Dans ce premier épisode de la saison 3 du podcast “Les clés du gîte”, je vous emmène sur la côte nord de la Bretagne. C’est à bord de bateaux de croisière que Juliette (la Bretonne) rencontre Alexandre (le Marseillais) avec qui elle partage le même projet de vie. Aujourd’hui, Juliette nous raconte comment ils ont décidé d’ouvrir les chambres d’hôtes La Brise à Roscoff. Alors qu’ils projetaient de trouver un vaste domaine en pleine campagne, pour l’accueil d’évènements, le couple se retrouve sous le charme d’une bâtisse bretonne à laquelle ils décident de donner une seconde vie…
Bienvenue dans cette nouvelle saison du podcast ! Je vous souhaite une très belle écoute !
Présentation de Juliette & Alexandre, heureux propriétaires des chambres d’hôtes La Brise à Roscoff
Qui es-tu ?
Bonjour je suis Juliette Quillec. Mon compagnon Alexandre et moi-même avons acheté une ancienne maison de ville dans le département du Finistère en avril 2021. Nous l’avons entièrement rénovée pour ouvrir des chambres d’hôtes à Roscoff, depuis juin dernier.
Quel a été ton parcours ?
J’ai travaillé plusieurs années à bord de bateaux de croisière, où j’ai tenu différents postes autour de la réception et de l’organisation d’événements à bord. Quatre ans plus tard, j’ai été débauché par quelqu’un qui affrétait les bateaux. J’y ai travaillé 2 ans avant d’ouvrir les chambres d’hôtes La Brise.
C’est sur les bateaux que j’ai rencontré Alexandre, tandis qu’il était chef de cuisine. Aujourd’hui, il travaille toujours pour cette compagnie mais il est chef corporate. Il embarque sur des croisières 8 fois dans l’année… une organisation pas toujours simple car nous sommes parents d’une petite Olivia !
À quel moment de votre vie, vous êtes vous lancés dans cette activité ?
Pendant la crise Covid, je suis tombée enceinte. À ce moment, nous vivions à Marseille (d’où vient Alexandre), mais je ne me voyais pas y rester… Avec la grossesse et le Covid, j’ai ressenti le besoin de revenir m’installer chez moi en Bretagne, qu’Alexandre affectionne aussi beaucoup.
Avec mon compagnon, nous avions le souhait d’acquérir une maison pour ouvrir des chambres d’hôtes. C’était un projet commun qui trottait dans nos têtes depuis longtemps. J’avais d’excellentes connaissances en hôtellerie grâce à mes expériences sur les bateaux. Inspirée par mon ancienne responsable elle-même à son compte, j’ai eu ensuite envie de me lancer dans l’entrepreneuriat.
Avez-vous gardé vos emplois pendant la construction du projet ?
On avait besoin d’une sécurité financière surtout pour un démarrage. C’est pourquoi, Alexandre a gardé son emploi. De mon côté, je n’ai pas repris après mon congé maternité et j’ai arrêté de travailler en septembre 2020. Nous avons déménagé en février 2021 et acheté la maison en avril la même année.
Choix de l’hébergement à Roscoff
Se lancer dans l’aventure c’est d’abord se poser les bonnes questions…
Comment avez-vous trouvé votre bien ?
On a commencé les premières visites durant l’été. Une connaissance nous avait dit à trois reprises qu’une maison de maître était en vente à Roscoff.
En réalité, cette maison je passais devant à chaque fois que je revenais de la plage quand j’étais enfant. Dans mes souvenirs elle me faisait penser à une maison hantée ! Nous l’avons finalement visitée et sommes tombés sous le charme ! On a alors revu tout notre projet en conséquence car Roscoff est une petite station balnéaire, loin des critères de recherche de départ que l’on s’était fixés…
Quels étaient vos critères de recherche ?
On ne cherchait pas à Roscoff à la base. En réalité, on avait le projet d’acquérir un bien à la campagne, à refaire entièrement. Il y avait un potentiel évident à explorer en Bretagne et les prix y étaient plus accessibles que dans le Sud. Roscoff est aussi un lieu stratégique pour le remplissage des chambres d’hôtes en été.
C’est aussi là où les bateaux de la Brittany Ferries assurent la liaison en ferry avec les îles britanniques et l’Espagne. On s’est rendu compte que Roscoff était aussi un coin plus facile pour se faire connaître que si on avait été à la campagne.
Votre partie privative fait-elle partie de la maison ?
On tenait à avoir un espace privé, afin que nos hôtes puissent accéder librement à leurs chambres et garder notre intimité. Une entrée à l’arrière était déjà existante et menait directement à l’escalier pour les étages. On a donc séparé en 2 la maison avec un espace au rez-de-chaussée (à nous) et une entrée indépendante à l’arrière pour ceux qui séjournent à La Brise.
Comment avez-vous meublé votre bien ?
J’ai d’abord passé beaucoup d’heures sur Pinterest à faire des dossiers par chambre ! Puis j’ai commencé à chercher plusieurs marques avec lesquelles travailler et au détour d’une visite en boutique, j’ai repéré une lampe que je trouvais très belle. J’ai décidé d’appeler la marque pour savoir si l’équipe avait l’habitude de travailler avec des hébergeurs. Nous avons échangé sur mon projet et ils m’ont envoyé leur catalogue avant de nous retrouver au showroom.
Il s’agit de la marque Athezza qui commercialise un ensemble d’enseignes dont Vent du Sud une marque de linge de maison (draps, linge de bain et de table). On a fait notre choix dans le showroom et c’est ainsi que nous avons pu bénéficier des tarifs pros. C’était aussi simple pour moi de n’avoir qu’un seul fournisseur étant donné que leurs produits me plaisaient beaucoup.
En ce qui concerne la literie c’est Literie Valentin car je souhaitais rester sur un fournisseur local.
La Brise Roscoff propose également le concept de “maison boutique”. La plupart du mobilier et du linge de maison peut être acheté sur place ou commandé pour les grosses pièces (tables, chaises…). Une façon de ravir ceux qui auraient un coup de cœur pour un de nos meubles, objets de décoration ou linge de maison !
Les démarches pour acquérir la Brise Roscoff
Retour sur les grandes étapes autour de l’acquisition du bien…
Avez-vous été aidé ?
Nous avons fait seul notre premier plan de financement que nous avons ensuite soumis à notre banque. Après avoir reçu un avis favorable, la banque nous a conseillé de voir un comptable pour bien ficeler notre dossier. Avec lui, on a pu affiner le prévisionnel pour se projeter sur les enjeux financiers. Nous connaissions déjà le montant que devaient représenter les travaux… qui a bien évidemment explosé comme souvent !
Quels travaux deviez-vous effectuer pour ouvrir les chambres d’hôtes ?
Nous nous sommes occupés de la partie démolition. Puis il y avait de gros travaux sur le bien : électricité, plomberie, cloisons à refaire et des travaux d’assainissement très importants parce que la maison était touchée par la mérule (très présente en Bretagne). Ce qui nous a contraint à tout mettre à nue. Les budgets travaux/achat représentaient environ 50/50 !
Aviez-vous un réseau d’artisans pour vous aider à travailler sur le chantier ?
J’avais effectivement un réseau parce que j’ai grandi ici. La personne qui m’a lancée sur la piste de cette maison avait créé une entreprise de travaux généraux. On a naturellement souhaité travaillé avec lui pour le suivi de chantier. C’est lui qui a contacté les professionnels dont on avait besoin. Quant à nous, nous fournissions les matériaux et équipements. Dans l’ensemble tout s’est bien passé, car on se connaissait et il y avait une certaine confiance, mais comme pour toute entreprise de travaux il a fallu leur courir après…
Aviez-vous fixé une estimation du temps des travaux ?
J’avais pas trop idée de combien de temps cela pouvait prendre. On m’a donné l’indication de 6 mois avant de commencer. J’avais donc planifié une ouverture à décembre 2021, juste avant noël avec une livraison des meubles en octobre-novembre. Mais en novembre, la maison était loin d’être finie et nous avons eu des problèmes pour nous fournir en matériaux à cause de la crise Covid.
On a subit 4 mois de retard sur les menuiseries ! Les ouvriers ont du gérer les travaux avec les meubles au milieu qui arrivaient comme prévu.
Au final, les travaux ont pris le double de temps. On était prêts in extremis pour accueillir les premiers clients à la Brise Roscoff en mai !
Quel est votre statut juridique ?
On est en Entreprise Individuelle (EI). Étant donné qu’on effectue des prestations de vente avec la boutique déco, j’ai le statut d’hébergeur et ventes annexes. J’ai commencé à me rémunéré au mois de novembre.
La vente et la communication : partage de bons tips !
Découvrez les secrets du succès des chambres d’hôtes La Brise à Roscoff…
Êtes-vous présents sur plusieurs plateformes de réservation ?
J’ai rencontré une consoeur qui avait une chambre d’hôtes pas très loin et plus de 15 ans d’ancienneté. Elle m’a donné de bons conseils notamment en me recommandant de travailler avec un Channel Manager. Celui auquel je suis abonnée s’appelle Reservit. Par contre, je n’en ai pas testé d’autres.
C’est chouette car il permet d’être sur différentes plateformes et offre un gain de temps considérable et une facilité de gestion des réservations. Avec du recul je suis contente d’avoir fait ce choix, surtout avec le monde qu’on a reçu l’été dernier.
Es-tu intéressée par des plateformes plus indépendantes comme Green Go, We Go GreenR ou Enjkey ?
Interview de Mathieu co-fondateur de GreenGo
Interview de Marie-Pierre co-fondatrice de We Go GreenR
Interview de Fannie co-fondatrice d’Enjkey
Effectivement, ce sont des plateformes qui m’intéressent. Cependant, du fait de l’ancienneté de la maison, je me demande si cela vaut vraiment le coup… Car cela dépend de la note (green score) attribuée aux chambres d’hôtes. Ici à a La Brise, on a fait au mieux… Mais nous avons été mal conseillés car le chauffage est électrique alors qu’on aurait pu s’équiper d’une pompe à chaleur. C’est malheureusement trop tard pour changer. J’aimerais beaucoup être sur Enjkey, mais ce choix est de leur ressort… On verra !
Comment as-tu utilisé Instagram dans le développement de notoriété ?
J’avais préparé quelques éléments concernant la communication en même temps que le plan de financement. Je voulais présenter notre univers aussi bien en déco que pour le site internet. Il est vrai que ma priorité était d’avoir un logo, aussi j’ai lancé la création d’une charte graphique dès l’achat de la maison.
Puis j’ai démarré le compte Instagram pour le début des travaux, pour montrer la rénovation et raconter notre histoire. Hélas quand je l’ai créé, on avait déjà démarré la démolition.
On a d’abord été suivi au niveau local. Au moment où on a ouvert les chambres d’hôtes, on était autour de 800-1000 abonnés ; une communauté qui s’est étoffée grâce au partage du compte par nos amis et familles !
J’ai aussi pas mal appris sur le tas, car je n’avais pas l’habitude d’utiliser les réseaux à titre personnel. Je cherchais alors les contacts et les likes, je travaillais les hashtags de localisation… Toutes ces actions mises bout à bout ont fait grandir le compte.
Le compte IG de La Brise Roscoff a aujourd’hui 6347 abonnés. Comment expliques-tu son succès ?
On a invité quelques créateurs de contenus / influenceurs pour augmenter la visibilité des chambres d’hôtes. Nous avons fait par exemple appel à Adeline.
La collaboration consistait en une invitation sur 2 jours et 2 nuits, en échange d’un partage sur l’expérience qu’elle avait vécu ici. Elle a bien joué le jeu, ce qui nous a donné envie de lui proposer un concours à la suite de sa venue. Ce dernier nous a permis de récolter 2000 abonnés !
Avec Floriane, ça a très bien marché aussi et j’en retiens également de chouettes échanges.
Mes collaborations avec Adeline et Floriane ont contribué à nous faire davantage connaître en local. Et c’est ce que je voulais car la période hivernale est moins touristique ici.
Résultat, les hôtes que l’on reçoit les week-ends dans nos chambres d’hôtes à Roscoff sont des personnes qui nous ont découvert à travers instagram.
Les réseaux sociaux sont-ils déclencheurs de réservations ?
Oui complètement ! Je reçois autant de MP via Instagram que de demandes de réservations sur le site. Je ne pensais pas obtenir de tels résultats via Instagram. Au début, je postais à tâtons et lorsque je me suis aperçue que ça prenait, j’ai fait appel à Yves, un photographe professionnel sur Roscoff.
J’avais déjà fait appel à ses services pour notre site Internet. Avec le temps, nous sommes devenus amis. Tous les mois on travaille ensemble autour de shootings thématiques pour faire vivre la maison au fil des saisons !
Le quotidien de Juliette avec son activité de chambres d’hôtes
Entrez dans les coulisses de la Brise…
Peux-tu nous parler de ton quotidien ? As-tu une journée type ?
On se réveille généralement vers 6h30-7h et on commence avec Alexandre les petits-déjeuners de 8h jusqu’à 10h. Alexandre m’aide jusqu’à 9h avant de partir travailler. En parallèle, on gère Olivia en se relayant. Nous mettons en place le petit-déjeuner sous forme de buffet. Le café et le thé sont à disposition et on fait des œufs à la demande. Le check out se fait jusqu’à 11h au sein de notre hébergement.
Quand les hôtes quittent les lieux, on enchaîne sur le ménage des chambres. En fonction du nombre de chambres à faire, c’est moi qui gère cette partie jusqu’à 15h ou 16h. Ensuite, on gère les arrivées à partir de 16h. Entre-temps, il faut s’occuper du repassage et des machines qui sont entièrement gérées sur place.
On a été très chanceux cet été avec le monde qu’on a reçu, mais je me sentais coupable de ne pas pouvoir m’occuper d’Olivia comme je le souhaitais. C’est là que j’ai réalisé que j’avais besoin de me faire aider plus régulièrement.
Désormais pour les week-ends une personne est présente pour m’aider, et en semaine je gère seule. Le fait d’avoir maintenant quelqu’un le week-end me permet de me dégager du temps pour ma famille.
Avez-vous un minimum de nuitées pour l’été ?
Pour le premier été j’ai fait beaucoup d’exceptions notamment pour les studios à la nuitée pour assurer le remplissage. Ce qui demandait un travail énorme. Pour que la gestion soit moins contraignante, on est maintenant passé à la semaine pour les studios, mais nous n’avons pas défini de minimum de nuitées pour les chambres d’hôtes.
Envisages-tu de déléguer certaines tâches ?
Pas pour le moment. Je me suis renseignée mais les budgets sont énormes. Je me demande si c’est pertinent car on dispose seulement de quatre chambres d’hôtes. Pour être honnête, j’ai aussi peur qu’on abîme mon linge… Le choix du linge est d’ailleurs à adapter, si on veut déléguer cette partie.
Quels sont les futurs projets pour La Brise ?
On est vraiment à fond depuis deux ans. Notre prochain projet est d’aménager le jardin pour nos hôtes. On a par ailleurs beaucoup de demandes de la part des locaux pour prendre des petits-déjeuners à La Brise Roscoff. Mais on manque de place pour accueillir. On voudrait se pencher sur des partenariats pour en proposer ailleurs. Cela prendrait peut-être la forme d’événements probablement organisés durant l’hiver prochain, lors de périodes plus creuses.
Notre priorité du moment est de trouver un équilibre pro/perso, car même s’il est évident qu’on adore ce qu’on fait, on ne voudrait pas revivre le même été que l’an passé qui a été particulièrement intense.
Dans le rétroviseur de Juliette des chambres d’hôtes La Brise
Regardez le chemin parcouru…
Quelles sont les principales leçons que tu retiens de votre parcours ?
Je dirais que rien n’est impossible ! S’il y a des moments où on sentait qu’on n’arrivait plus à avancer, j’ai réalisé qu’en prenant du recul on trouvait toujours des solutions.
Un conseil que je peux donner : ne pas avoir peur de demander de l’aide, au lieu de vouloir tout porter seul ! C’est un cheminement, cela veut dire qu’il faut forcément passer par des moments difficiles et c’est ainsi qu’on en tire des leçons. On a toutes les cartes en main pour prendre les bonnes décisions.
Quelle a été la plus grosse difficulté à laquelle vous avez été confronté ?
La première a été évidemment les travaux avec notamment la mérule qui a impliqué un budget supplémentaire. La seconde difficulté a été d’établir les prix, parce qu’on se compare aux autres chambres d’hôtes du Finistère et aux hôtels… avec la peur d’être trop ou pas assez cher. Je crois qu’on n’a pas fini de se remettre en question sur ce point !
Quel est ton plus beau souvenir au cours de l’activité ?
Un des plus beaux souvenirs reste celui de l’ouverture de La Brise pour une privatisation. Alexandre était en déplacement professionnel ce jour-là. Tous les voisins sont venus pour aider à préparer la maison et participer aux tâches ménagères.
Un autre moment fort que je garde en mémoire était pour l’inauguration de la maison. On a invité tous les ouvriers, leurs épouses, les amis… De purs moments de bonheur avant de commencer l’aventure !
Quels sont les 3 conseils que tu donnerais à une personne qui souhaite se lancer ?
Je conseillerais de se faire confiance quand l’envie de monter un projet s’installe. Cela passe par le fait de ne pas demander l’avis de l’entourage qui peut parfois projeter ses propres peurs sur nous.
Il faut aussi bien choisir son lieu, savoir bien s’entourer, et comme je le disais précédemment, ne pas avoir peur de demander de l’aide. Enfin, réussir à garder du temps pour soi me semble essentiel, afin de garder la forme pour accueillir les hôtes et leur offrir le meilleur de soi…
Pour conclure…
Deux dernières questions avant de se quitter…
Quel établissement te fait de l’œil pour y séjourner le temps d’un week-end ?
J’aimerais beaucoup aller chez Céline qui tient la Maison Mastrorelli. Sa maison a l’air splendide, tous les services qu’elle met en place donnent vraiment envie. Je serais curieuse de découvrir sa maison au cours d’un séjour dans le sud !
Finissons en musique ! Quel titre illustre le mieux l’état d’esprit de La Brise Roscoff ?
C’est plus un titre qui illustre notre parcours : “Coeur éléphant” de Fréro Delavega. Parfois quand il y a des soucis qui arrivent, il ne faut pas arrêter d’avancer car de plus belles choses arrivent ensuite.
La Brise Roscoff | @la_brise_roscoff
Photographe : Yves Quere
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