capacité maximale d’accueil est limitée à 15 personnes (article D.324-13 du Code du tourisme).
Au-delà de cinq chambres louées, l’établissement perd l’appellation de maison d’hôtes et devient soumis au statut du meublé de tourisme (régi par le Code du tourisme). Au-delà de quinze personnes hébergées, par principe, l’établissement devient assujetti à la règlementation relative aux établissements recevant du public (ERP).
Il s’agit d’une chambre d’hôte si :
– le logement est situé chez l’habitant (résidence principale obligatoire même si c’est dans une dépendance)
– maximum 5 chambres
– capacité d’accueil de 15 personnes max.
– fourniture groupée de la nuitée (avec mise à disposition du linge de maison) et du petit-déjeuner
– accueil assuré par l’habitant
Un gîte
Le gîte, quant à lui, ne fait l’objet d’aucune définition légale, et ne constitue donc pas une catégorie juridique. Il s’agit d’une appellation d’usage, désignant un lieu où l’on peut être logé temporairement. D’un point de vue légal, nous parlons de meublé de tourisme. En voici la définition :
Les meublés de tourisme sont des villas, appartements ou studios meublés à l’usage exclusif du locataire, offerts à la location à une clientèle de passage qui y effectue un séjour x-caractérisé par une location de courte durée (max 90 jours consécutifs). (article D324-1 du Code du tourisme)
À noter que si un établissement est en mesure d’accueillir, dans des conditions normales, 15 personnes ou moins, il relèvera du Code de la construction et de l’habitation ainsi que du Code du tourisme, et non pas de la règlementation relative aux Établissements Recevant du Public (ERP). Il sera, à ce titre, soumis à des obligations plus souples en matière de sécurité et d’accessibilité.
En fonction de la nature de l’activité de l’établissement, dès lors qu’un établissement pourra accueillir, dans des conditions normales, plus de 15 personnes, il pourrait être considéré comme un ERP de 5e catégorie. Au-delà de 30 personnes, ce pourrait être un ERP de 4e catégorie. A chaque nouveau seuil dépassé, l’établissement sera assujetti à des obligations réglementaires plus exigeantes, définies par le Règlement de sécurité contre les risques d’incendie et de panique dans les établissements recevant du public (ERP), approuvé par arrêté du 25 juin 1980.
Pour résumer, un gîte est un hébergement (appartement ou maison) meublé et tout équipé. Il s’inscrit ainsi dans la catégorie des “meublés de tourisme”. Il s’agit d’une location indépendante où le propriétaire ne loge pas. Le gîte conviendra donc mieux aux voyageurs autonomes qui aiment avoir leur indépendance. Dans ce cas, le propriétaire pourra proposer des tarifs de location en “gestion libre”. Au contraire, si des prestations de restauration sont proposées, les tarifs comprendront la demi-pension ou la pension complète.
Il s’agit d’un gîte (meublé de tourisme) si :
– l’habitant ne loge pas sur place pendant les locations
– capacité d’accueil de 15 personnes max.
– hébergement meublé et équipé (notamment d’éléments de cuisine)
– pas d’obligation de prestations de linge ou de restauration
Gîte rural
Le gîte rural est une appellation propre aux Gîtes de France et n’a pas de définition réglementaire. Il s’agit d’une forme de meublé de tourisme. À ce titre, on considère un gîte rural comme un hébergement locatif situé dans un environnement rural caractérisé.
Gîte de groupe
Le gîte de groupe permet d’accueillir dans de bonnes conditions matérielles, plus de 15 personnes. Ces gîtes conviennent particulièrement aux groupes d’amis, aux familles, aux clubs sportifs, aux associations qui souhaitent s’y retrouver le temps d’un weekend ou pour les vacances. Légalement, il s’agira alors d’un Établissement Recevant du Public (ERP).
Gîte d’étape
Gîte situé sur un itinéraire de randonnée pédestre, cycliste ou équestre et qui privilégie l’accueil à la nuitée.
Différence 2 : Le quotidien
Au delà des particularités légales, il faut comprendre que le quotidien du propriétaire sera différent, qu’il s’agisse d’un gîte ou d’une chambre d’hôtes. La disponibilité et les prestations proposées n’étant pas similaires, l’investissement sera peut-être équivalent en terme d’heures mais ne se décomposera pas de la même manière.
Vivre sur place
Vous l’avez compris plus haut, la chambre d’hôtes est aménagée chez l’habitant, dans sa résidence principale. Même si de nos jours, nombreux sont les nouveaux exploitants qui aménagent la maison de façon à avoir une partie privative bien définie, ils se doivent de vivre sur place. Parfois, il s’agit d’une annexe ou d’une dépendance, mais tant que l’adresse postale est la même, on considère que l’habitant accueille bien chez lui.
Au contraire, le propriétaire de gîte (meublé de tourisme) n’a pas pour obligation de vivre sur place ni de déclarer la maison comme résidence principale. Si c’est le cas, il sera alors limité à 120 jours de location par an. Il sera d’ailleurs important au moment de la déclaration d’activité et du choix du statut juridique de préciser s’il s’agit plutôt d’une résidence secondaire.
Être présent pour ses locataires
La présence sur place représente une des grandes différences entre gîte et chambre d’hôtes. Le gérant de chambre d’hôtes vivant dans la maison et étant tenu de faire l’accueil des locataires et de leur servir le petit-déjeuner, sa présence est par conséquent quotidienne.
Tandis que l’exploitant de gîte qui offre des séjours en gestion libre (sans prestations de restauration), pourrait ne jamais rencontrer ses locataires. En effet, l’accueil par l’habitant ainsi que l’état des lieux ne sont pas obligatoires. Si le bail (contrat de location) prévoit un état des lieux d’entrée et de sortie, sa réalisation n’est pas encadrée par la loi. Ces documents permettent pourtant de déterminer la responsabilité des parties en cas de litige concernant l’état du logement loué et de ses équipements. Je vous recommande donc fortement, de toujours réaliser des états des lieux d’entrée et de sortie.
Il y a plusieurs années, les boites à clés ont fait leur apparition, pour permettre aux locataires la liberté d’une arrivée tardive sans contraindre le propriétaire du gîte. Même si cette solution représente l’avantage d’une meilleure flexibilité d’accueil, je pense que cela ne doit pas empêcher un état des lieux d’entrée ou du moins une rencontre dès le lendemain de l’arrivée des voyageurs. Encore une fois, les états des lieux sont les seuls documents grâce auxquels vous pourrez vous défendre en cas de litige.
Différence 3 : Les horaires de travail
Grâce aux précédents éléments, vous comprenez que l’amplitude de travail diffère entre gîte et chambre d’hôtes. Pour illustrer ce paragraphe, prenons pour exemple deux propriétaires différents :
– Murielle gère quatre chambres d’hôtes qui totalisent une capacité d’accueil de 10 personnes
– François gère un gîte d’une capacité de 8 personnes en gestion libre
Gérer son planning
Chaque matin (lorsque les chambres sont occupées), Murielle se lève à 7h00 pour mettre en place les petits-déjeuners de ses locataires. Le dressage des tables a été fait la veille au soir, mais il lui faut préparer la salade de fruits frais, les jus et cuire son pain. Les premiers clients descendent à partir de 8h et le service s’étend jusqu’à 10h. Murielle accueille chacun de ses clients et sert boissons chaudes et oeufs cuits minute.
À 11h les derniers clients quittent la maison et Murielle peut alors débarrasser et ranger sa salle de petit-déjeuner. Une fois tout en ordre, elle enchaîne avec le ménage des chambres qui seront relouées le soir-même. Aujourd’hui ce sont 3 de ses 4 chambres qui accueilleront de nouveaux voyageurs. Il faut alors refaire les chambre à blanc, notamment changer les draps.
Après avoir remis les chambres en état, Murielle enchaîne avec des lessives et le repassage. Il est bientôt 15h, elle passe au jardin pour nettoyer l’allée, cueillir quelques bouquets pour les chambres et arroser ses plantes.
Voilà que les premiers locataires arrivent et que pour les prochaines heures Murielle se rendra disponible pour accueillir tous ses nouveaux clients. Vers 19h, elle dresse les tables du petit-déjeuner et prépare une pâte à crêpes pour le lendemain.
Ce week-end, le gîte de François sera occupé par une famille à l’occasion d’un anniversaire. Toute la semaine il a remis en état la maison, fait les lits, préparé la piscine et le spa. Il a aussi fallu tondre et nettoyer la terrasse. Nous sommes vendredi matin et François récupère le Drive de ses locataires, prestation qu’il propose sans supplément. Une fois la cuisine rangée et les provisions mises au frigo, François vérifie une nouvelle fois que tout est en ordre. Il envoie un message aux locataires pour confirmer leur heure d’arrivée.
À 18h, une première voiture s’avance dans la cours. François a fait un dernier tour des lieux pour tout contrôler. Un panier de bienvenue est joliment disposé sur la table de la salle à manger, garni de produits locaux. Les lumières sont allumées dans chaque pièce pour faciliter la visite, un feu crépite dans la cheminée. François accueille les premiers couples et leur propose de faire la visite des lieux pour leur expliquer certains détails techniques.
Après la visite, ils se posent autour de la table pour signer l’état des lieux d’entrée et verser une caution à François. Il leur remet les clés, rappelle les règles de la maison et confirme l’heure pour l’état des lieux de sortie le dimanche. Il est temps pour François de souhaiter un excellent séjour à ses locataires et les laisser profiter de leur week-end.
Le lendemain matin avant 8h, François passera vérifier la piscine et le spa puis faire le nécessaire pour les garder propres. Même s’il n’est pas sur place, François reste disponible par téléphone pour répondre à la moindre question de ses locataires.
Le dimanche fin d’après-midi, il revient comme convenu pour faire l’état des lieux de sortie. Le gîte est en très bon état et surtout les clients ont adoré leur week-end. Après un tour complet des lieux, François ne constate aucun dégât et peut rendre la caution. Ils signent à nouveau l’état des lieux de sortie et paient la taxe de séjour.
Il est temps de quitter les lieux pour les voyageurs et de remercier François pour son accueil chaleureux. Quant à François, il aime commencer son ménage dès le dimanche avec un passage à la piscine et au spa. Dès le lendemain il passera sa journée à remettre tout en état et déposera le linge sale à la blanchisserie.
Le gîte doit être prêt dès mardi pour un séminaire de 2 jours, puis à nouveau préparé pour le week-end.
La vie de famille
Même si les deux scénarios décrits plus haut, ne reflètent pas exactement le quotidien de tous les gérants de gîte et chambre d’hôtes de France, ils vous permettent d’avoir une idée plus précise de leur journée type. Tout en comprenant les différences entre gîte et chambre d’hôtes ! Il est alors plus facile d’imaginer la charge de travail et le temps qu’il reste pour soi et sa famille. Je suis sincèrement désolée de vous l’annoncer mais si votre ambition avec un projet de gîte ou de chambre d’hôtes, est de disposer de plus de temps pour votre famille, ce n’est pas l’activité qu’il vous faut.
Effectivement, quel que soit le modèle d’hébergement choisi, l’activité est dense et la charge de travail très importante. Cela ne signifie pas qu’il est impossible de s’épanouir en ayant une activité de location, mais que votre quotidien en sera chamboulé. Il est plus compliqué de partir en vacances, quand celles-ci représentent les temps forts de l’activité. Déposer les enfants et les récupérer à l’école chaque jour, demandera probablement une certaine organisation car cela tombe justement à l’heure des petits-déjeuners et de l’arrivée des clients. Est-ce bien raisonnable de partir en week-end alors que le gîte est loué et qu’il faut plusieurs heures de route pour intervenir en cas de besoin ?
Encore une fois, tout est possible et chacun gère l’activité comme il le souhaite. Vous pouvez avoir une équipe sur place et des personnes de confiance pour vous remplacer, adapter les horaires selon vos contraintes familiales, déléguer certaines tâches pour vous libérer du temps. L’essentiel est juste de ne pas minimiser le temps et les responsabilités qu’impliquent l’accueil de locataires. Ma volonté la plus chère est que vous n’ayez jamais à regretter votre décision d’ouvrir un gîte ou une chambre d’hôtes.
Différence 4 : Le petit-déjeuner
Seul le propriétaire de chambre d’hôtes a pour obligation de servir le petit-déjeuner à ses hôtes. Cependant, il reste libre de décider des horaires de service, de la composition ou de la forme qu’il doit prendre. À ma connaissance, la loi n’impose aucune régle concernant cette prestation.
Aussi, vous pouvez établir librement les horaires de service (tout en restant cohérent avec votre cible clientèle), choisir de dresser un buffet ou de proposer un service à l’assiette. Certains préfèrent dresser plusieurs tables tandis que d’autres invitent leurs voyageurs à partager une même et grande table. Vous pouvez aussi bien proposer du froid et du chaud, du salé et sucré. Enfin, de rares propriétaires proposent un panier servi en chambre ou dans un café voisin.
Pour tout savoir, sur le petit-déjeuner en chambre d’hôtes, j’ai rédigé un GUIDE très complet reprenant à la fois les investissements indispensables, les règles d’hygiène, ainsi qu’un calculateur du coût de revient.
Bien que cela ne fasse pas partie de vos obligations en ayant un gîte, vous pouvez tout à fait proposer le service de petit-déjeuner en prestation complémentaire.
Différence 5 : La table d’hôtes
Il existe de nombreuses différences entre gîte et chambre d’hôtes et la restauration en fait partie. Un exploitant de chambre d’hotes passionné de cuisine et soucieux de proposer une expérience la plus complète possible, peut décider d’offrir également une prestation de table d’hôtes.
Pour ne pas être soumise aux règles concernant l’ouverture d’un restaurant, la table d’hôtes doit :
– constituer un complément à l’activité d’hébergement,
– proposer un menu unique,
-comprendre un repas servi à la table familiale,
– être réservée aux seuls locataires de la maison d’hôtes (les personnes extérieures ne sont pas autorisées).
Grâce à votre adhésion à la plateforme, retrouvez en détail toutes vos obligations et règles d’hygiène pour ouvrir votre table d’hôtes.
Différence 6 : Le linge de maison
Il est rare que le sujet soit traité mais la gestion du linge fait partie des différences significatives entre gîte et chambre d’hôtes. La définition de la chambre d’hôtes précise bien que l’habitant est tenu de fournir le linge de maison (draps et serviettes). Ce qui n’est absolument pas exigé pour le propriétaire de gîte (meublé de tourisme). Pour autant, il est de plus en plus rare, que les draps ne soient pas fournis ou ne serait-ce qu’en supplément sur demande.
La charge de travail que requiert l’entretien du linge est considérable. S’offrent à vous plusieurs solutions de gestion de linge :
– location auprès d’une blanchisserie professionnelle
– achat de votre propre stock de linge et entretien confié en partie ou intégralement à une blanchisserie
– achat de votre propre stock et entretien sur place par vous-même.
Il s’agit d’un vaste sujet qui ne sera pas traité dans cet article dédié aux différences entre gîte et chambre d’hôtes. Je dirai seulement qu’il est important d’anticiper l’investissement aussi bien financier qu’en temps que demande la gestion du linge, s’il est fourni aux locataires. C’est pourquoi, retrouvez des avantages exclusifs auprès des partenaires de la plateforme comme Bonsoirs, Most, Kipli ou Le Comptoir de l’Hôtellerie.
En tant que gérant d’une chambre et d’une table d’hôtes, imaginez la quantité de linge qu’il vous faudra stocker :
– min. 3 jeux de draps par couchage
– min. 1 drap de bain par couchage
– 1 essuie dans chaque salle de bain & wc
– nappe, sets de tables, serviettes de table
Un propriétaire de gîte qui décide de ne pas fournir le linge de maison, réduit fortement ses charges mais prend aussi le risque de déplaire à certains clients qui préfèrent voyager léger.
Conclusion
Avant de changer de vie il est important de comprendre quelles sont les différences entre gîte et chambre d’hôtes. À la lecture de cet article, vous avez je l’espère une vision plus précise de ces deux modèles d’hébergement. Peut-être est-ce encore complexe pour vous de savoir si l’un est fait pour vous plutôt qu’un autre. Encore une fois, j’aimerais vous aider à vous lancer dans les meilleures conditions. Pour cela, la première chose à faire est de se poser les bonnes questions ! Maintenant, vous avez toutes les clés en main pour vous lancer !
