Financer un projet de gîte ou de chambre d’hôtes

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Vous êtes à la recherche d’un financement pour votre projet mais craignez des refus de la banque ? Porteurs de projet, vous êtes au bon endroit ! Notre interview d’expert devrait grandement vous aider. Gautier est chargé de clientèle professionnelle et répond à toutes vos questions sur les processus de traitement des dossiers et vous éclaire pour savoir comment mettre toutes les chances de votre côté afin de financer un projet de gîte ou de chambre d’hôtes.

Je vous souhaite une belle écoute / lecture !

Rencontre avec Gautier Cresset, chargé d’affaires au Crédit Mutuel

Cela fait un bon moment que je souhaite interviewer un banquier sur le podcast car vous jouez un rôle primordial dans les projets de chambres d’hôtes et de gîtes…

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Gautier. Je suis chargé d’affaires au Crédit Mutuel Océan depuis peu de temps car on vient de changer de région. J’ai démarré mon parcours dans la banque il y a maintenant 14 ans, j’ai fait une licence professionnelle Banques après un DUT Techniques de Commercialisation. J’ai pu faire une année en alternance et découvrir la banque. J’ai évolué sur différents postes, j’ai travaillé avec les particuliers puis je suis passé aux professionnels depuis 4 ans. J’ai démarré à Annecy en tant que chargé d’affaires pro et depuis tout récemment en Vendée.

Mon rôle est d’accompagner les professionnels dans leur activité, mais aussi dans des aspects personnels afin d’avoir une vue d’ensemble du patrimoine. Les décisions prises à titre personnel ont des impacts sur le plan professionnel et vice-versa.

Bienvenue à toi dans cette nouvelle région… 🙂

Pour t’en dire plus, on est arrivés en Vendée car on a un projet avec ma compagne Véronique de reprise de gîte et chambres d’hôtes. C’est un gros changement de vie car elle avait un poste à responsabilités en Suisse. Covid aidant et un projet qu’on mûrit depuis 2-3 ans, on se lance dans l’aventure des gîtes et chambres d’hôtes le 20 avril.

Elle s’appelle La Maison d’Olivier et on a vraiment hâte ! Pour le coup j’ai vraiment eu la double casquette, car c’est moi qui ai préparé les entretiens. On a eu le financement via le Crédit Mutuel Océan (ça aide 😀 !). Le dossier a été vu comme un client lambda puisqu’à l’époque je n’étais pas encore salarié cet établissement.

Financer son projet de gîte ou de chambre d’hôtes : les questions à se poser en amont

Je trouve cela super que tu puisses intervenir sur podcast avec le côté banque et porteur de projet, bientôt hôte en activité…

Ma première question est la suivante : à quel moment doit-on contacter sa banque ?

L’idée est de définir bien en amont ce qu’on souhaite faire comme projet parce que c’est vraiment le bien qui fait toute la structure de la future activité. Quand on fait un prêt, l’objectif premier c’est de pouvoir le rembourser.

On peut faire un calcul d’enveloppe, mais il va être assez succinct. On peut le faire sur du particulier car on sait qu’on a des revenus fixes et que ça ne va pas trop évoluer. Le bien va aider à favoriser la rentabilité, et c’est celle-ci qui va permettre de payer le prêt.

Il faudrait avoir une idée du bien pour pouvoir avoir déjà un prix d’achat et savoir si c’est une création ou une reprise (dans ce cas avoir des bilans sur lesquels se reposer).

Si c’est un emprunt qu’on fait à titre particulier, conseillerais-tu de venir avant de faire des recherches de bien et ainsi éviter de faire des visites hors budget ?

Ah oui complètement ! Si on est sur une petite activité de chambre d’hôtes et qu’on souhaite la coupler à l’achat du bien particulier, on se retrouve dans la situation où on connaît déjà nos revenus. Dans ce cas on peut faire un calcul d’enveloppe, car il ne va pas y avoir un grand changement au niveau des revenus, si ce n’est qu’on va avoir des revenus supplémentaires locatifs qu’on pourra mettre en avant dans la demande de financement.

En fonction de l’apport des porteurs de projet et du montant à financer on saura rapidement si on a un budget cohérent ou pas dans les recherches.

Faut-il démarcher plusieurs organismes bancaires quand on recherche à financer son projet de gîte ou de chambres d’hôtes?

Moi je conseillerais d’en faire plusieurs. L’idée c’est de ne pas faire toutes les banques car c’est une perte de temps et d’énergie. Il faut au minimum aller voir sa banque, faire le calcul d’enveloppes avec sa banque et après consulter 2 ou 3 autres banques. Tout dépend du feeling qu’on aura pu avoir avec les banques concurrentes. Mais l’idée est de se forger un avis en voyant plusieurs interlocuteurs.

Dans ce genre de projet, c’est super important de se sentir suivi soit par sa banque soit par un nouveau partenaire bancaire. Donc il faut en faire plusieurs…

Tu accordes une importance au feeling, aux échanges et à la confiance auprès de la personne avec qui on s’apprête à travailler…

Complètement, car c’est une collaboration : on a besoin du banquier et le banquier a besoin de nous. Ça va être une relation de partenariat. Si on tombe sur quelqu’un qui n’est pas sensible au monde des gîtes et chambres d’hôtes, il ne va pas avoir la même considération sur le dossier. On reste des humains encore heureux ! Pour le coup, c’est important qu’il y ait ce feeling en rendez-vous. S’il est là, c’est que la personne va bien défendre votre projet.

Les documents indispensables pour monter un dossier de financement de gîte ou chambres d’hôtes

Que faut-il préparer pour le montage financier ? Sur combien d’années construire son prévisionnel ? Et qu’en est-il de la rentabilité ? On décrypte toutes ces questions avec notre expert.

De quoi allez-vous avoir besoin pour ce premier entretien ?

Je conseille dès le départ de faire un dossier banque. Il va être le même un peu partout. Il contient : les 3 derniers extraits de compte, 3 dernières fiches de paie, le dernier bulletin de décembre (car il reprend le net imposable qui sera déclaré sur la prochaine déclaration d’impôts), les deux derniers avis d’imposition (pour voir l’évolution des revenus), les déclarations 2044 (s’il y a déjà du locatif) des revenus fonciers pour établir le patrimoine, la taxe d’habitation, la dernière taxe foncière…

C’est tout ce genre de documents que le banquier va pouvoir demander quand on cherche à financer son projet de gîte ou de chambre d’hôtes. Même si pour le premier RDV il n’en a pas besoin, il faut au moins justifier des revenus et des charges (prêt immobilier, prêt à la consommation sans fournir tout de suite les contrats de prêt…).

Une fois qu’on a trouvé une banque avec qui travailler, est-il indispensable de présenter un business plan ?

Tout dépend de l’activité qu’on veut lancer. Si on est sur une chambre d’hôtes dans son habitation, très clairement non car il n’y aura pas beaucoup de revenus dégagés. Par contre, si on veut en faire son activité principale, il va falloir prouver qu’on peut en vivre avec un prévisionnel de remplissage.

Il faudra partir sur des chiffres cohérents et vérifiables (pour ça on peut se renseigner auprès de l’office de Tourisme qui ont des chiffres bien précis des taux de remplissage dans la maison). Il faudra bâtir avec un comptable un prévisionnel financier pour avoir un support à présenter à la banque.

Sur combien d’années faut-il construire ce prévisionnel ?

Le minimum c’est sur 3 ans. Ce qui va être important pour nous et qui nous sert de base, c’est d’avoir un prévisionnel avec un tableau de trésorerie. Il va reprendre les chiffres sur 3 ans et va permettre de voir en fonction de la saisonnalité là où le compte pourrait passer en négatif (en hiver par exemple).

L’idée est qu’on sache à l’avance où vont être les besoins et qu’on puisse agir en conséquence. Si on se rend compte de ça au moment du montage du prévisionnel, il va falloir prévoir une somme d’argent supplémentaire sur son compte (un fonds de roulement) qui va permettre concrètement de passer l’hiver.

3 ans c’est le minimum, 5 ans c’est mieux. Nous par exemple, on a fait le choix de faire un achat en SCI et une exploitation en entreprise individuelle. Dans la SCI, on a fait un prévisionnel sur 20 ans pour montrer le différentiel comptable, car les amortissements de la bâtisse entraient en ligne de compte.

Est-ce qu’on peut faire un prévisionnel sur 3 ans, avec 3 hypothèses ?

Oui et non… L’idée c’est d’avoir une réflexion en amont. Après, ça on peut le dire à l’oral. L’idée du prévisionnel c’est d’expliquer ses chiffres, même si c’est du théorique et que ce n’est pas forcément ce qu’on fera.

J’aurai tendance à dire que l’hypothèse basse a son importance car elle permet de montrer qu’on est capables de payer toutes nos charges fixes. Du coup on va apprécier, car on sait que même sur un scénario pessimiste, ça passe !

Il ne faut pas forcément être trop optimiste avec des objectifs trop ambitieux, mais être le plus objectif dans sa situation et ne pas s’emballer de vouloir faire trop de chiffres ou trop de différence (si c’est une reprise). Le prévisionnel doit partir de l’existant et dans ce cas on reprend les chiffres actuels.

J’ai entendu que c’était correct si une entreprise pouvait être rentable au bout de la 3e année. Est-ce que c’est vrai ? Faut-il plutôt être rentable dès la première année ?

Ça dépend de ce qu’on entend par rentabilité. Il faut distinguer le résultat comptable et le résultat de la trésorerie. En fonction des investissements faits, il se peut que le résultat comptable soit négatif sur les 2 voire 3 exercices comptables.

Ce qui est important c’est la notion de trésorerie. C’est le temps du lancement en fonction des investissements et des amortissements comptables qui va faire que le résultat sera positif ou négatif. Le résultat comptable sert pour le calcul de l’impôt sur les sociétés. Le résultat de trésorerie permet de payer les charges associées à sa structure.

Au moment où on te présente un business plan, doit-on faire le choix du statut juridique ?

Ça peut ne pas être définitif. Pour le confort de chacun et pour ne pas perdre trop de temps, l’idée c’est de lancer la demande de financement quand on s’est décidé sur le statut. C’est hyper compliqué de se décider sur le choix du montage, on ne va pas se mentir ! On est passé par là on s’est arraché les cheveux (on se les arrache toujours ! ).

On ne sait toujours pas si on a fait le bon choix. Pour rassurer tout le monde : il n’y a pas de bon choix ! Il n’y a qu’un choix qui se justifie par rapport à notre situation. Chaque cas est différent. Ce qui est évident c’est que ces choix qu’on va faire, il faut être sûr de pouvoir les assumer ! Car ils auront des impacts fiscaux, à la revente …

Il faut essayer d’être le plus prévoyant possible mais on l’est jamais assez et ça aura forcément des impacts !

Au coeur d’un entretien avec son banquier

Façon entretien d’embauche, c’est le genre de rendez-vous qui peut nous faire stresser… Mais, pas de panique avec de la préparation, tout va bien se passer !

Une fois qu’on a fixé ce rdv avec le banquier, comment ça se passe concrètement ? Y’a-t-il des règles ? Qui peut se joindre au rendez-vous ?

À partir du moment où tout le monde est d’accord pour participer au RDV il n’y a aucune règle. Le but est que vous soyez le plus à l’aise possible pour présenter votre dossier. Si vous vous sentez faible par rapport aux chiffres et que vous avez de bonnes relations avec votre comptable, dans ce cas il peut venir en RDV.

Il n’y a aucun inconvénient, bien au contraire ! On pourra parler technique avec lui. Cela permet en plus d’éviter les aller-retours et perte de temps puisque tous les protagonistes sont présents pour avancer efficacement.

On peut venir en couple mais si possible éviter de venir avec les enfants. En fonction de la durée du RDV, leur présence peut parfois parasiter le RDV…

Est-ce qu’on doit soigner sa présentation ?

La première chose c’est qu’on ne mord pas. Venir apprêté ? Pas forcément ! Il faut être soi ! Vraiment, il ne faut pas avoir d’appréhensions pour ça. Il n’y a pas de tenue correcte exigée. L’important c’est vous et votre projet.

Combien d’exemplaires prévoit-on de son business plan ?

Aujourd’hui, le papier c’est quasiment fini. L’idée est d’avoir un support papier pour le RDV mais pour la suite, les porteurs de projet m’envoient leur support par email et on suit ça sur l’écran directement.

Il faut dimensionner la préparation de l’entretien au projet. Plus on demande de l’argent avec un prêt important, plus il faut préparer. Dans l’idéal sur des gros projets, venir avec une présentation Powerpoint qui va permettre de synthétiser la demande et pouvoir se raccrocher à un fil conducteur.

On peut le découper ainsi : d’abord la présentation de soi, en second la présentation du projet, en troisième le montage financier avec le prévisionnel et en partie 4 la matrice SWOT. Cela permet de montrer qu’on a une vision globale du projet et qu’on a travaillé !

Le but est de montrer qu’on a anticipé les obstacles qu’on pourrait avoir, les difficultés qu’on allait sûrement rencontrer et d’être transparent sur toute la réflexion. C’est important d’avoir le cheminement. Vous connaissez votre projet car c’est celui que vous avez monté, mais nous en face on découvre tout lors du rendez-vous sauf si on a eu des documents avant..

Donc c’est important de s’entraîner à la maison pour pitcher son projet et aller à l’essentiel ?

Si on n’est pas à l’aise à l’oral c’est important de savoir quelles informations transmettre et essayer de synthétiser pour être le plus clair possible. Garder aussi en tête ses objectifs et un fil conducteur. Ce sera toujours forcément mieux pour être plus à l’aise et éviter de se retrouver dans une situation d’urgence où on n’a rien préparé.

Est-ce que c’est important d’avoir un parcours cohérent avec le projet pour obtenir un accord favorable pour financer son projet de gîte ou de chambre d’hôtes?

En règle générale, il faut qu’il y ait une cohérence entre le CV et le projet de la personne. Ce qui est important pour nous dans le dossier c’est un ensemble de plus et un ensemble de moins.

Les moins peuvent être liés à un changement de vie (exemple passer de comptable à gérant de chambres d’hôtes et de gîtes). Il faut pouvoir le compenser avec un autre plus (exemple: un apport supplémentaire, une garantie…). C’est pas forcément moins bien mais ça peut être un handicap si tout le reste du projet ne peut pas être mis en valeur.

Accord ou refus de la banque pour financer son projet de gîte ou de chambres d’hôtes

Voyons dans cette partie qui sont les décideurs et pourquoi il est essentiel de convaincre le premier protagoniste : votre conseiller.

Une fois ce rendez-vous passé, qu’est-ce qui se passe après de ton côté au niveau de la décision ?

Tout va dépendre de l’établissement bancaire. Je vais parler de ce que je connais donc le Crédit mutuel. L’avantage avec notre banque c’est que 98 % des décisions sont prises en agence. C’est vraiment important car on a une connaissance accrue du terrain. En fonction des montants ça peut être des décisions prises ailleurs, en l’occurrence le siège. Du coup, on a des collègues qui étudient en même temps le dossier.

Nous on le monte on le présente, c’est nous qui faisons le relai des informations entre le client et nos collègues. La décision dans ce cas leur appartient. L’avantage c’est que comme on connaît ces collègues on peut discuter avec eux de leur analyse.

Leur décision se base sur quoi ?

Si on parle de mes collègues et de leur engagement, leur critère c’est l’objectivité. Donc clairement pour eux c’est les chiffres ! C’est nous les conseillers qui allons faire le relai de tous les à-côtés et saisir toute la quintessence du projet. Nous allons chercher l’objectif du projet pour amener ce côté subjectif à notre collègue.

C’est pour ça que je disais avant qu’il est important que le conseiller croit en votre projet, car c’est à ce moment-là qu’il va devoir vous défendre pour réussir à obtenir l’accord pour financer le projet de gîte ou de chambre d’hôtes.

Si on a une réponse négative, ça veut dire que tout est perdu ou il y a encore de l’espoir ?

Le NON n’est pas forcément définitif. La banque n’est pas tenue de donner les motifs du refus. Si on a un bon feeling avec son banquier, on peut en demander les raisons. En fonction de celles-ci, demander si on a possibilité d’améliorer le dossier (exemple un apport personnel plus important, une garantie supplémentaire pour le montage…).

Il se peut que le NON soit ferme et définitif car gros point de blocage sur tel ou tel aspect du projet. Par exemple, j’ai eu une demande d’une cliente qui voulait acheter sur Annecy une bâtisse qu’elle voulait refaire en chambre d’hôtes parce qu’elle voulait faire un espace bien-être. Je suis allé voir sur Google. On était au bord d’une rivière et plus précisément on était en virage sur une épingle. C’est une route qui est hyper fréquentée donc dans ce cas, il n’y avait pas moyen d’améliorer le dossier puisqu’on ne peut pas faire du bien-être au bord d’une route. À moins d’auto-financer son projet de gîte ou de chambres d’hôtes, une banque ne pourra pas croire en un tel projet…

À ce moment-là, c’est toi qui expliques que le projet manque de pertinence ou tu soumets le dossier à tes collègues ?

En règle générale, on est le premier filtre. On a notre “réputation” en jeu. Si on envoie n’importe quel dossier de financement à l’analyse, on perd en crédibilité.

Les points techniques du dossier de financement

Apport financier, assurances, garanties… on vous éclaire sur tous ces sujets techniques avec Gautier.

Est-ce qu’il existe un système de barème par rapport à l’apport personnel ?

Ça dépend, on n’a pas de réponse toute faite. La règle c’est effectivement entre 20 et 30%. En-dessous, ça va être très compliqué de faire passer le dossier. Si le dossier peut paraître faible sur certains points, la clé d’activation peut être de mettre plus d’apport pour prendre moins de risques.

Donc effectivement, l’apport est souvent la variable d’ajustement sur un dossier, parce qu’on croit moyennement à un dossier à la différence des porteurs qui y croient plus que nous (et qui s’impliquent plus).

L’apport peut-il être une campagne de financement participatif ?

La campagne participative est prise en compte. C’est un vrai plus ! Si la campagne de crowdfunding a bien marché et qu’on est allé au-delà des objectifs, ça veut dire qu’il y a une attente. À partir de ce moment-là ça va nous intéresser !

Il ne faut pas avoir peur de solliciter la participation de vos futurs clients, d’amis, de la famille pour vous aider à construire un projet.

L’âge est-il un critère décisif ? Plus on est vieux moins on a le droit d’emprunter c’est ça ?

Je ne voudrais pas être discriminant par rapport à l’âge 🙂 Il y a une notion de coût d’assurances, car plus on vieillit, plus on a de chance d’être malade ou de connaître un décès… Et plus l’assurance est chère !

Anecdote morbide : le calcul de cotisation d’assurances se base sur votre année de naissance (avec une table de natalité et de mortalité).

Vous faites plusieurs tests de ce que j’ai vu/connu/entendu… Est-ce que c’est proportionnel au montant que l’on souhaite emprunter ?

Complètement. Si vous êtes fumeur est une des premières questions que l’on pose. On demande si vous fumez quotidiennement dans les 24 derniers mois. Attention aux fausses déclarations, car malheureusement si vous déclenchez un problème aux poumons et que vous demandez à être indemnisé par l’assurance, il peut y avoir des problèmes de prise en charge…

Il faut rester honnête sur la déclaration de santé, pour éviter ces potentiels problèmes. Jusqu’à 350 000 euros aux assurances du Crédit Mutuel, c’est proportionnel. Au-delà de 350 000 euros, on peut demander des examens complémentaires. Souvent il y a un questionnaire médical qui ressort pour connaître les antécédents…

A l’issue de ce questionnaire, un rapport confidentiel va être rendu par le médecin conseil qui peut acter différentes décisions :

  • accepté aux conditions normales
  • accepté avec exclusion
  • exclusion et/ou surprime de la cotisation d’assurance

Si une maladie se déclare quelques temps plus tard, doit-on en informer son banquier ?

La décision est prise à la mise en place du dossier donc ça ne change pas la donne. Mis à part si vous avez besoin d’une prise en charge liée à cette maladie qui se déclare, il faut en informer l’assureur (pour récupérer les indemnités auxquelles on a droit et qu’on paye depuis plusieurs années).

Il ne faut pas avoir peur de déclarer la maladie. Pour la résidence principale, il n’y a plus de questionnaire médical. L’idée c’est de ne pas poser la question, afin que vous puissiez emprunter sans que l’on soit au courant de votre état de santé. Ça a été mis en place récemment !

Peux-tu nous expliquer plus en détails les assurances ainsi que leurs garanties ?

Il faut distinguer les garanties qui vont être comprises dans l’assurance emprunteur et les garanties de la banque.

La première permet de vous couvrir sur le prêt, afin que vous soyez toujours en capacité de rembourser la banque. Cela permet d’effacer la dette à vos ayants-droit, en fonction de la quotité que vous avez choisie.

Si on emprunte seul, il n’y a pas de choix c’est 100% du prêt. En revanche à plusieurs, ça peut être différentes quotités. Dans l’exemple d’un couple, s’il arrive quelque chose à l’un ou à l’autre, quoi qu’il arrive le prêt sera complètement remboursé.

Le minimum demandé par la loi c’est 100% sur l’assurance décès. Au minimum on sera à 50%-50%. Selon les revenus de chacun, on peut moduler à 75% et 25%. Cette notion d’assurance est très importante, car très souvent on pense que c’est gravé dans le marbre.

Forcément en 20 ans de prêt, il y a 20 ans de vie… Si on veut par exemple élever ses enfants avec une activité professionnelle à la mise en place du prêt, et qu’on veut s’arrêter de travailler, on peut enlever cette garantie interruption temporaire de travail pendant la durée de son arrêt d’activité.

L’idée est d’adapter ses garanties d’assurance à sa situation personnelle à chaque fois. Il y a un délai de 12 mois (on peut changer tous les ans à l’échéance de l’assurance) pour changer de garantie en accord avec la banque.

Au niveau des garanties, il faut bien redescendre avec son banquier les conditions générales de l’assurance parce qu’il se peut qu’il y ait des exclusions.

Ce n’est pas forcément le cas pour toutes les assurances. Souvent on nous demande si vous pouvez faire appel à une délégation d’assurance. Oui, vous avez tout à fait le droit. mais c’est important de savoir pourquoi on en prend une et s’assurer aussi que le contrat de la délégation est meilleur que celui de la banque.

Autre précision sur les garanties qu’on peut apporter au dossier, ce sont celles de la banque. Ce sont celles qu’elle souhaite prendre pour couvrir le prêt, si jamais on est défaillants (dans le cas d’un défaut de gestion par exemple). On va avoir différentes garanties :

  • des garanties des organismes de cautionnement (ça peut être le crédit logement qui se porte caution pour vous en fonction de votre dossier par exemple)
  • la garantie réelle : l’hypothèque (c’est une garantie prise chez le notaire au moment de la signature)
  • la garantie BPI (Banque Publique d’Investissements) sur du prêt de matériels, en fonction de l’activité professionnelle
  • la caution personnelle (elle vous sera normalement très souvent demandée) ; la banque la prend en ultime recours. On l’active très rarement, il faut vraiment qu’on soit très fâchés ou qu’il y ait de la mauvaise foi du côté du porteur de projet. Si on montre qu’on est de bonne composition et qu’on fait tout pour rembourser la dette, en règle générale on n’active pas cette caution personnelle.

Ça rejoint ce que tu disais sur le fait qu’on faisait un vrai partenariat avec son banquier

Complètement ! Il faut être dans l’anticipation pour pouvoir trouver des solutions ensemble. Attention parfois des clients viennent nous voir pour demander des solutions. Mais on ne les a pas toutes… Il faut aussi que ça vienne du porteur de projet avec son prévisionnel comptable et montrer la preuve que ça va fonctionner.

Et après

Quelles sont les étapes qui suivent l’accord de financement d’un projet de gîte ou de chambre d’hôtes ?

Une fois qu’on a l’accord, combien de temps faut-il attendre pour avoir les sous sur son compte en banque ?

Ça peut aller très vite. Tout dépend du processus de l’établissement bancaire. Chez nous, pour un achat en SCI par exemple, on est sur des prêts professionnels, donc il n’y a pas de délai supplémentaire de réflexion. À partir du moment où le contrat de prêt est signé, vous pouvez signer chez le notaire.

C’est le processus de réflexion qui peut prendre du temps, car entre le moment où vous avez eu RDV à la banque et le moment où le banquier revient vers vous, c’est là qu’il faut demander les délais qui peuvent être plus ou moins longs. Cela dépend aussi des périodes d’affluence (en mai, en été ou en décembre par exemple).

J’imagine qu’on ne coupe pas les ponts avec son banquier une fois qu’on a l’accord… On construit la relation sur la durée…

Ce qui va être intéressant une fois qu’on a l’accord ou que le dossier est un peu faible, c’est de pouvoir construire une relation. Nous on a tout un panel de produits à proposer et l’idée c’est de cibler les besoins de chaque client (pro ou particulier). Je dis souvent que je suis généraliste de tout, spécialiste de rien.

Mon métier c’est de conseiller tel ou tel produit par rapport au cas de chacun, en fonction de sa situation personnelle et professionnelle. C’est au client qu’appartient la décision de souscrire ou pas… On n’a pas de rémunération supplémentaire par rapport à ça.

Si la banque vous accorde un financement pour votre projet de gîte ou de chambre d’hôtes, l’idée est de prendre les produits ou services dans la banque qui vous a suivie. Une fois qu’on a donné notre accord et que vous ne voulez plus rien faire avec nous, on sera forcément déçus… Le but est de construire une relation et travailler main dans la main !

Mais si vous avez dans votre entourage des professionnels que vous connaissez, on n’est pas fermés… L’idée est de distiller différents produits ou services pour que tout le monde soit satisfait.

Une fois l’activité lancée, de quoi informe-t-on le banquier ?

Le banquier c’est comme le curé. Le but n’est pas que l’on soit au courant de tout ! On est tenu au secret professionnel. On n’est pas là pour juger mais pour conseiller. Et pour cela on a besoin de toutes les informations. C’est pour ça que c’est important d’être transparent avec son banquier, pour qu’on puisse faire une autorisation de découvert sur 2-3 mois par exemple. En tout cas, on appréciera toujours avoir l’information avant, plutôt que d’être devant le fait accompli.

La première année d’emprunt étant la plus difficile, peut-on faire une franchise (commencer les remboursements une fois la première année d’activité passée) ?

Complètement ! Ça revient à ce qu’on se disait sur le tableau de trésorerie. Si on voit que sur la première année on a un décalage, on va pouvoir actionner 2 leviers :

  • mettre en place un fonds de roulement plus important à la création
  • faire une demande spécifique (un découvert autorisé ou emprunter sur 15-20 ans et à l’intérieur bénéficier d’un décalage sur 3, 6 ou 12 mois)

Est-ce que tu aurais des conseils à partager auprès des personnes qui cherchent à financer leur projet de gîte ou de chambre d’hôtes ou des personnes qui sont en première année d’activité ?

  • Mûrir la préparation du projet pour arriver devant le banquier avec quelque chose de clair, car on a qu’une fois une chance de faire une bonne impression !
  • La transparence avec son banquier, ne pas avoir de défiance vis-à-vis de lui. Il vaut mieux tout se dire “comme dans un couple”
  • Oser : qui ne tente rien n’a rien, le seul risque c’est qu’on vous dise oui

Pour conclure

Gautier, nous arrivons à la fin de cet échange fort agréable…

Quelles sont tes vacances idéales ?

Des fois c’est bien de les faire sans les enfants (j’espère ne pas en choquer !) pour se retrouver tous les deux. Ma compagne est plus mer et moi montagne…

À quels détails es-tu attentif lorsque tu séjournes à l’extérieur ?

La propreté des lieux et les services qui vont pouvoir être proposés (jacuzzi, sauna, hammam par exemple).

Dans quel établissement souhaiterais-tu séjourner le temps d’un week-end en amoureux ?

Les Bulles de Sologne

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