Je vous embarque avec un nouvel invité au micro du podcast Les clés du gîte : Nicolas, propriétaire d’une maison d’hôtes sur la Côte d’Opale – Moulin Moulin. Il vient nous raconter comment avec Jérémy, ils décident à la suite des différents confinements, de changer de vie. À travers ce projet, ils découvrent toutes les tâches à accomplir quand on devient propriétaires de chambres d’hôtes. Et ils ne s’arrêtent pas là.
Passionnés et avec l’envie profonde d’entreprendre, ils ajoutent également des gîtes à leur projet. Soucieux de créer des sources de revenu complémentaire, ils mettent aussi à la disposition des clients une micro-boutique composée de produits locaux.
Une belle aventure que je vous laisse découvrir !
Je vous souhaite une bonne écoute/lecture !
Présentation de Nicolas, propriétaire avec Jérémy de Moulin Moulin, une maison d’hôtes sur la Côte d’Opale
Nicolas est designer de formation et architecte d’intérieur. En couple avec Jérémy, ils se lancent ensemble dans le projet d’ouvrir des chambres d’hôtes pour redonner du sens à leur quotidien. Après des années de vie citadine en plein centre-ville de Lille, ils quittent la ville pour ouvrir une maison d’hôtes sur la Côte d’Opale.
Est-ce que tu peux nous décrire l’endroit où tu te trouves actuellement ? Et ce qui t’entoure ?
Je suis dans la salle à manger de notre maison d’hôtes qui est située sur la Côte d’Opale qui s’appelle Moulin Moulin. Historiquement, on fabriquait de la farine dans ce moulin. Il y a des traces historiques qui remontent assez loin, il y a plusieurs siècles de l’existence d’un moulin dans le village. Le bâtiment que l’on occupe n’est, par contre, pas si ancien.
Néanmoins, avant nous, il y avait une famille qui était là depuis 5 générations et qui produisait de la farine ici. Il y a toujours une roue, même si ce n’est pas la roue d’origine… Elle montre l’emplacement de l’ancien moulin. Nous avons choisi ce nom comme une ritournelle. Dans l’idée de la roue du moulin qui tourne de façon continue. C’est aussi plus largement, une invitation à revenir chez nous !
Comment cette histoire avec ce moulin démarre-t-elle pour Jérémy et toi ?
À l’origine, nous sommes, Jérémy et moi, citadins tous les deux. Nous vivions dans le centre-ville de Lille. Un élément nous a fait beaucoup réfléchir : l’arrivée du Covid et des confinements. Nous nous sommes rendu compte lors des confinements que nous ne trouvions plus de sens au fait d’être enfermé dans un petit appartement en plein centre-ville. À cela s’ajoute un autre élément : une déception professionnelle pour ma part.
Une fois le confinement terminé, je soumets l’idée à Jérémy de changer de vie. Je suis moteur dans cette histoire parce que je n’étais pas particulièrement épanouie dans mon domaine professionnel, contrairement à Jérémy. On se lance alors dans la quête d’un bien. À force de recherches sur le web, mes pages internet se remplissent de bannières publicitaires dans le domaine immobilier. Et dans le lot, je tombe sur des photos d’une maison qui me fait de l’œil…
Le bien est situé sur la Côte d’Opale. Cette zone géographique nous plaît bien pour des raisons pratiques surtout. Après la visite, nous sommes séduits, mais par principe, nous continuons à visiter d’autres maisons.
Ouvrir une maison d’hôtes sur la Côte d’Opale déjà en activité : la mise en place du projet
Vous faites le choix de reprendre un lieu déjà en activité. Comment avez-vous fait votre choix en faveur de cette maison au moment de vos différentes visites ? Et quels sont les éléments qui vous aident dans cette réflexion ? Cette partie du projet est particulièrement intéressante pour comprendre comment choisir son bien lorsque l’on a un projet d’ouvrir une maison d’hôtes.
Quelle est l’histoire de cette maison ? Est-elle en vente depuis longtemps ? Avait-elle été abandonnée ?
Non elle n’était pas abandonnée. Pour remonter dans son histoire, elle était occupée par une famille qui y vivait depuis cinq générations. Celle-ci y produisait de la farine et la production s’est arrêtée dans les années 70. Ensemble, ils ont continué à y vivre jusque dans les années 90. Mais la maison exigeait trop d’entretien. Elle a alors été mise en vente et achetée par un couple qui a décidé de mettre en place des chambres d’hôtes. Ils sont restés dans la maison pendant 25 ans environ. Ils étaient fatigués par l’activité au moment de la mise en vente et ils souhaitaient pouvoir se mettre à la retraite.
Ils vivaient à ce moment-là ailleurs donc la maison au moment de la vente n’était pas très occupée. Il était temps qu’elle trouve de nouveaux propriétaires pour ne pas trop s’abîmer. Ils n’ont pas mis beaucoup de temps à la vendre. C’est une histoire de quelques mois !
Ça faisait partie de vos choix de trouver un bien déjà en activité ou c’est un hasard ?
C’est un hasard !
Nous avions vu d’autres biens qui n’étaient pas du tout organisés en gîte ou en maison d’hôtes. Par contre, ça a fait pencher la balance en faveur du moulin. Déjà c’était rassurant pour nous de savoir que l’activité fonctionnait plutôt bien. Et ça nous a aussi aidés du côté du financement. Il y avait aussi déjà une configuration qui ne demandait pas des travaux trop importants.
D’accord, c’était plus une mise à votre goût ?
Exactement. On a fait de gros travaux, mais du côté de la disposition et de l’organisation des pièces, c’était plus simple. Et puis le moulin était déjà connu comme hébergement touristique dans la région. .
Ça fonctionnait bien pour eux l’activité de maison d’hôtes ?
Oui, je pense que ça fonctionnait très bien. Ça fonctionnait bien avec une maison d’hôtes des années 90 !
As-tu bénéficié des bilans comptables et autres documents pour monter ton dossier de financement ?
Alors, ils étaient inexistants… C’était fait de manière un peu artisanale, disons ! Et surtout, les anciens propriétaires vendaient la maison et non pas leur activité. Pour eux, c’était la vente d’une résidence principale.
L’aviez-vous imaginé comme ça lors de votre projet : pouvoir vivre de cette activité ?
Non, c’est plutôt cette propriété présentée de cette façon qui a mené vers ce projet où l’on s’est dit qu’on allait pouvoir se mettre tous les deux dessus. Avec ce projet, nous voulions revenir à un rythme plus doux (même si avec l’activité de chambre d’hôtes, il n’y a pas de rythme slow ! ).
Est-ce que tous les deux vous aviez de l’expérience dans l’hospitalité ? Aviez-vous des compétences qu’il était possible d’utiliser pour la chambre d’hôtes ou rien à voir ?
Absolument pas ! Nous avons des métiers complémentaires, mais très différents. De mon côté, je suis designer de formation et architecte d’intérieur. J’ai longtemps travaillé dans le Retail avec de fortes compétences dans le marketing. Tout ça m’aide aujourd’hui. Et Jérémy est opticien. Il travaillait en tant que développeur pour une chaîne d’optique en Belgique. Donc rien à voir ! La seule chose qui nous prédestinait à ouvrir une maison d’hôtes c’est que l’on aimait recevoir.
Jérémy a-t-il aujourd’hui quitté son métier pour participer à l’activité de chambre d’hôtes ?
Oui, même si pour Jérémy c’est en cours de précision. Il réfléchit en ce moment à savoir s’il souhaite vraiment travailler avec moi à 100% ou s’il cherche quelque chose à côté. De mon côté, je travaille aussi de temps en temps en parallèle, mais je n’ai plus les ressources émotionnelles aujourd’hui pour continuer à exercer mon métier créatif.
Si l’on revient du côté de la recherche du bien, quels étaient vos critères de recherche ?
On n’avait pas de cahier des charges. On fonctionne beaucoup au coup de cœur. On est ensemble depuis 12 ans et l’on a déménagé plusieurs fois… Le seul fil rouge pour nous, c’était de savoir si l’on pouvait mettre le bien à notre image. Mais nous n’avions pas de critères de surface ou de localisation. Je voulais simplement avoir une certaine praticité au quotidien : pouvoir aller à pied à la poste ou acheter son pain. Je ne voulais pas être tout le temps en voiture !
Donc vous étiez très ouverts à la page blanche avec la possibilité de mettre le bien à votre image !
Oui, par contre, notre cahier des charges s’est un peu densifié au moment où il fallait faire un choix entre plusieurs biens. Nous voulions être sur la Côte d’Opale, à proximité de la piste cyclable pour ne pas avoir à faire de vélo sur la route départementale. Nos critères se sont affinés.
Et combien de biens avez-vous visités ?
Pas beaucoup, 3 ou 4 maisons. C’est allé assez vite au final !
Les projections pour l’aménagement de la future maison d’hôtes Moulin Moulin
Une fois que la maison est trouvée, il faut s’y projeter et vérifier si la réalisation du projet est possible. Des étapes importantes pour sécuriser le projet et obtenir son financement.
Arrivez-vous facilement à vous projeter, notamment pour la décoration ? C’est peut-être plutôt ta partie ?
Oui effectivement, j’ai une facilité à me projeter dans un lieu et à le visualiser. Pour Jérémy, c’est un peu plus compliqué, mais avec des outils ou des croquis la visualisation s’est faite aussi.
Avez-vous les mêmes goûts ?
Oui depuis toutes ces années, nos goûts convergent forcément. J’ai un peu d’avance sur Jérémy. Il va peut-être devoir voir le style plusieurs fois sur un magazine avant d’être convaincu !
Au moment de l’offre pour le moulin, vous aviez une idée assez claire du montant des travaux ? Aviez-vous fait venir des artisans ?
C’est l’aspect positif de mon métier. J’arrive à la louche à estimer le montant des travaux. Nous avons pu le savoir assez vite sans trop de difficulté. Malgré tout, il y a forcément des surprises et ça fait partie du jeu. L’enveloppe budgétaire en dehors de l’inflation était correcte. Mais l’ordre dans lequel on fait les choses change !
Le montage nécessitait un emprunt ? Et s’il y a un emprunt a-t-il été fait à titre personnel ou professionnel ?
On a acheté la maison à titre personnel. Et initialement, nous avions monté un dossier pour faire l’achat de la maison et obtenir un emprunt pour les travaux. Et nous avions fait de nombreuses banques !
La seule banque qui nous a dit oui, a accepté de nous suivre pour l’achat de la maison, mais pas pour les travaux. Ils ont quand même été très honnêtes. Ils voulaient bien nous revoir dans six mois pour discuter de l’enveloppe des travaux. Toute la première phase a été faite sur les fonds propres. Par contre, pour développer l’activité des chambres d’hôtes, nous avons monté une société.
L’achat de la maison d’hôtes et le début des travaux pour son ouverture sur la Côte d’Opale
Les clés sont dans la poche. Maintenant, tout n’est pas terminé. Il faut s’attaquer à un gros morceau pour rendre concret le projet : les travaux de rénovation de la maison d’hôtes. Nicolas nous raconte les différentes étapes et la mise en place du projet à partir de l’achat de leur maison.
Donc au final, vous lancez les travaux 6 mois après l’achat de la maison ?
C’est ça, on a démarré les travaux environ 6 mois après l’acquisition du moulin.
Cela a-t-il été facile de trouver les artisans ?
On a consulté pas mal d’artisans et nous avons eu aussi beaucoup de recommandations. Il y a eu aussi du bouche-à-oreille. Certains ont été trouvés facilement et pour d’autres il a fallu creuser un peu plus. C’est le cas des plombiers par exemple pour refaire les salles de bain où nous avons mis beaucoup de temps !
Et quelle échéance vous étiez-vous donné ?
On s’est dit fin des travaux pour le printemps et le début de l’activité pour la saison estivale. La première année, on a raté les vacances de Pâques et tous les ponts du mois de mai. On a ouvert à la fin du mois de mai avec un été complet. Et à l’automne, on a, à nouveau, fait quelques fermetures pour refaire des travaux. Cet hiver, on a fait plusieurs investissements, notamment du côté des extérieurs. Finalement, nous avons réinjecté tout ce que nous avons gagné !
Votre partie privative nécessitait-elle des travaux ?
Priorité pour nous à l’activité !
Notre partie privative n’existe pas vraiment. On vit dans un espace qui n’est pas encore rénové. Et nous avons un peu bougé au fur et à mesure des travaux dans la maison.
La commercialisation des chambres d’hôtes pour lancer l’activité !
Les travaux sont (majoritairement) terminés. C’est le moment d’ouvrir les portes de cette jolie maison d’hôtes sur la Côte d’Opale. Comment s’y prendre à partir de cette étape pour attirer des hôtes chez soi ?
Vous avez ouvert pour le printemps sous le modèle de chambre d’hôtes ? Les 4 chambres étaient-elles rénovées ?
Oui, c’est ça. Et à l’automne, nous avons démarré les travaux pour 2 autres studios. Dans cette seconde partie, nous faisons tout nous-mêmes, contrairement aux chambres où nous avons été aidés.
Comment avez-vous abordé cette commercialisation ?
Quand on a acquis la maison, il y avait ce projet de chambre d’hôtes. Et tous les investissements étaient pour aménager la maison et la communication arrivait en dernier. Par contre, on a créé un compte Instagram assez vite pour inviter nos premiers abonnés à suivre les travaux de la maison. C’était notre seul canal.
Pour l’ouverture de la maison, on a fait un site internet. Il a été réalisé par Amenitiz selon nos propres directives. L’équipe s’est chargée de trouver un modèle de site qui corresponde au mieux à nos attentes.
Es-tu content de ces deux canaux de communication et de cette solution de gestion avec Amenitiz ?
Oui, nous sommes très contents. Le seul point négatif pour Amenitiz c’est le manque de disponibilité du service client. Ils sont surtout disponibles par e-mail et peu par téléphone. C’est donc parfois difficile de les joindre quand il nous faut une réponse rapidement.
Combien cela te coûte-t-il ?
C’est un forfait par palier. Aujourd’hui, nous sommes à 50 euros par mois. Le site était à l’époque inclus. Mais je pense qu’ils ont fait ça lors d’une opération d’acquisition de nouveaux clients. C’était une belle opportunité !
Qui anime le compte Instagram ?
C’est moi qui m’en charge !
Et pour l’instant, on crée tout notre contenu : photographies, logos, papeteries, etc. Cette année, on investit un peu en communication. On va faire faire des photographies professionnelles.
On travaille avec le duo LisaLou et Guillaume du Studio Papi aime Mamie. On s’est rencontrée dans le cadre de l’émission Archi Beau sur Paris Première. LisaLou nous suivait depuis un petit moment. Et lors du tournage, on est resté en contact. On investit aussi dans des relations de presse. Nous allons travailler avec Gazette RP. C’est une agence parisienne. Nous sommes contents d’être la seule maison d’hôtes dans leur portefeuille de clients.
Au niveau des OTA, sur quelles plateformes êtes-vous présents ?
Sur les conseils d’Amenitiz, nous étions au départ que sur Booking et Airbnb. Ils nous conseillaient de ne pas être partout pour ne pas être trop « vus » sur toutes les plateformes. Mais on s’est vite rendu compte qu’avec Airbnb nous avions zéro retour. Et nous étions donc uniquement sur Booking. Et ça a très bien marché la première année !
En parallèle, nous sommes aussi sur les plateformes qui référencent des maisons d’hôtes : Ejkey, Allez Hop. On était fiers parce que ces sites référencent de jolies adresses !
Et cette année, avec l’ouverture du studio, nous avons retenté Airbnb. Et ça ne marche pas non plus. Donc finalement, nous avons désactivé l’annonce. Nous avons, par contre, ajouté la plateforme GreenGo. Pour l’instant, on n’a pas trop de retours. Et j’avais testé il y a plusieurs mois une autre plateforme qui ne fonctionnait pas beaucoup : We Go GreenR. L’outil de recherche n’est pas assez performant selon nous. On ne nous trouve pas…
Cette année, nous sommes aussi sur des sites de sélection de jolies adresses en Allemagne et aux Pays-Bas. Et ça nous apporte quelques réservations. Cette solution est plutôt pratique pour attirer des clients étrangers qui viennent de plus loin donc qui restent plus longtemps !
Accueillir les premiers clients dans la maison d’hôtes de la Côte d’Opale
Les premiers clients donnent réellement vie au projet sur lequel on travaille depuis si longtemps. Parfois, il faut se montrer flexible pour adapter les choses que l’on avait imaginées. La réalité n’est pas toujours identique à ce que l’on avait projeté.
Quel est le profil type de votre clientèle ? en majorité belge ?
50% de notre clientèle est Belge. Et dans la seconde partie, nous avons des Français. Beaucoup de citadins ! Et le reste ce sont des Allemands, des Néerlandais. Nous avons vraiment des clients de tous les âges.
Est-ce que tu peux nous expliquer pourquoi vous précisez « enfants à partir de 14 ans » ? Est-ce la configuration de la maison d’hôtes qui ne se prête pas aux jeunes enfants ? Ou bien une volonté personnelle ?
C’est un sujet avec lequel on tâtonne beaucoup ! Par principe lorsque l’on a aménagé la maison on voulait que ça soit « kids friendly ». Mais avec le temps, on s’est rendu compte que ce n’était pas si simple que ça. Dans la formule maison d‘hôtes, on a accueilli l’été dernier des familles souvent avec de jeunes enfants. Et ce sont eux qui ne passaient pas un super séjour parce qu’ils avaient peur de déranger. Ils n’étaient pas très à l’aise de se dire le matin « mince on ne peut pas attendre huit heures, on voudrait faire chauffer un biberon à sept heures… ».
Et la maison d’hôtes n’était pas suffisamment adaptée pour accueillir des bébés. Pour les enfants plus grands, ce n’était pas non plus pratique lorsqu’ils ne rentraient plus dans un lit parapluie. Il n’y avait pas la place dans la chambre d’hôtes pour mettre un lit d’appoint. Nous mettions donc un matelas, mais nous n’étions pas satisfaits de l’image que cela renvoyait. Il fallait donc prendre 2 chambres lors des réservations. Les parents devaient faire chambre à part. Et dans ces conditions, ni nos clients ni nous n’étions satisfaits de l’expérience ni de l’image que cela renvoyait de la maison.
On a eu quelques retours assez rares de clients qui nous précisaient que ça serait bien de mentionner « Adult only ». Et c’est aussi comme ça que nous avons eu l’idée de gérer les studios. Les familles seront plus autonomes et n’auront pas la sensation de déranger avec le bruit ou les différents horaires. C’est une formule que l’on teste cette année. On n’est pas totalement convaincu, notamment parce qu’avec le studio on ne peut pas avoir accès à la maison d’hôtes alors qu’elle est très agréable. Ce n’est pas un choix facile à faire…
Il y a aussi un autre sujet important concernant les enfants dans notre maison d’hôtes : nous avons un immense point d’eau. Et c’est une source de stress pour nous. On se dit que nous n’avons pas de solution pour cette partie. Nous sommes donc en réflexion : doit-on être complètement fermés sur le sujet ? Ou bien, devons-nous continuer à chercher des solutions ?
Le quotidien dans la gestion d’une maison d’hôtes
Ici encore, il est possible de projeter des choses assez éloignées de la réalité. Le quotidien exige de l’organisation et surtout beaucoup de travail.
Est-ce que tu peux nous parler un peu plus de ton quotidien en nous décrivant une journée type ?
La journée type de la maison d’hôtes est très liée au fait d’avoir ou non de l’aide extérieure. Aujourd’hui, on fait tout à deux sans aide extérieure. Les journées sont très longues. Souvent, on se réveille à 6h du matin avec la mise en place du petit-déjeuner. Nous avons choisi de la faire en mode buffet pour la maison d’hôtes et d’avoir une formule de paniers livrés pour les studios. Nous y sommes entre 8h et 10h.
Avez-vous des préparations à faire à la minute ? Ou bien, privilégiez-vous la discussion et l’échange avec vos hôtes ?
Alors, il y a des préparations minute. Par exemple, on propose des œufs frais tous les jours et des boissons chaudes. Le rythme du petit-déjeuner varie en fonction de l’interaction que l’on a avec les hôtes. Parfois, on peut effectivement prendre le temps de discuter avec eux ou bien nous décidons de passer à autre chose : débarrasser ou préparer le petit-déjeuner du lendemain matin. Il faut pour chaque matin préparer de nouveaux yaourts, un granola et un gâteau. Si une seule personne suffit pour toute la préparation, l’autre part faire autre chose (ménage, etc.).
De 10h à 12h, on met en place la maison. Ensuite, on passe aux chambres. Si on a des recouches ou de nouveaux arrivants, ça ne prend pas le même temps du côté de la préparation et du ménage. Si ce sont des semaines où les personnes restent sur place, on fait souvent autre chose comme du jardin.
Combien de temps mets-tu par chambre quand tu la fais à blanc ?
C’est de plus en plus rapide ! C’est la partie de Jérémy. Il met entre 45 minutes à 1 heure par chambre. Ça nous rend dingues d’entendre parfois les grands établissements préciser que les femmes de ménage ont 20 minutes par chambre. On ne sait pas comment elles font ! C’est un métier atroce. Pour remettre la maison en état, il faut 4 heures.
Et après s’ajoute à ça toute la buanderie. On a fait le choix d’avoir du linge en lin dans les chambres. On ne peut pas l’externaliser chez un service de blanchisserie. Donc tout ça prend du temps (repassage, lavage, étendage).
Il y a aussi toute la partie courses qui prend du temps. On achète des produits frais en circuit court. On doit aller chez les uns et chez les autres. On essaye d’être disponible à partir de 16h à la maison pour faire les check-in. Et cette année, on a mis en place une pièce dans laquelle on peut stocker les bagages et se rafraîchir un peu pour les personnes qui arrivent plus tôt. On ne donne pas accès aux chambres, mais c’est possible de se poser un peu.
Ça arrive souvent qu’ils arrivent avant l’heure ?
On fait en sorte que non. On est assez transparents sur le fait que nous mettons tout en place tout seuls et qu’il nous faut ce temps, mais parfois selon les horaires de train, par exemple, ça arrive. C’est rare, mais ça arrive !
Proposer un garde-manger comme alternative à la table d’hôtes
La table d’hôtes impose quelques contraintes qui ne collent pas avec tous les propriétaires. Dans ce cas, il est intéressant d’avoir des solutions pour répondre aux besoins de ses clients. Nicolas et Jérémy proposent dans leur maison d’hôtes Moulin Moulin un garde-manger.
Est-ce que ça t’a pris du temps de trouver les professionnels que vous mettez en valeur dans votre garde-manger ?
On a testé la table d’hôtes à l’ouverture une fois ou deux en mode test et les clients étaient prévenus que c’était un test. Ils étaient ravis et nous avons adoré. Mais pour nous, ce n’était pas viable… Nos journées étaient trop chargées !
Il a fallu transformer la cuisine pour lui donner une autre fonction : il y a une étagère avec des produits en libre-service et la possibilité de faire réchauffer des plats cuisinés. Et c’est une solution qui fonctionne plutôt bien. C’est en mode « Honest bar ». C’est vraiment basé sur la confiance !
Chacun se sert et nous faisons un point à la fin du séjour. Et cette année, on a diversifié l’offre. On teste différentes marques avec de longues conservations. On a aussi une carte de traiteur. Il est possible de commander des plateaux de fromages ou des plats artisanaux. Par contre, il faut qu’on le sache à l’avance.
Est-ce que tu négocies le prix d’achat concernant les produits du garde-manger en t’appliquant une petite marge ?
Il y a de tout, mais pour nous le principe du garde-manger c’est que ça soit un service rendu au client. On fait une marge, mais elle est minime pour amortir l’investissement et rester viable. Pour nous, ça reste une pièce supplémentaire à gérer : ménage, vaisselle, installation, préparation, etc.
Il ne faut pas qu’on perde de l’argent, c’est pour cela qu’il y a une marge, mais elle est très faible. On a des conserves de choses à tartiner. Les produits à consommer chez nous sont au même prix que ceux que tu pourrais consommer chez toi. On ne fait pas ça du tout pour gagner de l’argent !
Et ce garde-manger fonctionne bien ? Il répond vraiment à une attente de la clientèle ?
Oui ça marche bien. Ça répond vraiment à une attente lorsque c’est une clientèle qui reste sur de longs séjours et qu’elle n’a pas envie d’aller au restaurant tout le temps. Ici, nous sommes sur une commune où il n’y a pas de restauration. Il faut donc reprendre la voiture pour aller au restaurant.
Ça correspond aussi à la clientèle qui vient en train et qui n’a pas envie de prendre le taxi. Et ça marche bien pour les personnes qui arrivent tard le soir et qui n’ont pas envie de ressortir pour trouver à manger. Notre garde-manger a vraiment trouvé son public. Et cette année, ça marche d’autant mieux maintenant qu’on a aménagé l’extérieur.
La maison d’hôtes devient une destination à part entière. Ce n’est pas uniquement avec l’objectif de trouver un lieu où dormir parce qu’on souhaite visiter le coin.
Les services complémentaires à proposer dans sa maison d’hôtes
Beaucoup de propriétaires envisagent des sources de revenus complémentaires lorsqu’ils veulent développer leur projet. Des solutions intéressantes pour augmenter le panier moyen de chaque client.
Vous proposez aussi à vos clients une micro-boutique ?
On y trouve des objets utilisés pendant le séjour : verres et carafes pendant le petit-déjeuner, les vases de la maison, les savons utilisés dans les salles de bain. C’est vraiment une sélection d’objets que l’on aime particulièrement. Ça permet surtout de créer de l’interaction, notamment avec les créateurs locaux autour de chez nous du côté de la Côte d’Opale.
J’ai vu aussi que vous mettiez à disposition des vélos, faites-vous ça à titre gratuit ? N’avez-vous jamais eu de problème ?
Non pour l’instant, nous n’avons pas eu de problème de ce côté-là. Parfois, les gens n’osent pas nous dire que le vélo est un peu abîmé. Mais pour l’instant, l’expérience est plutôt positive. C’est inclus dans le prix de la chambre. De la même manière que l’été, nous fournissons des draps de plage.
Pour les vélos, c’est un petit investissement que vous avez fait ou bien vous avez un partenariat avec un loueur local ?
Non, ce sont des vélos que nous avons achetés. Nous avons opté pour un modèle pratique et facile à entretenir. On a pris des VTC avec un monoplateau pour éviter que ça déraille.
Par contre, si nous avons des clients qui souhaitent des vélos avec une assistance électrique on les dirige vers des loueurs à proximité. Pour proposer ce service, nous avons aménagé un ancien garage qui est tout propre. Ça permet aussi aux clients qui viennent avec leurs vélos de les laisser dans un endroit sécurisé. Nous y avons installé une bibliothèque et un bar à bottes pour les promenades dans le jardin.
C’est un service double : on rend un service à ceux qui viennent en vélo et cela sert pour dépanner ceux qui n’en ont pas !
Il y a une borne de recharge pour les voitures électriques. Comment la faites-vous fonctionner ?
Oui, c’est un nouveau service depuis cette année. Nous ne nous occupons pas du paiement. Le client paie sa consommation directement à la borne électrique. La borne a été installée par « ma borne auto ».
As-tu bénéficié de l’aide Advenir ?
Oui, mais c’est ridicule. Ce n’est pas une aide, c’est une subvention !
C’est intéressant si tu décides d’avoir une borne publique parce que tu apparais sur une carte publique. Mais nous n’avons pas voulu. On avait peur d’avoir un flux en continu de personnes à la maison. Et ça nous a couté cher. On en a eu pour plus de 3000 euros d’investissement. C’est une borne avec une recharge rapide et un joli design. On a voulu faire ça bien. C’est aussi un investissement pour plus tard. On ne voulait pas être suiveurs là-dessus et donc on a investi maintenant.
C’est intéressant puisqu’on a des clients qui réservent uniquement parce que nous avons la borne. En tout cas, c’est un vrai avantage concurrentiel !
La gestion du linge : un point important pour accueillir sereinement de nouveaux clients
Pendant la haute-saison, il faut pouvoir être efficace. Le temps de ménage et d’aménagement des chambres doit être pratique pour accueillir de nouveaux hôtes dans de bonnes dispositions.
Concernant le linge, comment vous êtes-vous équipé ?
On a toujours notre bonne vieille machine de notre appartement qui survit (je croise les doigts ! ) idem pour le sèche-linge. J’ai aussi récupéré des machines lors de plusieurs déménagements. On tourne avec un parc de machines qui ont vécu. On sait que c’est un investissement à faire pour plus tard. Elles consomment pas mal parce que ce sont de petites machines !
Mais on s’est équipé avec du lin et nous savions que la contrainte c’était de devoir s’en occuper. On a plusieurs marques pour le linge : AMPM et Zara Home. On est content du rapport qualité/ prix par rapport à l’usage intensif que l’on en fait. On a hésité à investir dans des choses plus qualitatives, mais on ne sait pas si ça résisterait plus longtemps non plus. On est beaucoup sollicité. Il y a une marque qui nous a fait une proposition et avec laquelle je pense que l’on renouvellera notre stock avec eux. C’est un budget conséquent !
Combien avez-vous de jeux par chambre ?
On a 3 jeux par chambre.
Et matière de literie, j’ai vu que vous aviez des matelas et oreillers en laine, auprès de quels professionnels êtes-vous équipés ?
Cette maison a été une maison de famille depuis très longtemps. Et ça nous plaisait de continuer à créer l’esprit maison de famille. Les chambres portent les noms de nos grand-mères. Et nous avions envie de refaire des lits à l’image de ceux de nos grand-mères.
On a cherché un fabricant français artisanal. Nous avons travaillé avec un couple qui se trouve dans l’Aveyron. Ils ont eux aussi changé de vie. Ils font tout à la main et ils se trouvent aussi dans un ancien moulin. Ils lavent tout dans la rivière qui passe juste à côté de chez eux donc pas de produit chimique. On peut les trouver sur leur site internet www.aufildelaine.fr.
Et du côté des hôtes, avez-vous eu des retours ?
Nos hôtes sont assez interrogatifs au début. Certains se disent que ça fait des années qu’ils n’ont pas vu un lit comme ça. Et il y a des gens plus dubitatifs. Mais au réveil le lendemain tout le monde est convaincu !
C’est plus difficile, par contre, sur les couettes parce qu’elles sont en duvet. Certaines personnes ont des allergies ou bien ils trouvent les couettes trop lourdes. Alors que sur les matelas on n’a aucun retour !
Concernant les articles de toilette ? Quelles marques avez-vous choisies ?
Depuis que nous avons ouvert, on travaille avec la marque Marius Fabre. C’est une marque patrimoniale et familiale. C’est une fabrication ancestrale !
On était très content de travailler avec cette marque. Dans les chambres, ce sont des produits liquides pour se laver le corps et les cheveux. Et c’est aussi important pour nous de pouvoir acheter en vrac en grosse quantité. Tout l’entretien de la maison se fait avec ces produits. On fabrique notre lessive, le liquide vaisselle, le produit du sol, etc. Tout est fait à partir du savon noir ou du savon de Marseille.
Ouvrir une maison d’hôtes sur la Côte d’Opale et continuer son développement : la vision des propriétaires
Il est toujours très enrichissant de connaître la vision des propriétaires de maison d’hôtes une fois l’aventure lancée. Comment continuent-ils à développer l’activité ? Quels sont les prochains projets ? Découvrons ensemble ceux de Nicolas et Jérémy pour Moulin Moulin.
C’était important pour vous de développer l’activité avec un but écologique ?
Il y a plusieurs points sur lesquels on prête beaucoup attention : le circuit court pour acheter en direct sans intermédiaire. C’est encore mieux si c’est des personnes que l’on peut rencontrer.
On tient aussi à ce qu’il y ait derrière la plupart de nos objets une idée de transmission avec une histoire au sein de la maison d’hôtes. Et le troisième point important pour nous c’est l’empreinte écologique. Et on essaye, même si ce n’est pas toujours évident, de tendre vers le zéro déchet… On limite le plastique au maximum.
Si l’on revient du côté des chiffres, aujourd’hui l’activité respecte le prévisionnel que vous vous êtes donné ? Du côté de la rentabilité êtes-vous satisfaits ?
Aujourd’hui, on entame notre deuxième saison, mais pour autant on n’a pas encore clôturé notre bilan. Sur la première année, on a un exercice exceptionnel de 18 mois. Pour l’instant, on ne connaît pas notre résultat. Par rapport à notre logiciel de gestion, on est plutôt content quand on voit le taux de remplissage, les réservations, etc.
Par contre, de là à nous payer tous les deux, nous n’y sommes pas encore. Après se payer tous les deux, cela dépend aussi de notre train de vie. On apprend à vivre avec ce qu’il restera !
Pour l’instant le calcul c’est plutôt de réinjecter vos gains ?
Oui, on a fait le choix de ne pas se payer les premières années. C’est d’ailleurs pour ça que c’est cette année que nous faisons un shooting photo et des relations presse. Cette année, nous avons la trésorerie.
En décidant de nous lancer dans cette activité, nous sommes conscients que notre train de vie est divisé par 4 voire par 5. Mais d’un autre côté, on vit dans un cadre plus satisfaisant pour nous. On profite de la maison. On a moins de loisirs, mais on a un cadre de vie plus confortable. Donc tout ça ne se calcule pas uniquement avec ce que l’on a dans la poche à la fin du mois.
Il faut aussi nourrir des ambitions qui vont avec la réalité du projet. On sait que si l’on veut pouvoir vivre à deux dessus, il faut développer d’autres sources de revenus. On est content de pouvoir faire des gîtes à côté. On a aussi le garde-manger qui vient augmenter le panier moyen et fidélise la clientèle. On a aussi des demandes de shootings. Il faut multiplier les sources de revenus pour maximiser le nombre de jours où cette maison me permet de gagner de l’argent.
Du côté de l’avenir, il y a la petite boudeuse qui doit se préparer encore. Est-ce qu’après, il y a de nouvelles dépendances qui ont la possibilité de devenir des gîtes ?
On réalise en étant en activité que l’on a envie de monter en gamme plutôt que de maximiser le nombre d’hébergements. Il y a 900 m2 ici en tout donc nous pourrions faire un nombre de lits incroyable. On peut aussi multiplier les concepts. Mais finalement, ce qui n’a pas de prix ici, c’est le fait d’avoir de grandes surfaces calmes et chaleureuses. Notre clientèle apprécie tout ça particulièrement. Et on préfère développer des services annexes pour optimiser le montant du panier moyen plutôt que d’augmenter le nombre de chambres. On pense ouvrir une cinquième chambre parce que la maison peut le permettre. Mais encore faut-il que l’on puisse reconfigurer les espaces communs : agrandir la partie du petit-déjeuner, de même pour les extérieurs.
On pense que l’on a le potentiel pour avoir cinq chambres dans la maison d’hôtes et trois gîtes. Et l’on s’arrêtera là. Nous préférons nous dire qu’il faut faire vivre toute l’année la maison et cibler d’autres sources de revenus et par exemple, si l’on veut faire vivre la maison en semaine ou hors saison, on pense à accueillir des séminaires d’entreprise. On peut aussi créer un plateau multiactivités pour accueillir des journées de yoga. On est dans cette optique : gain de confort pour nous et pour nos clients.
En augmentant la capacité, tu es plus rentable, mais tu dois y consacrer plus de temps. Donc est-ce que c’est un bon calcul, pas forcément…
Et puis c’est surtout que la nature même de la maison d’hôtes c’est de côtoyer les hôtes que l’on reçoit. Et quand tu dois faire dix chambres, tu peux plus discuter et prendre le temps d’échanger sur les lieux à découvrir ou les balades à faire aux alentours. Ou alors, c’est un business model différent et tu embauches. Tu as des objectifs de chiffre d’affaires très challengeant.
De votre côté, ça ne fait pas partie de vos objectifs de déléguer, par exemple le ménage ?
On aimerait à partir de l’année prochaine déléguer des choses que l’on n’aime pas. Jérémy adore tondre, par contre, désherber on n’aime pas ça ni l’un, ni l’autre. Et on aimerait pouvoir le déléguer. Le linge dans mon quotidien de maison d’hôtes, c’est ma bulle. Alors que certains n’aiment pas du tout cette partie. C’est mon moment pour rattraper le retard sur une série ou pour écouter des podcasts, par exemple. Nous ne déléguerons pas la blanchisserie du coup !
Au niveau administratif, fais-tu appel à un cabinet comptable ?
Oui, on le fait pour la TVA et pour la société. On a choisi d’être en SAS.
Le bilan après l’ouverture de la maison d’hôtes sur la Côte d’Opale Moulin Moulin
Quelles sont les principales leçons que tu retiens si l’on regarde un peu dans le rétroviseur pour ce lancement d’activité ?
La première chose, ça serait du côté de l’obtention du financement. On se dit heureusement qu’on n’a pas fait tout de suite les travaux que nous avions imaginés parce qu’on aurait fait des erreurs. Il y a des choses dans le fonctionnement de la maison qu’il faut expérimenter au quotidien pour faire les bons choix. Donc ce n’est pas plus mal d’avoir attendu pour le faire !
Il ne faut pas sous-estimer l’énergie et le temps que ça prend. Avant de créer cette activité et d’ouvrir une maison d’hôtes, on était déjà clients de chambre d’hôtes et même si on était très observateurs du travail des propriétaires on était loin d’imaginer tout le travail à fournir. En haute-saison, on oublie les sorties, les fins de journées avec les copains… On n’avait pas pensé que les périodes de rushs seraient si nombreuses dans l’année. Même en étant fermés, le travail continu !
Quelle a été la plus grosse difficulté à laquelle vous avez été confronté ?
C’est très lié à la configuration de la propriété telle qu’elle est ici. Quand les gens étaient encore propriétaires et pour avoir un peu moins de travail à la fin de leur activité, ils ont loué une partie des logements à l’année. Il faut alors pour notre activité cohabiter avec des personnes locataires à l’année. Une vraie difficulté pour nous. Globalement, ça se passe bien, mais c’est une difficulté supplémentaire.
Et que souhaitez-vous faire à l’avenir avec ces locations ?
On ne cherche pas à les interrompre. L’équilibre actuel fonctionne bien. Par contre, à chaque départ on se pose la question de si on remplace le locataire par un autre ou si on optimise l’espace. Et pour l’instant, on a eu deux départs et à chaque fois, nous avons décidé de créer la grande boudeuse et la petite boudeuse…
Et tu en as encore combien de locataires en longue durée ?
Il en reste 3. Nous en avions 5 en tout !
On a mis en place une sorte de règlement de cohabitation. Les logements disposent tous d’un espace extérieur pour vivre de façon indépendante. Il n’y a pas d’espace partagé avec nous au final. Nos hôtes ne partagent pas d’espace avec eux. On leur a aussi précisé que nous souhaitions préserver l’intimité des hôtes.
Quel est ton plus beau souvenir aujourd’hui de l’activité ?
C’est tous les jours nos plus beaux souvenirs. On est hyper surpris des retours de nos hôtes. On est tellement le nez dedans que parfois on a tendance à se focaliser sur les défauts. On adore les retours comme « c’est quand même mieux en vrai qu’en photos ! ».
Si certains sont tentés de se lancer dans l’aventure pour ouvrir une maison d’hôtes, aurais-tu 3 petits conseils à donner ?
Il faut que le couple soit solide. C’est vraiment impératif ! Je me rends compte que dans ce projet j’étais moteur. J’ai dû convaincre Jérémy de me suivre et ça n’a pas été évident. Et quand on vit en couple, il faut forcément que l’autre s’implique parce qu’il sera forcément impliqué.
Il ne faut pas avoir trop de principes théoriques sur les gens que l’on va accueillir chez soi. Il faut être ouvert et se dire que les règles peuvent bouger. Si on veut garantir une expérience positive avec les gens que l’on accueille, il faut se montrer souple. Et d’un point de vue purement business, il faut absolument dès le début s’assurer que le projet est géographiquement au bon endroit. La maison peut vous plaire, mais ne pas plaire à la location. Ce n’est pas que du coup de cœur !
C’est une nouvelle profession donc il faut quand même s’assurer d’une certaine viabilité. Il faut donc être très lucide sur la capacité et le potentiel du lieu dans lequel on imagine changer de vie. Il y a vraiment l’aspect coup de cœur qui est essentiel, mais il faut que ça soit une super vitrine pour accueillir des hôtes.
On arrive à la conclusion : dans quel établissement aimeriez-vous séjourner le temps d’un week-end ?
On adore échanger avec d’autres propriétaires de gîtes et de maison d’hôtes, notamment sur Instagram. Nous avons une liste longue comme le bras d’établissements que l’on aimerait visiter. On va expérimenter la maison Ceronne. C’est incomparable au niveau de la capacité !
Dans cette configuration, comment gérez-vous votre absence ?
On n’a pas encore testé le remplacement dans notre maison d’hôtes. Mais là c’est la configuration de notre planning de réservation qui nous permet d’avoir un creux pendant quelques jours. Donc on en profite pour partir et se reposer.
Pour terminer en musique, quel titre incarne le mieux l’état d’esprit de la maison d’hôtes Moulin Moulin ?
Il y a une musique qui passe systématiquement au petit-déjeuner. C’est une chanson de Norah Jones – Come away with me.
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