Parfois, il n’y a pas besoin de faire des kilomètres pour tomber sur l’opportunité parfaite et changer de vie. C’est l’histoire de Julie et Valentin qui tombent sur l’opportunité parfaite : les voisins mettent en vente leur maison, elle leur plaît et ils se lancent dans ce projet. Le début d’une nouvelle vie commence pour cette famille avec deux enfants. Julie quitte son poste de professeure pour celle d’hébergiste avec Valentin, son conjoint. Aujourd’hui, après 6 mois d’activité, Julie vient nous raconter toutes les étapes par lesquelles ils sont passés pour ouvrir une maison d’hôtes à Rouen qu’ils baptisent Les clés d’à côté.
Je vous souhaite une belle écoute/lecture !
Ouvrir une maison d’hôtes à Rouen : présentation de Julie, co-propriétaire de la maison Les clés d’à côté
Avant de rentrer dans le concret, on revient ensemble sur l’idée même du projet. Comment naît-elle dans la tête de Julie ? Envisager un changement de vie pour toute une famille n’est pas rien. Et elle nous raconte comment celui-ci s’est mis en place.
Est-ce que tu peux nous décrire où tu te trouves en ce moment et ce qui t’entoure ?
Est-ce que tu peux nous parler un petit peu de toi et te présenter ?
Je m’appelle Julie, j’ai 31 ans et il y a quelques mois, on a ouvert la maison d’hôte Les Clés d’à Côté qui se situe juste à côté de chez nous, c’est la maison voisine.
Comment est né ce projet d’ouvrir une maison d’hôtes ?
J’étais professeure d’anglais en collège et après l’épisode COVID, j’ai eu un craquage au boulot, un petit burn-out et je me suis dit « Je ne vais pas faire ça toute ma vie. »
Je ne sais pas si c’est un mélange de la pandémie, de la crise de la trentaine, mais en tout cas, j’ai décidé de faire un bilan de compétences avec l’organisme Chance. Et à l’issue de ce bilan, j’ai dit à Valentin : « Je crois que je sais ce que je veux faire. L’hôtellerie, l’accueil, c’est vraiment quelque chose qui m’attire et je pense que c’est fait pour moi. »
Est-ce que tu avais déjà l'habitude de séjourner dans des gîtes et chambres d'hôtes ? Est-ce que tu avais perçu que c'était un secteur qui t'intéressait ?
Je n’avais jamais séjourné en gîte ou en maison d’hôtes. Ce n’était pas du tout notre mode de voyage. Quand on partait en vacances, on était plutôt logement indépendant. Moi, la maison d’hôtes, ça me faisait toujours peur sur un point : je n’avais pas envie d’être chez les gens. Je n’avais pas envie de m’asseoir dans leur canapé, de déjeuner à leur table avec eux. Donc non, je ne voyageais pas comme ça.
En revanche, quand je voyais à la télévision des gens qui avaient ouvert leurs maisons d’hôtes ou quand j’en entendais parler au détour d’une conversation, c’est vrai que ça me plaisait beaucoup.
C’est cette idée d’accueillir, de partager, d’offrir une belle chambre, un bon petit déjeuner qui me donnait envie. J’avais cette image très idéalisée du métier d’hébergiste.
L’opportunité parfaite : la mise en vente de la maison des voisins
Il y a des opportunités qui ne peuvent pas se rater. C’est le cas pour Julie qui apprend que la maison des voisins sera bientôt mise en vente. Mais comment réussir à savoir au moment de la visite si cette maison peut devenir le lieu d’hébergement touristique parfait pour donner vie à ce projet d’ouvrir une maison d’hôtes ?
Après ce bilan de compétences, comment orientes-tu ce changement de vie ? Est-ce que tu décides de faire une autre formation ou de te renseigner sur le métier en lui-même ?
Ce qui s’est passé, c’est qu’une fois le bilan de compétences terminé, je savais que je souhaitais ouvrir une maison d’hôtes. On a alors cherché à déménager avec Valentin.
On cherchait une plus grande maison, à la campagne. On a commencé à faire des recherches le soir, après le travail. Et Valentin à ce moment- là, il ne me le disait pas clairement, mais en fait, il était pas très chaud pour déménager parce qu’on est très bien où on est. C’est vrai que notre maison personnelle ici nous plaît beaucoup. Et puis on est juste à côté de chez nos parents. Nos enfants sont à l’école ou chez la nounou. On est très bien.
Donc bref, on a commencé à chercher des maisons, à vouloir déménager. Et en fait, un peu au hasard, un jour, je vois que les voisins (la maison d’à côté) sont en train de vider la maison et de déménager. Et je savais que quelques mois auparavant, le monsieur qui habitait-là était décédé. Je vais les voir sans réfléchir et je leur dis « Est-ce que cette maison va être mise en vente ? ».
Et ils me disent « Oui, écoutez, on va chez le notaire aujourd’hui, on va la mettre en vente. » Et là, toujours un peu spontanément, sans trop réfléchir, je leur dis « Est-ce que ça vous dérange si je visite ? ».
Et j’ai visité la maison toute seule. Il y avait tout à refaire dans la maison. C’était une maison qui était restée dans son jus des années 70. Rien n’était aux normes au niveau électricité, isolation… Et puis, je leur ai dit « est-ce que ça vous dérange si vous attendez une journée de plus ? Je reviens ce soir avec Valentin et mes parents en visite. » Ils ont très gentiment accepté et nous sommes revenus le soir…
On a tous fait la visite. On a réfléchi à créer des chambres, etc. Et on leur a dit « N’allez pas chez le notaire, ne la mettez pas en vente, on la prend. On ne discute pas le prix. » C’était un mercredi. Première visite à midi et à 17h00, c’était acté !
C’était que de la parole, mais on a dit « C’est bon, on y va ! »
Comment avez-vous su que la maison lors de sa visite était au prix du marché ? Aviez-vous déjà une idée de votre capacité d’emprunt ?
On a tout de suite su que c’était une enveloppe de travaux très importante. Je te dirai un petit peu les chiffres, mais oui, il y a eu de gros travaux. C’était presque la moitié de la valeur de la maison !
La recherche d’un financement auprès des banques pour l’acquisition de la future maison d’hôtes et les travaux de rénovation
Pour rendre le projet réalisable d’ouvrir une maison d’hôtes à Rouen, il faut obtenir un financement. Nous revenons à travers le témoignage de Julie sur les étapes par lesquelles ils passent pour trouver une banque qui accepte de les suivre dans ce projet de maison d’hôtes.
Comment l’étape suivante se passe-t-elle : la recherche d’une banque pour obtenir un emprunt ?
Le lendemain, on appelle les banques, on demande tout de suite un rendez-vous avec une conseillère, on est reçu. Et là, ils nous disent « D’accord, c’est bien beau, il nous faut un business plan. »
On a essayé de faire ça très rapidement, je dirais, en deux ou trois semaines peut-être, on a monté un business plan. Je faisais que ça. Tous les soirs, on rédigeait notre business plan, on se renseignait. On a été aussi frappé à la porte d’un organisme ici en Seine-Maritime qui nous a beaucoup aidés sur l’étude de marché, notamment. Il s’agit de Seine-Maritime Attractivité. Ils ont beaucoup de bilans de l’activité touristique sur les dernières années et ça nous a vraiment beaucoup aidés pour faire notamment le prévisionnel. C’est Valentin qui s’en est chargé parce que c’est un expert Excel. On est quand même allés voir un comptable juste pour le consulter et lui demander si c’était bien fait.
Et puis on est retournés à la banque avec notre petit business plan. Je synthétise parce que les rendez-vous à la banque ont pris beaucoup de temps (de mai à juillet environ). Et au mois de juillet, il ne se passe plus rien puisque tout le monde est en vacances. L’été a été un petit peu dur parce qu’on était toujours dans l’attente d’une réponse de la part de la banque. Et les anciens propriétaires de la maison ont été vraiment super gentils et très patients parce que plus d’une fois, ils auraient pu dire « Écoutez, ça n’avance pas, on ne vous croit pas ».
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Et quand avez-vous pu signer votre nouvelle maison finalement et obtenir votre emprunt bancaire ?
Au final, on a signé fin septembre.
De mai à septembre, il ne s’est rien passé. On était tout le temps dans l’attente, notamment pour fixer un rendez-vous avec les notaires. Les anciens propriétaires de la maison voisine ont été très patients et je les remercie vraiment parce que moi, ça m’a permis de changer de métier, changer de vie, etc.
Faites-vous un emprunt professionnel ou personnel à la banque ?
Après avoir consulté le comptable, on a décidé de créer une SARL de famille. Puis on a emprunté via la société.
Et l’enveloppe d’emprunt, est-elle faite à la fois pour l’acquisition de la maison et les travaux liés à la rénovation ?
Encore une fois, si je ne dis pas de bêtises, c’est un peu distinct pour te donner des chiffres. En fait, la maison, on l’a payée 247 000 € avec les frais de notaire inclus.
Combien la maison fait-elle de superficie ?
Elle fait un peu plus de 100 m2.
On se trouve dans un quartier très recherché à Sotteville-Lès-Rouen. En plus, elle est traversante, il y a deux jardins, elle n’est pas mitoyenne. Elle a quand même de vrais atouts. Donc 247 000 €, c’était le prix de la maison tout inclus et on a ajouté une enveloppe travaux de 100 000 €.
Comment avez-vous budgétisé ces 100 000 euros de travaux pour la rénovation de cette maison ?
On a fait venir un artisan avant de nous rendre à la banque. On savait qu’on devait changer les dix fenêtres de la maison, mais aussi qu’il fallait refaire toute son isolation. On avait budgétisé en gros et ça représentait à peu près ça.
La banque vous a-t-elle demandé un devis de la part d’un promoteur ou d’un maître d’œuvre ?
Oui, tout à fait. Ils nous ont demandé toutes les factures parce qu’en fait, cette enveloppe travaux, elle est débloquée sur factures.
On a présenté tous les devis de l’artisan, Xavier (Super Xavier !) qui nous a tout fait, qui avait déjà fait notre maison. C’est quelqu’un d’extraordinaire, c’est un magicien des travaux. Il est incroyable. On savait qu’on le voulait et il a accepté, donc c’est super !
Est-ce que tu avais négocié avec la banque une franchise pour que le départ des remboursements se fasse un peu après le début de l’activité ?
Il me semble que oui. Valentin avait dû parler d’un différé. Je t’avoue qu’après coup, je crois qu’on a commencé nos deux premiers mois, on était encore en différé et sur le conseil encore du comptable, il nous a dit « Écoutez, vous marchez bien. Il n’y a pas de raison que vous ne commenciez pas à rembourser votre prêt. Ça va vous pénaliser au long terme, donc vous pouvez déclencher le remboursement dès maintenant ».
Après, je te parle d’argent comme ça, mais je te redis que ce n’est pas du tout moi qui gère cet aspect. Valentin en parlerait beaucoup mieux que moi.
Les travaux de rénovation après l’acquisition de la maison d’hôtes à Rouen
La signature de la maison est faite. Maintenant, place aux choses sérieuses avec le début des travaux pour la rénovation de la maison. Il faut alors contacter les artisans, penser les espaces et réfléchir à la décoration pour faire de ce lieu de vie, un espace d’accueil chaleureux et confortable pour les futurs hôtes.
Quand démarrez-vous les travaux de la maison pour sa rénovation ?
Le week-end même de la remise des clés. Début octobre, on met les enfants à garder chez papi et mamie. Et puis nous, on prend la masse et on commence à tout casser. On a tout cassé pour tout mettre à nu pour la nouvelle isolation.
Et mi-novembre, Xavier est arrivé pour commencer les choses sérieuses. C’était parti. On a tout fait en six mois de travaux !
Comment as-tu imaginé ce nouvel intérieur ? Est-ce que tu t’es fait accompagner ou c’était juste très sympa à faire pour toi de penser à l’aménagement intérieur de cette future maison d’hôtes ?
C’est un mélange des deux parce qu’on a quand même pris des conseils d’un peu partout. Moi, j’avais passé des coups de téléphone. Par exemple, au début de mon projet, j’avais appelé Gîte de France et on m’a répondu « Généralement, les gens qui font maison d’hôtes, en tout cas dans cette région, ils n’en vivent pas. C’est quelque chose qu’ils font à côté. En dessous de trois chambres, vous n’arriverez pas à en vivre décemment. À partir de quatre chambres, on peut commencer à en vivre. »
Après ça c’était très clair de notre côté, on se lançait pour créer quatre chambres. De mon côté, je voulais changer de métier et pouvoir en vivre.
Quand on a visité la maison, on a tout de suite échafaudé des plans dans notre tête pour créer quatre chambres. Et cette fois-ci, quand je dis « on », c’est à la fois Valentin et moi, mais c’est aussi et surtout mon père. Il est agenceur d’intérieur et cuisiniste. Il fait des cuisines, des salles de bains et des rangements.
C’est hyper précieux parce qu’il a vraiment l’œil pour savoir comment aménager l’espace. Il a dessiné des plans. Ça a un petit peu bougé avec le temps, mais c’était vraiment quelque chose qu’on faisait tous les trois et puis, de temps en temps, quelqu’un apportait une idée. Il a aussi sa collègue dans le magasin qui a une formation plutôt d’architecte d’intérieur, donc elle a vraiment un goût pour la décoration. On était accompagnés par les connaissances, la famille. Ça, c’est super agréable de travailler en confiance comme ça !
Est-ce que tes parents soutenaient le projet ? Ont-ils eu des craintes sur ton envie de changer de travail ?
Ils m’ont soutenu dès le début parce que déjà, ils ont vu à quel point j’étais mal dans mon ancien métier. Ils ont vu le chemin que j’avais fait. Là- dessus, ils savaient qu’il y avait besoin d’un changement.
Après, quand j’ai verbalisé « maison d’hôtes » ici, à Sotteville-Lès-Rouen, ils étaient un peu dubitatifs. Et mes beaux- parents, encore pire… en plus, on avait deux enfants en bas âge. Et puis moi, j’étais professeure, comme tout le monde adore me le rappeler, j’avais énormément de vacances, j’avais tout le temps pour m’occuper de mes enfants…
Quitter « ce confort », et je précise entre guillemets, parce que confort en tant que professeur, pour moi, ce n’est pas du tout le cas. Mais effectivement, les gens étaient très dubitatifs. Mais petit à petit, ils ont vu qu’on était motivé. Nous, on était déterminé et on savait que ça pouvait marcher. Donc tout le monde a fini par nous suivre.
Par la suite, on imagine les plans avec mes parents et les travaux commencent. Mon père était presque tous les matins sur chantier avec Xavier qu’il connaît bien puisqu’il a effectué des travaux un peu partout dans la famille et dans toutes nos maisons respectives. On a fait un peu moins de six mois même cinq mois de travaux. On a fait une soirée d’inauguration le 31 mars. Et nous étions encore sur le chantier à 16h pour un lancement à 17h ! On finissait d’accrocher les derniers luminaires et les miroirs des salles de bain. C’était « just in time » !
Construire l’image de la maison d’hôtes
Sur quoi prends-tu la main pendant les travaux : les canaux de distribution, trouver un nom à votre futur hébergement touristique, votre logo, etc. ?
Le nom de la maison, on l’a déterminé assez tôt parce qu’au moment de créer la SARL, il nous fallait un nom. Et puis naturellement, on disait entre nous très souvent « la maison d’à côté ». Par contre, le nom de la maison d’à côté était déjà pris. C’est pour ça qu’on a opté pour ” les clés d’à côté “.
Le logo, c’est une histoire de famille. C’est la sœur de Valentin qui nous a créé le logo parce qu’elle a une formation d’infographiste. Elle nous a créé beaucoup de petites choses. Elle nous a aidé aussi un petit peu pour le compte Instagram. Instagram ce n’est pas du tout mon truc… De manière générale, les réseaux sociaux j’ai beaucoup de mal à m’y mettre. Je l’ai fait parce que tout le monde m’en parlait et que je savais que c’était un petit peu incontournable. Et moi-même, je suis consommatrice, mais pas du tout créatrice.
On a aussi ouvert une page Facebook. Mais au début, on n’avait que des photos très moches à mettre parce que la maison d’hôtes n’était pas jolie du tout. Nous étions dans les travaux avec beaucoup de gravats. Ce n’était pas très glamour. On l’a quand même fait…
On a commencé à communiquer comme ça. Mais c’était vraiment pour la famille. C’était plus pour les gens qui nous connaissaient. Ça n’avait pas de vocation à attirer les foules. Et puis, en ce qui concerne le site internet, on est passé par Amenitiz, qu’on a connu un peu grâce aux clés du gîte.
Pour tout te dire, un jour, on est allé à un salon de l’hôtellerie à Paris qui s’appelle Equip’Hotel. On y est allé et dans la voiture, on écoutait un épisode des clés du gîte. C’était la Maison Maroc et les filles disaient qu’elles passaient par Amenitiz. Et puis je dis à Valentin, mais ça fait plusieurs fois qu’on entend parler de cette solution. Les retours sont plutôt bons, ça doit être bien.
Et puis on arrive à ce salon et il y avait un stand Amenitiz. On a rencontré un représentant de la marque et le feeling est très bien passé. Il y avait une offre spéciale sur le salon, donc on a dit « bon, on ne va pas tergiverser 50 ans, on passe par eux ». Ils nous proposaient aussi de faire le site internet, ce qui était un peu une galère pour le moment pour nous. J’avais démarché quelques entreprises, ça coûtait un bras. Ils nous servent aujourd’hui de Channel Manager. On en est super contents.
Est-ce que tu sais à peu près combien te coûte Amenitiz par mois ?
Oui, je crois que c’est 50 euros par mois si je ne dis pas de bêtises.
Et tu pourrais rajouter une cinquième chambre au même prix ou tu penses que ça te ferait passer à un nouveau palier ?
J’ai entendu récemment dans le dernier podcast qui est sorti qu’effectivement, on passait des paliers selon le nombre de chambres, mais je n’avais pas connaissance de ça. Après, nous, la question ne se pose pas parce que la maison, elle ne peut pas accueillir une cinquième chambre.
L’accueil des clients dans la maison d’hôtes Les clés d’à côté
Est-ce que tu savais quel type de clientèle tu souhaitais accueillir au sein de votre maison d’hôtes ?
Sur le type de personnes qu’on accueillerait, je ne me souviens pas tellement, mais j’imagine qu’on avait quelque chose en tête.
On avait des chiffres sur le pourcentage d’étrangers, de français. On avait des choses en tête, mais je pense qu’en fait, ça ne reflétait pas tellement ce que je sais aujourd’hui. On accueille majoritairement des étrangers. C’est plus de 50% de notre clientèle. Ce sont beaucoup des Belges, des Néerlandais et des Allemands.
On a vraiment pas mal d’étrangers, mais pour tout te dire, j’ai regardé le nombre de nationalités qu’on avait reçues depuis cinq mois et demi. On a reçu 22 nationalités différentes.
C’est la Normandie et la Seconde Guerre mondiale qui attirent du monde. Rouen, pour les touristes qui viennent ici, c’est la porte d’entrée pour aller vers le mémorial de Caen, les plages du Débarquement, le Mont-Saint-Michel, même un petit peu plus loin, c’est sur leur route. Donc ça, c’est une grosse partie de notre clientèle, ce sont les gens qui font juste un stop pour aller ensuite un peu plus vers le Sud, soit en Bretagne, à l’Île-de-Ré ou dans les Landes ou même en Espagne parfois.
Vos clients peuvent -ils séjourner chez vous pour une seule nuit ?
Exactement. On en vient à ce qui me pose un peu question en ce moment : la durée moyenne des séjours chez nous. Elle est de 1,4 nuit. Il faut alors gérer le roulement de linge et du ménage tous les jours. J’ai peut-être cumulé en tout six ou sept jours où je n’ai pas eu de ménage à faire. C’est sept jours sur sept. Il y a un gros turn-over.
Est-ce que tu proposes la maison en privatisation ?
Pour l’instant, non, mais c’est quelque chose que j’ai envie de faire. Pour me poser un petit peu. C’est une vraie piste de réflexion. Il y aura un minimum de deux nuits sur les week-ends en été. Ça, je pense que c’est assez incontournable parce que c’est vraiment trop fatigant pour nous, entre les enfants, faire cinq heures de ménage le samedi, cinq heures de ménage le dimanche, repartir pour une semaine, les draps… Vraiment, s’il y a quelque chose que je n’avais pas bien calibré avant de me lancer, c’est la charge de travail. Et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir été prévenue. Mais c’est énorme !
Est-ce que tu peux nous décrire une journée type pour parler de ton organisation quotidienne au sein de ta maison d’hôtes normande ?
Alors, dans ma journée type, je vais inclure pas mal de choses qui concernent les enfants parce que c’est indissociable de ma vie, de mon quotidien.
On se réveille à 7h00 le matin. Moi, je m’occupe des enfants le matin jusqu’à 8h30 quand je les dépose à l’école. Je suis full focus sur les enfants. Et Valentin s’occupe des petits déjeuners. Chaque matin, il va à la boulangerie et il revient avec les viennoiseries et les pains que les gens ont commandés.
Niveau organisation, la veille, quand les personnes arrivent, on leur demande précisément ce qu’ils veulent au petit déjeuner. De cette façon, on évite le gaspillage puisqu’à la boulangerie on achète uniquement ce dont nous avons besoin. Valentin dépose sur la table du petit déjeuner tout ce que nous avons préparé la veille. Au retour de l’école, je vais faire un tour dans la maison d’à côté pour discuter avec nos hôtes et voir si tout se passe bien.
Ensuite, en général, je ne reste pas avec eux pour leur déjeuner parce que je me rends compte qu’ils aiment bien être tranquilles. Ils n’ont pas envie que je sois là à leur parler alors qu’ils ont le croissant dans la bouche. Je retourne à la maison. Je rentre chez moi, je fais mes petites choses. Je range la maison, je lance une machine : les tâches ménagères quotidiennes…
Et une fois que les clients ont fini de déjeuner, je me mets à ranger toute la cuisine. Je remplis la vaisselle, je refais les plateaux de charcuterie et de fromage. Je vérifie que les pots de confiture sont bien remplis et qu’ils ne sont pas trop sales. Ça a l’air de rien, mais moi, la cuisine, je mets bien 30 minutes au moins à la faire parce qu’il faut tout nettoyer, il faut vérifier que la machine à café soit propre. C’est plein de petites tâches comme ça.
Ensuite, je m’attaque aux chambres une fois que les clients sont partis. En général, je mets 45 minutes, une heure par chambre. Et c’est là aussi que moi, il y a un truc qui me prend beaucoup de temps, comme nous sommes sur deux maisons, les machines à laver et le sèche-linge sont chez moi. Donc, je me trimballe le linge, je fais des allers-retours, je traverse les jardins, je monte les escaliers, je redescends les escaliers. Je fais au moins dix allers-retours dans la journée, les bras chargés de linge. Ça, c’est ce qui me prend du temps !
En général, vers midi et demi, je me pose, je mange. Et l’après-midi, ça varie. Il y a bien deux après-midis par semaine où je fais du repassage. J’ai deux ou trois heures de repassage parfois. Ou alors je vais faire les courses, je réponds aux mails, je fais un petit tour sur les réseaux sociaux. Ça, ça ne m’arrive pas souvent, j’avoue…
Et dans l’après- midi, je retourne aussi dans la maison pour vider le lave-vaisselle, pour faire les dernières choses que je n’ai pas eu le temps de faire. En général, les sols ou des petites choses comme ça. Et à 17h30, je vais rechercher les enfants. J’ai oublié de dire que dans la matinée, chaque matin, j’envoie un petit message aux arrivées du jour pour savoir à quelle heure ils vont arriver. Parfois, ils peuvent arriver à partir de 16h00. Donc quand c’est avant 17h30, avant d’aller chercher les enfants, c’est parfait, j’ai le temps de bien les accueillir.
Et parfois, ils me disent « j’arrive à 17h30 » et moi, c’est pile l’heure où je dois aller chercher mes enfants. Donc ça, c’est toujours un petit peu compliqué. Dans ce cas, ils m’attendent. Je rentre de chez la nounou avec les enfants et il y a de nouveau des accueils à faire. Et puis le soir, en général quand on a fini de coucher les enfants, on retourne une dernière fois dans la maison d’à côté pour mettre la table du petit déjeuner.
La gestion du linge dans la maison d’hôtes
Combien as-tu acheté de parures de linge au départ ?
On en a pris deux par chambre et on a vite compris que ce n’était pas vivable. Ça n’allait pas marcher. Donc maintenant, on en a quatre par chambre.
Est-ce du linge que tu repasses ?
Je repasse parce qu’on a pris de la percale de coton. Donc je repasse au minimum les taies d’oreillers. Je ne repasse pas les draps du dessous : les draps-housses. Je repasse de temps en temps les housses de couette parce que ça dépend de ma façon de sécher le linge.
Si on est en plein été et qu’il fait beau et que j’ai pu étendre le linge dehors, je ne repasse pas. Mais quand ça passe au sèche-linge et qu’il y a deux ou trois housses de couette en même temps, il faut repasser parce que c’est vraiment très froissé.
Aviez-vous anticipé le fait que tu aurais besoin éventuellement d’une buanderie avant les travaux ? Ou bien, est-ce justement ce que vous avez peut-être omis de prévoir ?
Nous n’avons pas oublié. D’ici quelques semaines, quelques mois, on se relance dans de gros travaux. On fait un grand agrandissement à la maison. Il est fait pour agrandir la pièce de vie et aussi créer une lingerie, une buanderie. Parce qu’on savait dès le début que ce ne serait pas viable à long terme de faire tous ces allers-retours. Ce n’était pas possible. Et puis, le jour où on voudra louer la maison en entier, il faut que les gens aient à disposition une machine.
Mais c’est aussi pour ça que notre enveloppe travaux était aussi élevée, c’est qu’on savait qu’il y avait ce grand agrandissement de près de 70 mètres carrés qu’on allait faire quelques mois après notre ouverture.
Et êtes-vous obligés de fermer pendant une petite période ?
C’est en pleine discussion parce qu’évidemment c’était hors de question pour moi d’ouvrir pendant les travaux, parce que ce genre de désagrément, ce n’était pas possible d’offrir ça aux gens. Il y a des fondations, il y a tout à faire.
Mais il y a un argument qui m’a fait un peu flancher. Selon, Xavier, l’artisan qui va nous faire les travaux, la maison ne sera pas ouverte jusqu’au dernier moment. La partie des travaux sera un peu indépendante. Nous avons parfois des clients qui viennent séjourner ici parce qu’ils ont une formation de quelques jours à la fac de Rouen.
Il y a des étudiants qui sont en alternance et au lieu de prendre un appartement, ils restent chez nous. Et du coup, ils connaissent leur date à l’avance. J’ai même une dame qui m’a dit « Mais moi, si vous êtes en travaux, ça me pose aucun problème. Faites-moi une petite place, s’il vous plaît. Je ne veux vraiment pas aller à l’hôtel. »
Et je me suis dit « Tiens, pourquoi pas sur des gens avec qui le feeling est bien passé comme ça, des gens qui sont déjà venus chez nous, peut- être faire un prix sur la chambre parce que le confort ne sera peut-être pas aussi bien que d’habitude ».
Quelle est votre période de travaux sur votre maison d’hôtes ?
Ça devait commencer au mois de novembre d’ici quelques semaines. Ça ne sera pas le cas parce qu’il faut déposer un permis de construire, que les délais sont très longs, qu’on traîne un petit peu. Ça sera janvier, février, mars. 2024.
La commercialisation de la maison d’hôtes pour attirer des clients
Est-ce que tu sais identifier le canal qui te ramène le plus de clients ?
On est sur Booking, Airbnb et on a notre propre site. Ce sont nos trois seules plateformes. J’ai entendu que c’était déjà le cas pour d’autres maisons d’hôtes, mais Airbnb ne nous rapporte rien du tout. Je ne sais pas si c’est la façon de faire les annonces, parce que je sais que j’ai beaucoup galéré à les créer ou si c’est juste que ce n’est pas le meilleur canal. Mais je crois qu’on a reçu deux personnes en six mois via Airbnb. C’est dérisoire.
Par contre, Booking, c’est vraiment fulgurant. Dès le début, ça a été efficace. Parfois, le week-end, on se retrouve avec une dizaine de nouvelles réservations, je veux dire, pour les semaines à venir. Ensuite, le direct aussi fonctionne quand même bien. Aujourd’hui, je pense qu’on est à 70% pour Booking et 30% de direct.
En ce qui concerne les réservations en direct, tu penses qu'ils te découvrent comment ? Est- ce que peut-être tu es sur le site de l'Office de tourisme ou est-ce que tu penses que c'est d'abord une recherche sur Booking ?
Je leur demande en général et ils m’avouent qu’ils nous ont trouvé sur Booking et ils ont le réflexe après de passer en direct. Il y a quand même une conscience aujourd’hui. Ça dépend vraiment des gens. Il y a des gens qui continuent à beaucoup apprécier Booking parce qu’ils disent que les conditions d’annulation sont plus flexibles, alors que nous, pour le coup, les conditions sont les mêmes que ce soit sur Booking ou en direct.
Mais aussi, ils cumulent des points, ils sont membres de Genius. Il y a des inconditionnels de Booking et il y a des personnes qui préfèrent passer en direct. Ils ont cette conscience de passer en direct parce qu’ils savent déjà que ça va leur coûter un peu moins cher et que pour nous aussi, c’est mieux.
Et quand tu fidélises tes clients, est-ce que justement, tu arrives à les convertir au direct ou certains, même si ce n'est pas la première fois qu'ils viennent, continuent à réserver sur la plateforme Booking ?
En général, ils repassent en direct. Quand c’est une deuxième fois, ils passent par le direct. Il y a un type de clientèle aussi qu’on a quand même pas mal à la maison, ce sont les professionnels. Ils passent par Booking parce que c’est ce que je te disais, ils cumulent des points et grâce à leurs points, ils partent en vacances l’été.
Après, ce n’est pas un drame pour moi. Parce que normalement, Booking, c’est 15 %, la commission. Et nous, on a augmenté un tout petit peu. Alors là, je te dévoile un petit secret. Je ne sais pas si je fais bien de le dire, mais on a mis 20% de plus sur les plateformes pour encourager les gens à passer en direct. Je ne sais pas si c’est une stratégie qui paye aujourd’hui. En tout cas, les gens ne rechignent pas à payer les 20% de plus sur Booking !
Peut- être que même en direct, effectivement, on pourrait être un peu plus cher. Après, la grille tarifaire, ça a été vraiment difficile pour moi de la créer parce que je ne me suis pas fait aider pour le coup. C’est l’étude de marché, l’étude de la concurrence et puis aussi quand même un petit peu les charges qu’on avait. On a essayé de calculer nos charges, mais là, il y a le gros point, on en a déjà parlé ensemble, c’est le sentiment d’être légitime. Et ça, c’est très dur. Encore aujourd’hui, après six mois d’ouverture !
C’est notre maison, on a fait les travaux nous-mêmes, on y a mis tout notre cœur, donc c’est difficile. Après, on avait beaucoup de clients professionnels. Parfois, l’entreprise rembourse à un certain plafond. Et du coup pour attirer ces gens- là, on a une chambre qui est un petit peu plus petite que les autres, mais qu’on a mise un peu moins cher.
Je pense qu’il y a un terme en économie pour parler de ça, mais je n’y connais rien. On sait que celle-ci, on ne l’augmentera pas parce que je pense qu’il nous faut une chambre à moins de 100 €. Elle est à 90 € actuellement.
L’aménagement des chambres : un atout fondamental pour une maison d’hôtes
Combien les chambres font-elles de mètres carré ?
Nos chambres ne sont pas très grandes. (entre 17 et 27m2)
Et je vais faire un petit coup de pub à mon papa. C’est lui qui a conçu les salles de bain et même les rangements qui sont dans les chambres. Le magasin s’appelle Perene et j’ai de très bons retours. Les gens me disent « Vraiment, on n’a pas l’habitude de trouver ça dans les maisons d’hôtes ou dans les hôtels qu’on a fait avant de venir ici, ce n’était pas du tout cette qualité. »
C’est un peu ma plus grande fierté, c’est de me dire qu’ils ont un matelas très confortable. Sur Booking, par exemple, nos matelas sont très bien notés parce que maintenant, on peut noter les matelas sur la plateforme. Les hôtes me disent que les draps sont de qualité comme les serviettes. Mais ça, c’était un point d’honneur. Dès le début, on savait qu’on ne voulait pas faire du bas de gamme. On voulait un certain standing !
Le magasin de mon père est sur une zone commerciale pas très loin de Rouen. À chaque fois, on me dit que la cuisine est belle et parfois, on me demande même la marque et le contact. C’est vrai que c’est magnifique !
Est-ce que tu peux nous citer les marques auxquelles tu as fait appel pour les matelas et le linge ?
Pour nos matelas, c’est des Bultex. Parce que j’ai toujours entendu mon père dire que c’était le meilleur matelas français. Et c’est vrai que c’est ce que j’ai chez moi et je dors super bien.
Pour ce qui est des couettes et des oreillers, c’est Epeda. On a une usine Epeda à quelques kilomètres de Rouen, donc c’est très local. Et nos draps, c’est Bonsoirs. Je ne suis pas du tout déçue. C’est vraiment super. Et les serviettes aussi d’ailleurs !
Est-ce que c'était réfléchi d’avoir des lits doubles ?
Nos deux chambres du rez-de-chaussée, ce sont des lits doubles en 160 cm, sommiers simples et matelas doubles d’ailleurs. Et les deux chambres à l’étage, ce sont deux lits simples collés. Donc on peut les espacer. Ça nous arrive quand même de temps en temps. Surtout au cœur de l’été, ça nous est arrivé quand même plusieurs fois. Et ça, c’est aussi beaucoup de travail, parce que ça demande de stocker les couettes qui vont avec. On a racheté des draps justement !
Peux-tu mettre un lit bébé dans une des chambres ?
Dans toutes les chambres, le lit parapluie passe, il n’y a aucun souci. On le fait très souvent. Et nous avons une chambre qui peut accueillir une famille de quatre, où il y a vraiment un canapé qui fait lit. Elle est plus grande, elle fait 27 mètres carrés celle-ci.
La communication pour faire connaître sa maison d’hôtes
Est-ce que c’est toi qui gères le compte Instagram de la maison d’hôtes ? Est-ce que tu perçois que c’est un atout d’être active sur cette plateforme pour communiquer ?
Je ne saurais pas trop dire aujourd’hui parce que depuis le début, je n’ai eu qu’une réservation pour le moment qui provient vraiment d’Instagram. Dans ma journée, dans mon quotidien, ce n’est pas un réflexe de me dire « Avant que je commence, il faut que je prenne telle photo. Là, il faut que je me pose et que je fasse ma story. »
J’en ai fait une ce matin, ça m’a pris presque dix minutes, ça m’a mis en retard pour l’école. C’est vraiment un temps à prendre. Moi, je ne suis pas du tout à l’aise avec ça. Je ne sais pas faire un reel, par exemple. Les quelques reels qu’on a sur le compte, c’est ma sœur qui les a faits cet été parce qu’elle avait un peu de temps. C’est moi qui l’anime à peu près quand j’ai le temps. Ma sœur m’aide aussi, mais je pense que ça peut-être un bon moyen de promotion, mais il faudrait vraiment plus l’alimenter parce que là, je pense qu’on est perdu dans l’algorithme. On n’est pas du tout visible !
C’est un gros travail et je me demande même si un jour on ne délèguera pas ça. Comme on est membre de la plateforme Les clés du gîte, on sait qu’on a des contacts et je sais déjà à qui je peux faire appel si j’ai besoin.
Le centre de ressources, pour ne laisser aucune question sans réponse
Vous êtes porteur de projet ou hôte en activité ? En devenant membre des clés du gîte, vous accédez à une mine d’informations très riche, grâce à des ressources écrites, audio et vidéo, ainsi qu’à un réseau d’experts bienveillants.
Le bilan et les prochains objectifs après six mois d’activité au sein de la maison d’hôtes
Est-ce que tu perçois des choses sur lesquelles tu as envie de t'améliorer, de retravailler, de te former peut-être ?
En ce qui concerne la formation, je n’ai pas de piste claire. Ce que je sais, c’est qu’on voudrait avoir le permis d’exploitation et la licence pour pouvoir servir à manger. On ne ferait pas table d’hôtes parce que c’est trop énergivore et on n’a vraiment pas le temps. Nos journées sont déjà remplies.
Mais par contre, c’est vrai que les gens apprécient de pouvoir boire quelque chose. Et nous, actuellement, on a des bières au frigo et on a une petite boîte à pourboire. Donc c’est au bon cœur des gens de nous donner ou pas. Je pense que ce n’est pas là-dessus qu’on gagne de l’argent. Je pense même qu’on en perd plus qu’autre chose, mais ce n’est pas grave parce que c’est le début, il faut bien tenter des choses.
Par exemple, j’ai des petites boîtes de chips dans la cuisine, j’avais noté dessus au stylo que ça coûtait tant et je m’aperçois qu’elles disparaissent sans qu’on ne me donne jamais rien. C’est des choses à modifier et moi, je suis un peu naïve. Puis comme on n’y habite pas, de toute façon, je ne peux pas empêcher les gens de fouiller dans le placard. Je ne vais pas tout stocker à clé avec un cadenas. Je suis en mode confiance.
Il faut qu’on prenne le temps d’y réfléchir pour optimiser un petit peu ces choses-là. Après, dans nos pistes d’amélioration aussi pour la saison suivante, j’aimerais bien en tout cas qu’on se fasse aider pour le ménage parce que c’est vraiment trop physique.
Aujourd’hui, j’ai trois chambres à faire toute seule, mais j’ai aussi une tonne de repassage et il faut que j’aille faire l’appoint sur les courses. Je ne sais pas comment je vais faire rentrer tout ça dans ma journée. Déléguer un petit peu le ménage, ça me paraît quand même essentiel, au moins pour l’été. Imposer les deux nuits minimums aussi. Et louer la maison peut-être dans son entièreté aussi quand on a envie de partir, parce qu’il faut bien qu’on se garde une vie de famille quand même.
Est-ce qu'il y a des choses que tu regrettes ou que tu aurais faites différemment ?
Non, il n’y a pas des choses que je regrette, que j’aurais faites différemment. Ça rejoint un petit peu ce que je t’ai dit. Je ne regrette pas de les avoir faites parce que je pense qu’il fallait qu’on fasse une saison un petit peu comme ça pour jauger, pour savoir.
Et puis maintenant, on prend des mesures pour changer ce qui ne va pas. C’est ma philosophie de ne pas regretter. Il faut aller de l’avant. Il y a toujours des solutions. Il suffit de bien réfléchir, de se poser, d’en discuter et puis on change un petit truc et puis ça peut suffire à changer le quotidien.
Par exemple, on a investi dans une boîte à clés. Ça a fait débat un petit peu chez nous pendant un moment, parce que nous, ce n’est pas comme ça qu’on a envisagé la maison d’hôtes. On accueille les gens, on discute, on partage, on échange. Je n’ai pas envie qu’ils arrivent et qu’ils se retrouvent à faire un code sur une boîte et qu’ils rentrent tout seul dans la maison. Mais en le vivant au quotidien, on s’est rendu compte que, comme je te disais, moi, je dois partir chercher les enfants. Donc, il y a une demi-heure de vide comme ça en fin d’après-midi où c’est une heure où on a beaucoup d’arrivées. Ça m’arrive très rarement, mais ça m’est déjà arrivé de dire aux gens de leur expliquer comment fonctionne la boîte à clés.
Et puis, dès que j’arrive, je vais les voir et je me présente. Le fait d’être coincée chez soi à attendre que les gens arrivent, c’est quand même un des gros points d’amélioration aussi. J’aimerais bien trouver une solution pour que ça n’arrive plus. Nous, on a une plage entre 16h00 et 20h00 pour les arrivées. Dans les faits, il y a beaucoup de gens qui arrivent après 20h00. Après 20h00, c’est Valentin qui les accueille parce que moi, je ne suis plus en état. Mais être coincée chez soi en attendant les gens, ça, c’est vraiment un point négatif de l’activité, je dirais.
Quelle a été la plus grosse difficulté que vous avez eu à surmonter avec tout le projet jusqu'à aujourd'hui ?
Nos travaux se sont bien passés. La plus grosse difficulté, c’est de trouver (encore aujourd’hui) un équilibre entre notre vie personnelle et notre vie professionnelle. Parce que ça fait six mois qu’on travaille sept jours sur sept. C’est conséquent.
Après, on a la chance d’être super bien entourés. Par exemple, on avait un mariage cet été, ce sont des amis qui sont venus garder la maison. On avait vraiment confiance en eux et ils s’en sont super bien occupés. La plus grosse difficulté, c’est la gestion des enfants en même temps que l’activité professionnelle. Quand j’accueille quelqu’un à 18 heures, je dois laisser mes enfants tout seul chez moi pendant que je vais dans la maison d’à côté pour présenter la chambre. Ils sont petits, ils ont cinq et trois ans. Je me dis qu’avec le temps, ça ira parce qu’ils vont grandir. Mais je réfléchis quand même à des solutions. Peut-être une fille au pair. Enfin voilà, c’est ça ma plus grosse difficulté aujourd’hui : trouver l’équilibre !
Et à contrario, ton plus beau souvenir ?
J’adore les discussions que j’ai avec certaines personnes, parce qu’en fait, on ne s’y attend pas. Quand on les reçoit la veille, parfois, ça peut arriver que les gens soient un peu froids. Et en fait, le lendemain, ils ont plus le temps, ils ont bien dormi et on discute.
Et parfois, je découvre que les gens ont eu une vie de dingue. Et les discussions, je peux passer une heure, une heure et demie, deux heures à parler avec des gens. Et en fait, ça me fait voyager. J’adore voyager. Et là, depuis quelques années, entre les enfants, la pandémie, c’est plus trop ça. Et j’ai l’impression de (re)voyager à travers leurs histoires. Ça, c’est vraiment la raison pour laquelle j’ai voulu faire ça. C’est ce qui me motive.
Donc, ce changement de vie, peut-on dire que c'est une réussite ?
Et d'ailleurs, si d'autres, en t'écoutant, se disent « Oh là là, moi aussi, je veux donner ma démission, je veux changer de vie. » Quels sont les trois conseils que tu donnerais à ces personnes qui se questionnent ?
Je suis encore en recherche de conseils, donc ce n’est pas facile d’en donner. Mais la chose la plus importante, c’est « si vous y croyez, il faut y aller ». Parce que franchement, je ne compte plus le nombre de personnes qui m’ont dit « mais une maison d’hôtes, là ? Mais tu étais prof et tu avais toutes ces vacances et tu avais la sécurité de l’emploi. » Mais en fait, non !
Moi, je suis 1000 fois mieux là où je suis aujourd’hui. Et d’ailleurs, il y a plusieurs de mes amis qui me l’ont dit. Aujourd’hui, tu es à ta place, tu es beaucoup mieux. Tu es beaucoup mieux même dans ta vie personnelle, dans ta vie professionnelle, tout est en ordre. Vraiment, quand on y croit, il faut le faire. C’est une prise de risque, mais c’est une prise de risque qu’il faut étudier. Et il faut aussi bien s’entourer, avoir du soutien, c’est hyper important. Et dans notre projet, le plus important ce n’était pas l’argent, c’était vraiment l’entourage et le soutien.
Donc, les prochaines étapes, c'est l'agrandissement avec les travaux à venir et puis essayer de faire des petits ajustements pour trouver un meilleur équilibre et peut-être se faire aider pour se soulager ?
Exactement, c’est ça. C’est notre projet. Et en plus de l’agrandissement, je précise, on fait un petit local à vélo. On aménage notre cave pour en faire une petite pièce. On n’a pas encore bien défini ce que ça pouvait être, mais une pièce secrète. Ce sont de gros travaux en perspective et nous sommes ravis de nous replonger dedans.
Dans quelle gîte ou chambre d'hôtes aimeriez-vous séjourner avec Valentin le temps d'un week-end ?
Comme je savais que cette question viendrait, comme souvent tes invités te disent, c’est hyper dur parce qu’il y a plein d’endroits qui nous font de l’œil. Moi, à chaque fois que je découvre une maison d’hôtes via le podcast, je vais de suite regarder leur site.
Par exemple, le Mas de Bethel que tu as interviewé récemment, j’ai tout de suite envie d’y aller. Mais je me suis dit, je vais plutôt te proposer un endroit où je suis déjà allée et qui m’a laissé un souvenir incroyable. C’était une maison d’hôtes en Italie, près de Florence, qui s’appelle Il Monasterio, le monastère. C’était magnifique. Je crois que c’est l’un de mes plus beaux souvenirs de vacances. Voilà, ça, là, j’aimerais beaucoup y retourner.
Et ma toute dernière question pour finir en musique, quel titre illustre le mieux l'esprit, l'état d'esprit ou l'atmosphère des clés d'à côté ?
Je te propose la toute première chanson que je mets quand je me lance à faire le ménage. C’est une petite musique feel good. Ça s’appelle « Where does the good go ? » de Tegan and Sara. C’est super sympa !