Ouvrir une maison de vacances en Provence

Ouvrir une maison de vacances en Provence

Retranscription écrite de ma rencontre avec Magali Avignon des maisons de vacances Enamoura

Épisode 47 – saison 2

Vous connaissez la Fille du Sud ? Celle qui jongle entre mille activités, qui dit qu’elle a de la chance d’être une femme libre et entrepreneuse et qui est si fière de tout ce que lui a transmis sa grand-mère Lisette ?

C’est l’Amoureuse de la Provence, celle qui propose une collection de maisons singulières, qu’elle imagine comme des décors de bonheur. Cette galinette c’est Magali Avignon, l’enfant du pays désormais gérante d’une marque de maisons de vacances, qui pour nombreux·ses d’entre nous, représente un véritable modèle de réussite.

Magali a des années d’expérience et une passion qui ne la quitte pas, celle de provoquer des moments décisifs dans la vie des gens qui séjournent chez elle. Sensible et généreuse, c’est un témoignage très honnête et authentique que j’ai eu le plaisir de recueillir. Magali sait mieux que personne comment ouvrir une maison de vacances. Sa collection en compte déjà 5 !

Comme la plupart d’entre n[v]ous, Magali vit un rêve, mais n’oublie pas que ce rêve peut parfois se montrer dévorant. La réussite n’est-elle pas un peu amère lorsqu’elle se fait en dépit de notre propre bien-être ?

Voici le récit de ma rencontre avec Magali.

Peux-tu nous raconter comment Enamoura a commencé ?

J’ai eu une première vie autour de la communication et du marketing. Je travaillais dans ce domaine dans le monde la glisse chez Rossignol.

Par la suite, j’ai eu deux expériences entrepreneuriales, dont l’une, avec une grosse agence immobilière. Et j’ai eu envie de me centrer sur un « projet de transmission ».

Enamoura est une manière de transmettre ma passion pour :
– La rénovation ;
– L’habitat provençal ;
– Les objets chinés.

C’est une manière de rendre hommage aux femmes qui m’ont précédé. Petite, j’étais bercée par l’hospitalité de ma grand-mère lors de repas à la provençale. C’est une hospitalité très rurale et très brute. Enamoura est pour moi une façon de rendre hommage à cette hospitalité authentique, brute, simple et intemporelle.

Ces femmes sont des entrepreneuses qui n’ont pas été valorisées. Elles étaient cachées derrière leurs maris.

Enamoura est donc une façon de leur rendre hommage. C’est aussi une manière de transmettre l’art de vivre provençal du sud, notamment à mes deux filles qui ont 18 et 20 ans.

La première est la maison de village adossée à la colline à Saumane, un village perché du Vaucluse. Elle donne une vue époustouflante sur le Luberon et les Alpilles. C’est ici que j’ai élevé mes filles. J’ai commencé à louer cette maison pour les vacances et pour les extras pendant plusieurs années sans penser qu’un jour cela deviendrait une activité principale.

Aujourd’hui Enamoura, c’est 5 lieux donc 5 maisons de vacances. Je vis dans chacune d’elles. Et elles habitent toutes mon univers. Un vrai rêve d’enfant pour moi d’avoir une maison de ville, une maison d’artistes, une maison de village, etc. 

Le projet Enamoura s’est fait de façon naturelle et au fur et à mesure. Enamoura vient du terme « enamorados » qui signifie l’amoureuse. Dans chacune de mes maisons, je transmets une façon de vivre. Celle aux pieds nus où l’on vit de manière simple où l’on peut faire des confitures et être bien chez soi. Ce sont des maisons très personnelles dans lesquelles on peut se sentir chez soi.

Ouvrir une maison de vacances en Provence

Raconte-nous comment tu fais pour vivre dans toutes ces maisons, tu mènes une vraie vie nomade !

Effectivement, le fait d’avoir plusieurs maisons impose une certaine mobilité. Je bloque des périodes dans l’année pour y loger. Par exemple, en ce moment je suis à Marseille dans la maison de ville n°2 pour un mois et demi. J’enchaîne avec une autre au milieu de l’été.

Cette logistique est une vraie vie nomade que j’assume avec passion. Souvent le dimanche, je suis en brocante. Chaque euro qui entre pour une maison est réinvesti parce qu’il y a toujours des travaux à faire. Un rêve assez dévorant !

Au niveau pratique, comment t’organises-tu ? Transportes-tu tes affaires à chaque fois avec une valise ? Ou bien, sont-elles un peu partout ?

Je vis avec un sac sur le dos !

Ce n’est pas toujours simple. J’essaie de bloquer des périodes assez longues pour que ça soit plus pratique. Aujourd’hui, je vis assez léger. La vie que j’aime le plus : être sur un bateau. Je peux donc me balader avec peu de choses au niveau matériel.

Parlons finances. Comment ça se passe pour le montage financier ? Arrives-tu à faire l’acquisition d’une maison grâce aux revenus générés avec une autre ?

Chaque projet est atypique et très personnel.

J’ai acheté les maisons avec mon mari quand nous avions d’autres activités avec des emprunts et des fonds propres. Elles sont sous le statut de la loi LMNP (loueur en meublé non professionnel). J’ai la chance aussi d’avoir une autre activité. Aujourd’hui, j’édite des objets avec la collection d‘objets Enamoura par des artisans en Provence. La fiscalité est un vrai sujet dans ce métier, il ne faut pas se tromper !

Ma logique, c’est d’investir en priorité pour louer la maison. Par exemple, pour l’une, j’ai investi les premiers 20 000 euros pour créer une piscine et la louer. L’argent de la location nous a ensuite permis de faire les travaux.

Mon conseil : se demander « qu’est-ce qui va déclencher plus de locations ? Qu’est-ce qui va permettre un remplissage optimisé de mes biens ? » Si c’est un point d’eau, il faut que cela soit la priorité, même si la déco n’est pas terminée !

Chaque projet est unique et en fonction des biens, j’évolue !

Pour certains biens, je souhaite que tout soit terminé avant la location. C’est le cas pour l’atelier à Saignon. Ce haut d’une maison fait 60 m2. Je voulais ici créer un lieu pour accueillir moins de personnes. Habituellement, j’ai des maisons assez grandes qui coûtent un certain prix.

L’objectif était ici de proposer une location pour découvrir la Provence en amoureux en hiver. Et en parallèle, un lieu pour accueillir des artistes sur de la moyenne durée. À l’étage, il dispose d’un petit espace dans lequel on peut travailler la céramique ou faire de la musique. C’est un lieu qui me tenait particulièrement à cœur. Et ici, je souhaitais que tout soit terminé avant de louer. Pour m’en sortir, je fais généralement une franchise de plusieurs mois le temps des travaux, c’est-à-dire que je diffère le début du remboursement du prêt pour payer les travaux.

Mon conseil : je conseille malgré tout de faire en sorte d’avoir fait le maximum des travaux avant les locations. Par exemple, dans la salle de bain, il faut la patère pour vos hôtes. En tout cas, tout ce qui est utile et pratique doit être prêt.

Encore une fois chaque projet est unique et tout dépend de la clientèle !

Mes clients viennent dans mes maisons pour la décoration, l’ambiance. Et je suis comme ça quand je voyage, je voyage d’abord pour le lieu. Mes locataires partent du même principe. Il faut donc donner à chaque maison un esprit déco, mais certains détails peuvent être secondaires. Par exemple, à Marseille dans la maison de Ville, le jardin n’est pas terminé. Je n’ai pas encore le budget pour faire ce que j’aimerai. Seulement, il y a certainement que moi qui m’en aperçois !

Il faut donc réussir à prendre du recul entre l’indispensable et le secondaire !

Est-ce que ton mari, Olivier peut t’aider justement à prendre ce recul ?

Dans mon cas, Olivier n’intervient pas du tout sur ces choix.

Par contre, il m’aide ailleurs. Son aide est précieuse pour faire toute la peinture des maisons. Il intervient aussi sur toute la partie logistique (non négligeable) lorsque je dois aller récupérer des objets à différents endroits.

Aujourd’hui, il y a 5 maisons, as-tu pour projet d’agrandir la collection ?

C’est une question que je me pose tous les jours !

Par principe, un collectionneur ne s’arrête jamais. Donc non, elle n’est pas terminée aujourd’hui. J’ai envie d’une bergerie, d’un cabanon dans les calanques…

Par contre, je suis rattrapée par deux sujets :
– Le financier ;
– La gestion locative.

Pour le financier, on parle d’un financement par une société puisque ce n’est plus un bien personnel. Trouver des fonds pour développer Enamoura sur la partie immobilière ce n’est pas un frein aujourd’hui, mais il faut accepter la pression et les contraintes qui vont avec. Est-ce que j’en ai envie sur les années futures ? C’est une vraie question !

Concernant la gestion, elle est importante. Aujourd’hui, je suis sur 3 lieux avec 3 équipes différentes. Et je veux être au niveau de mes exigences, c’est extrêmement dur ! Et pourtant j’ai une gouvernante avec quasiment 10 personnes qui travaillent dans mes 5 maisons. Donc c’est très prenant !

Plusieurs questions :
– Est-ce que je continue à avoir une conciergerie intégrée ?
– Est-ce que je m’adosse à un partenaire ?

La difficulté est aussi de concilier tout ça avec tous les autres projets que j’ai en parallèle de cette activité.

Comment ton activité fonctionne-t-elle aujourd’hui avec ces 10 personnes ?

Aujourd’hui, à Enamoura nous sommes 2 à temps plein pour gérer tout le projet de développement.
En indépendante, j’ai une gouvernante qui gère les différents lieux et celui de Marseille particulièrement.

J’ai des locaux sur place (à Marseille) avec des personnes rémunérées en fonction de leur statut d’indépendants. J’ai donc créé une conciergerie intégrée que je gère aujourd’hui. Et c’est un vrai sujet concernant cette organisation sans avoir la solution actuellement pour savoir comment je fais évoluer cette gestion locative.

Est-ce que quelqu’un gère les entrées et sorties ?

Tout se fait en autonomie avec une boîte à clés. Ma clientèle n’est absolument pas gênée. Par contre, j’ai un lieu qui ne peut pas être géré de cette façon, c’est la chapelle à Saignon. Dans celui-ci, il y a un accueil.

J’ai envie de développer la collection de maisons. Et la question, c’est donc toute la gestion autour d’Enamoura qui se pose.

Des propriétaires sont-ils déjà venus vers toi pour avoir la marque Enamoura chez eux ?

Oui toutes les semaines ! Ma logique c’est « test and learn ».

Aujourd’hui, ce que je propose sous Enamoura est difficilement applicable à une maison de propriétaires qui souhaiterait faire de la location. Celui-ci voudrait confier sa maison avec un service de commercialisation complet : remplissage et conciergerie.

De mon côté, quand une maison arrive chez moi, elle entre chez Enamoura avec ses codes. Pour obtenir la même chose chez un propriétaire, il faudrait probablement faire des travaux, refaire entièrement sa décoration, etc. Il y a aussi tout un travail de storytelling, de mise en avant, d’écriture autour de chaque nouvelle maison.

Aujourd’hui, c’est impossible à faire pour d’autres propriétaires. Et en plus, ce n’est pas rentable !

Chaque maison représente-t-elle pour toi un coup de cœur ?

Ah oui et c’est aussi beaucoup de chance ! Je vais dire de la chance et de la détermination.

J’ai eu une agence immobilière à Marseille pendant 10 ans. Et j’ai eu particulièrement de chance de trouver la maison de ville de Marseille. C’est aujourd’hui un bien quasiment introuvable sur le marché. Je l’ai trouvé en visitant une maison à côté de celle-ci et en faisant parler le propriétaire. C’est comme ça que j’ai compris qu’il fallait creuser du côté de cette maison !

Par contre, on loupe tous des maisons dans ses recherches. On peut aussi avoir des déceptions. Et il faut alors recommencer. Dans notre métier, on en bave tous, notamment sur les rénovations et parfois dans les plus petits lieux. Par exemple, à Marseille, j’ai passé plus de temps sur son cabanon aux airs de cabane de pêcheur que sur la maison en elle-même d’une surface de 155 m2 !

Et pour les travaux ? Es-tu entourée d’une équipe d’artisans ? Ou bien, fais-tu toi-même ?

Je vais commencer par la dernière question pour faire tomber le mythe. Non je ne fais rien de mes mains. Je suis très admirative des gens qui le font.

Par contre, je n’ai pas toujours les mêmes équipes. On fait quelques chantiers avec les mêmes artisans et au fur et à mesure, les relations se distendent. Même si cela serait génial d’avoir la même équipe à chaque fois !

Au niveau comptable et juridique, es-tu accompagnée ?

J’ai commencé en faisant seule. Et assez rapidement, on ne s’en sort plus !

La législation est un sujet complexe. Le sujet en LMNP un domaine à connaître. Il a donc été indispensable de se faire accompagner par un cabinet comptable. Il faut être très rigoureux. Je dois payer 150 à 200 euros par mois pour le LMNP. En revanche, je paye des sommes beaucoup plus chères pour ma société !

Es-tu uniquement avec de la réservation en direct ? Ou bien, es-tu aussi sur des canaux de distribution ou des annuaires ?

Au départ, j’étais dans des agences. Et depuis longtemps maintenant, je suis sur Airbnb. Je ne me suis pas beaucoup dispersée. De toute façon, je loue à la semaine et au week-end donc nous ne sommes pas avec des nuitées. Airbnb répond parfaitement à mes attentes !

Plus récemment, j’ai Instagram. Ma communauté fait des demandes en direct. Il a donc fallu faire une analyse des plateformes de réservations. Et j’ai fini par faire le choix d’Eviivo. Et je suis maintenant avec celui-ci sur lequel j’ai de plus en plus de réservations grâce à l’agrandissement de ma communauté.

Es-tu satisfaite d’Eviivo ?

Mon métier précédent est le digital donc je suis avertie sur le sujet du Channel manager. Je suis contente de cet outil parce qu’il répond à mes attentes et demandes. Par exemple, j’ai des comptes bancaires différents pour chaque bien et il l’accepte !

Par contre, à partir du moment où on met le petit doigt là-dedans, c’est lourd ! J’en suis très contente, c’est un outil extrêmement complet qui peut paraître très complexe. Il propose un SAV réactif ce qui est très important. Il me reste encore d’autres éléments à configurer comme mes e-mails.

Le gros avantage de cette solution : tout se fait en automatique. Par exemple, les contrats comme les prélèvements sont aujourd’hui totalement automatisés. Avant, il fallait que je les crée moi-même et que je vérifie les dépôts des clients, cela devenait impossible !

Mon conseil : si vous avez une seule maison, vous n’avez pas besoin d’un Channel manager !

Je trouve que cet investissement en temps est pertinent quand le volume arrive et qu’on a aussi une communauté qui densifie la demande. Airbnb fait très bien le job pour le reste parce que le Channel reste un très gros investissement.

Quand as-tu démarré Instagram ? Au début de ton activité ou bien ton compte est-il venu en cours de route ?

J’ai commencé il y a peu de temps. J’ai loué les premières maisons avant Instagram. J’avais à cette période une autre activité. J’ai un avis assez tranché sur Instagram. Au premier confinement, je ne savais pas ce que j’allais faire. À cette période, j’avais du temps pour raconter des histoires, prendre des photos. N’oublions pas que ça reste à la base mon métier ! La vie a fait que je me suis testée sur quelques opérations de communication et ça a pris très vite. Il y a eu ensuite un intérêt à maintenir toute cette activité (et ce travail) parce qu’il y avait des retours.

Mon conseil : faire un compte Instagram vitrine c’est indispensable (parfois mieux qu’un site internet) avec des stories à la une avec sa chambre 1, sa chambre 2, sa pièce principale, les activités à faire. Il faut aussi créer un joli profil avec des publications et faire quelques stories de temps en temps.

Par contre, monter une communauté, c’est un métier du quotidien qui prend beaucoup, beaucoup de temps. Et c’est vrai qu’il est difficile à concilier quand on a déjà une maison de location à gérer.

Laura, peux-tu nous donner aussi ton point de vue sur cette question ?

Je trouve qu’Instagram reste un outil gratuit qui peut nous donner facilement de la visibilité donc je trouve ça dommage de s’en priver. Après il faut être conscient de l’aspect chronophage que cela représente et il faut y trouver du plaisir sans se forcer pour autant. Comme toi je pense que c’est indispensable.

Par contre, si on n’est pas à l’aise avec la photo et les réseaux sociaux, il vaut mieux confier la réalisation de son compte Instagram vitrine plutôt que de mal le faire parce que la sanction est immédiate !

Enamoura & Instagram, selon Magali

Instagram, c’est comme tu le dis chronophage. Avec mes 1000 activités autour d’Enamoura, je sais très bien qu’on peut devenir très vite esclave d’Instagram.
Et il ne faut se leurrer non plus, Instagram ne remplace par Airbnb ou Booking, même si Instagram peut ramener de la réservation en direct. Et de mon côté, c’est quasiment 50/50.

Et encore une fois, je n’ai pas la problématique de nuitées avec mon activité. Par contre, j’ai la problématique de clients qui veulent revenir et pour lesquels je n’ai pas de place. La question c’est ici comment ne pas décevoir ma communauté ? La solution pour laquelle j’ai opté : je garde des créneaux réservés pour ceux qui veulent à nouveau venir !

Pour revenir à Instagram, le gros avantage ce sont les shootings.

Fais-tu beaucoup de shootings aujourd’hui ?

Oui, aujourd’hui j’en fais beaucoup ! Chaque bien possède sa spécificité. Par exemple, Marseille est une ville qui n’est plus saisonnière. J’ai des demandes quasiment toute l’année. Le shooting est un bon complément même si c’est très exigeant.

La maison de Marseille est aujourd’hui (en plus du lieu de shooting) le siège social de la marque et le showroom. C’est aussi là que je reçois mes clients architectes. C’est un vrai lieu de travail avec les équipes. Cette maison est à louer à la journée pour des shootings. C’est une offre complémentaire qui ne pourrait pas faire vivre à elle seule mes maisons. Dans le concept Enamoura, c’est une partie non négligeable, mais ce n’est pas 50/50 !

Est-ce toi qui démarches les marques ou bien l’inverse pour les shootings ?

À 90% jusqu’à peu, c’était les marques qui nous contactaient via Airbnb ou Instagram. On a développé depuis que Juliette m’a rejoint une démarche plus proactive. En réalité, aujourd’hui tout se rejoint dans mes activités et je fais très peu de prospection.

Est-ce que tu aurais des conseils à donner autour de la construction de sa grille tarifaire pour un shooting ?

Il faut suivre la même règle que celle des autres règles tarifaires en commençant par faire une étude de marché pour fixer le bon tarif. Commencez par vous demander à combien se louent les maisons autour de chez vous. C’est aussi ici du « test and learn ». Il ne faut pas être figé les premières fois pour ajuster au fur et à mesure. Tout dépend de vos objectifs et de ce que vous voulez faire.

Si vous voulez faire du shooting, il faut commencer par tester. Sans oublier que cela représente un gros investissement personnel au départ donc il ne faut pas non plus trop baisser son tarif !

Quelles sont les prestations proposées lors de ces journées shooting ?

Il y a un accueil et un au revoir avec une présentation de la maison, vérification du Deposit. Aujourd’hui, nous faisons un peu de production (maquilleur, coiffeur, documents spécifiques, conseils luminaires, etc.). On peut aussi réceptionner de la marchandise en amont si besoin.

Nous mettons en relation les marques qui viennent faire le shooting avec les professionnels habitués aux lieux pour simplifier le déroulement de la journée. C’est un vrai travail de production !

Est-ce que tu as déjà refusé des marques parce qu’elles ne sont pas en accord avec l’état d’esprit des maisons ?

Nous sommes souvent très surpris par les résultats. Une maison shootée par différentes marques peut ne pas se reconnaître en fonction des projets. Cela a un côté rassurant parce qu’il n’est du coup pas toujours nécessaire de faire de sélection lors des demandes, notamment si deux marques concurrentes me demandent la maison.

Néanmoins, j’ai de la chance d’avoir de très jolies marques qui me contactent aujourd’hui !

Peux-tu utiliser les photos réalisées lors d’un shooting ? Et si oui, les utilises-tu ?

Je ne le fais jamais. Je ne communique pas sur la partie des shootings sur Instagram. Ce qui n’est pas une bonne chose, il faudrait le faire !

Est-ce qu’il y a des codes à respecter pour attirer les marques ?

Oui, forcément, il y a des tendances à connaître. Il faut aussi avoir une authenticité, une cohérence et une personnalité au sein de la maison.

Une marque, elle vient apporter de l’âme à ses produits. Et cette âme doit se refléter en cohérence avec l’histoire de la maison. C’est de cette façon que le shooting peut réussir à raconter son histoire. Par exemple, il est difficile de donner une âme à une maison si elle se compose uniquement de meubles IKEA (pour ne pas citer de marques).

Dans tous les cas, il faut une âme et connaître l’histoire de la maison pour la mettre en valeur et la raconter.

Comment réussir à raconter cette histoire en adoptant la bonne décoration ?

Trouver une jolie décoration, ce n’est pas forcément cher. On peut meubler une maison avec beaucoup d’âme sans forcément y investir beaucoup d’argent.

Après, il y a tout de même des tendances à identifier. Vous avez plus de chance d’attirer des marques en présentant une maison dans des tendances déco. Par exemple, il est toujours intéressant de proposer un mas provençal dans son jus.

Soyez à l’écoute de ce qu’il se passe en ce moment !

À quoi ressemble la journée type de Magali ?

C’est une question difficile. Mais je vais essayer !

Je me réveille assez tôt et je travaille dans mon lit jusqu’à 9h environ. Souvent, je suis de 6h à 9h sur le traitement des urgences, la gestion de mon compte Instagram et les e-mails. En fonction de là où je suis, je peux avoir rendez-vous avec un artisan pour la collection. Je peux aussi être au téléphone avec la gouvernante parce qu’il y a un souci dans une maison. Je peux être avec un entrepreneur qui refait le toit, etc.

Ensuite, je vais enchaîner avec un partenaire qui vend des draps et qui doit me faire un devis. Ça continue avec la comptabilité, la communication. Donc ma journée part dans tous les sens. Et je n’ai pas de routine !

Enamoura avec Magalie Avignon

T’imposes-tu des limites ?

Non, sauf quand la vie me rattrape. Ça peut très vite être 24h/24. Mais j’ai des contraintes, j’ai un mari, j’ai des enfants et des amis. C’est ma maladie de ne pas savoir m’arrêter. Et Juliette est aujourd’hui mon parfait binôme pour m’aider à me contrôler. Pour créer son salaire et celui des personnes qui nous entourent, il faut y aller aussi et faire du chiffre d’affaires !

Mais, il faut savoir s’imposer des limites. J’ai des amis très proches qui ont acheté une maison et tout fait tout seuls. Ils se sont mis à la limite au niveau physique. Et ils m’ont fait peur, très peur. Vous vous y attendez, cette aventure s’est terminée par un accident. Mon amie était à ce moment-là dans le stress absolu de louer sa maison. Aujourd’hui, ils vont bien (mieux), la maison est louée et sublime.

Voilà mon plus gros problème : je n’arrive pas à prendre des vacances ! Et c’est mon enjeu pour l’avenir et c’est le meilleur conseil que je peux donner : prendre des vacances !

Peux-tu nous parler de tes city guides ?

Aujourd’hui, il y a 0 partenariat sur les guides. Et c’est un formidable outil que je n’exploite pas du tout. Ils sont venus avant les maisons et avant la marque Enamoura. J’ai un défaut, je ne supporte pas de faire deux fois la même chose.

À force d’être sans arrêt sollicitée sur les choses à faire, j’ai décidé de proposer un city guide. Le premier est celui de Marseille. Et ce n’est pas un guide des choses à faire pour 4 jours à Marseille, mais un guide pour vivre 4 jours à Marseille. Vous savez en vous levant le matin où allez prendre le café, le déjeuner comme le goûter ! J’ai associé tout cela à une carte qui géolocalise plus de 200 adresses. Ils sont en vente sur mon site web. Quelqu’un qui ne vient pas chez nous en séjour peut donc tout à fait s’offrir le guide. On vient d’ailleurs de sortir le guide en Provence.

Si vous réservez un séjour chez Enamoura, vous obtenez un code promo pour télécharger votre guide. Et évidemment, avec cette formule, vous gagnez du temps ! J’ai fait ce que j’aurai aimé avoir. Je suis très fainéante pour organiser des vacances donc cet outil m’aurait souvent facilité la vie. Par contre, c’est beaucoup de travail. Il faut des mois pouvoir faire les recherches, le digitaliser, etc.

Et à côté de tout cela, tu as aussi les éditions en série limitée avec les créateurs, les artisans. Peux-tu nous en parler ?

Cette activité est le prolongement d’un rêve de toujours que j’ai mis plusieurs dizaines d’années à assumer et à concrétiser. Le projet d’Enamoura d’édition d’objets par d’une envie profonde. Quand on dessine une maison, la chose essentielle pour moi est l’éclairage.

Ces maisons doivent être des décors de bonheur. On doit y vivre des moments heureux. Et l’éclairage est indispensable. Je travaille à différents niveaux : éclairage d’appoint, éclairage de confort, etc.

À un moment, j’ai eu envie d’avoir des objets emblématiques de la Provence dans mes maisons. Et j’ai fini par assumer cette envie en dessinant des objets particuliers avec des artisans aux différentes spécificités : céramique, grès, la technique du tour, etc.
Je réinterprète des formes chinées intemporelles avec un savoir-faire différent. Par exemple la collection 17 et ses sœurs (Yvonne et Ursule) sont des suspensions émaillées traditionnelles. Nous les avons tous vus dans les intérieurs de nos grands-parents !

Au lieu de les faire dans un métal froid, nous les réalisons en tressage, en céramique, en grès. Ces matières leur apportent de la chaleur et une autre sensualité. Quand elles sont déposées dans les maisons, on a l’impression qu’elles ont toujours été là. C’est la ligne de conduite de cette collection luminaire.

Une fois par an, je fais des collaborations avec des artisans ou des artistes. La dernière est avec Franca Atelier. Elle met à l’honneur le savoir-faire ancestral de la région d’Apt : la terre mêlée. Ce sont ici des séries limitées et numérotées. J’ai donc des collections permanentes vendues sur mon site internet et d’autres collections en série limitée. On vient de lancer une collection réalisée avec de la porcelaine de Limoges. C’est fait à Limoges, mais la porcelaine fait tout de même partie de l’art de vivre de la Provence.

Ce projet prend de plus en plus de place. Récemment, des personnes m’ont dit avoir découvert les maisons après les collections !

Est-ce que les locataires peuvent partir avec une lampe sous le bras lorsqu’ils viennent dans tes maisons en séjour ?

Oui tout à fait. À Marseille, l’atelier est au rez-de-chaussée de la maison. Les locataires peuvent venir voir les collections. Il est aussi possible de les commander sur le site et de venir les chercher ici. À Saignon, il y a un petit concept store pour venir chercher les objets Enamoura.

Petit à petit, tout ça prend forme. Et il va y avoir un point de vente parisien…

Quelle a été la plus grosse difficulté depuis le début ?

Les travaux de l’atelier, alors que celui-ci est le plus petit lieu !

J’ai passé deux mois en combinaison au sol. Je ne suis pas architecte d’intérieur. Ce n’est pas mon métier, même si au fur et à mesure j’ai un peu d’expertise sur le sujet. Et parfois, on se loupe…
Beaucoup de personnes fantasment ce métier. Effectivement, c’est un métier de liberté, mais une liberté limitée ! Par exemple, on souhaite dans son jardin un joli carré de verdure. En Provence, un carré vert, c’est beaucoup de contraintes !

Parfois, le mieux à faire est plutôt de s’alléger de contraintes en se ménageant. J’imagine aussi que pour les locataires l’expérience serait bien plus riche s’ils pouvaient à chaque fois me rencontrer. Pour autant, est-ce la bonne solution pour moi ?

Quel est ton plus beau souvenir ?

Je fais des maisons d’amour pour que les gens soient heureux. Rendre hommage à ma grand-mère grâce à mes objets représente un vrai rêve.

Et au mois de septembre, je réalise un rêve qui peut-être sera anodin pour les autres, mais très fort pour moi. Celui de pouvoir faire entrer ces objets dans un magasin parisien somptueux et emblématique. C’est une consécration personnelle qui n’a pas de valeur financière, mais plutôt une valeur affective !
Quelqu’un m’a récemment dit qu’ils ont décidé de venir vivre à Marseille après la location dans ma maison. Ils ont décidé de tout quitter et ils en sont extrêmement heureux.

Je fais ça pour qu’à un moment donné, un moment décisif se passe dans la vie des gens. Ce moment décisif peut être une bonne soirée, un moment avec son mari, un moment avec ses petits-enfants. Je reçois beaucoup de famille dans mes maisons et ces moments comptent !

Quel établissement te fait de l’œil pour y séjourner le temps d’un week-end ?

Je vais en citer deux :
Le moulin de Marine et Lucas ;
L’heure vide de Sophie.

J’espère pouvoir les découvrir prochainement.

Quel titre illustre le mieux l’état d’esprit d’Enamoura ?

C’est la question la plus difficile !

Ce matin, j’ai écouté très fort une chanson d’Imany « Take Care ». Enamoura, c’est une façon de prendre soin des gens et de les aimer à travers les décors mis dans nos maisons.

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