Pour cet épisode je vous emmène en Dordogne, chez Maison Bel Estiu dans un esprit convivial et décontracté. Sa propriétaire Émilie a quitté Paris pour se lancer dans un projet inédit : rénover un ancien corps de ferme en maison d’hôtes absolument charmante. En plein cœur du Périgord, Maison Bel Estiu est un lieu unique qu’elle décrit à la fois comme maison d’hôtes et gîte.
Pleine d’ambition et de volonté, Émilie partage avec nous son aventure : un rêve un peu fou et un vrai pari… (relevé haut la main !)
Je vous souhaite une belle écoute / lecture !
Chez Émilie Ergoll, propriétaire de la Maison Bel Estiu dans le Périgord
Rénover un corps de ferme en maison d’hôtes était loin de faire partie de l’idée de départ d’Émilie. Et pourtant, il lui aura suffi d’un coup de cœur pour la région (puis d’un deuxième pour la maison ! ) …
Peux-tu te présenter ?
Je te remercie tout d’abord de m’avoir invitée. Je trouve que c’est une superbe idée et je suis ravie de participer ! Je m’appelle Émilie et je vis dans le Périgord depuis 5 ans avec Marie ma compagne. Suite à l’achat d’un ancien corps de ferme en 2015, la maison d’hôtes Bel Estiu est ouverte depuis 2016.
Comment t’es venu ce projet ?
C’est un projet qui est là depuis longtemps dans ma tête. Un rêve un peu fou et à un moment donné ça s’est précisé et j’ai ressenti le bon moment pour me lancer. J’étais à Paris avant. Je travaillais chez Ventes Privées depuis 6 ans. Avant cela, j’ai travaillé dans une agence de pub suite à mes études de communication.
J’étais à un tournant professionnel, j’avais envie que ça change. Ma compagne et moi avions cette idée de maisons d’hôtes. L’idée est devenue de plus en plus présente. À un moment, on était au pied du mur et on s’est dit : si on y va, on y va maintenant. Une fois que l’idée a été prise, ça s’est fait en 5 mois. Ça a été super rapide.
On a d’abord déterminé le coin, on voulait aller dans le sud-ouest de la France. C’était super large au départ. On a éliminé au fur et à mesure en fonction du budget, de l’emplacement… On a pris la voiture pour sillonner le coin et on est descendues pendant une semaine. On était autour de Toulouse et finalement on n’a pas eu de coup de cœur. Puis on est arrivées dans le Périgord pour 3 jours (avec la tente dans le coffre !) et ça a été le gros coup de cœur pour le coin !
Pour nous il y avait du potentiel, ça nous plaisait et on s’y sentait bien. Un coup de cœur des fois ça ne s’explique pas, c’est plus du ressenti ! Ensuite, on est retournées à Paris pour voir si financièrement ça collait, si c’était réaliste. On est redescendues 1 mois et demi plus tard pour visiter des maisons. En 1 semaine on avait trouvé…
Un deuxième coup de cœur…
Oui et avec gros changement de projet puisque c’est vrai qu’au départ on savait ce qu’on voulait : 2 maisons séparées (l’une pour les hôtes et l’une pour nous). Ce critère était important pour moi car ça venait de nos expériences en maisons d’hôtes. On a fait pas mal de séjour en maisons d’hôtes et c’est aussi ça qui nous a donné envie d’en créer une.
Le gros changement dans notre projet c’est qu’on ne voulait pas faire de gros travaux. On a commencé à visiter des maisons déjà rénovées. À chaque fois qu’on visitait, ça ne collait pas avec nos attentes (pas de salle de bain dans chaque chambre, espaces pas aménagés de la bonne manière…). On a changé notre fusil d’épaule au moment de notre rencontre avec Bel Estiu…
On est passées complètement par hasard sur une petite route en allant visiter une autre maison. Et on a vu ce panneau “À vendre”. Moi j’avais à peu près repéré toutes les maisons à vendre dans un rayon de 30 km. Et je me disais que c’était bizarre que je n’aie pas vu celle-ci…
Donc on s’est arrêtées en regardant à travers le portail. Ça avait l’air d’être vraiment une ruine. C’est un ancien hameau donc il y a plein de dépendances accolées. Ce serait donc tout le hameau qui serait à vendre et pour nous ce serait inévitablement inaccessible…
Ça nous restait quand même un peu dans la tête donc on a regardé sur Internet. En fait, je ne l’avais pas vue, car elle était sous le budget que je m’étais fixée. On s’est dit que ça valait le coup d’aller voir. Et ça a été immédiat. Pendant la visite, on ne se parlait pas, on regardait partout. On a laissé la visite se terminer et on s’est regardées toutes les deux en se disant : c’est celle-là vraiment. Pour le coup c’était une ruine.
Il a fallu alors revoir tout le projet …
Forcément on a acheté moins cher que ce qui était prévu, mais toute la partie travaux était hyper conséquente. Mais voilà ça fait aussi partie de l’aventure puisqu’on s’est lancées dans le projet de rénover un ancien corps de ferme en maison d’hôtes.
Maison Bel Estiu est une ancienne ferme du 18e siècle. La grange de 200 m² (initialement un grenier à foin), où il n’y avait rien, est devenue la maison d’hôtes. Le rez-de-chaussée était initialement une étable. Il n’y avait ni eau, ni électricité, ni assainissement… Et l’ancienne maison qui est devenue notre maison avait un super potentiel. L’intérieur n’avait pas changé depuis les années 20 et a demandé aussi beaucoup de travaux.
Est-ce que le projet de rénover un corps de ferme en maison d’hôtes a impliqué de changer de travail ?
Oui d’une part géographiquement. Marie est médecin généraliste donc elle a retrouvé un travail ici. Il y avait pas mal de demandes et elle n’a pas eu de difficultés à trouver. Et moi à ce moment, j’avais déjà quitté mon boulot et je travaillais en freelance. Au début, je faisais des allers-retours pendant 3-4 jours pour gérer les missions en freelance à Paris. Puis très vite je me suis rendue compte qu’il fallait que je sois là sur place, sur le chantier.
Du coup, j’ai arrêté de travailler. Et je me suis vraiment consacrée à la maison, pour gérer tous les dossiers en cours. On était noyées dans tout ce qui est administratif, le chantier, le projet… On avait besoin d’être à 100% ici.
Avais-tu une expérience dans l’hôtellerie/le tourisme ?
Pas du tout ! À part louer mon appart’ en Airbnb à Paris et une saison dans la restauration quand j’étais jeune, ce n’était pas mon cœur de métier. Mais ça ne m’a pas plus effrayée que ça. Alors évidemment au départ j’étais hyper stressée car on quitte tout : on change de boulot et puis je savais qu’il n’y aurait pas de retour en arrière possible.
Il fallait que ça fonctionne. Je savais qu’en étant à 500 bornes de Paris et en ayant complètement changé de secteur je ne pourrai pas retourner en arrière et reprendre le boulot que je faisais avant. C’était un vrai pari, j’avais vraiment cet objectif que ça tourne et que ça fonctionne, mais ça on ne le sait jamais réellement à l’avance.
J’avais quand même cette confiance de me dire qu’au pire si ça ne fonctionne pas, je ferai autre chose et que je rebondirai. Par chance, ça fonctionne et ça c’est chouette ! (je touche mon bureau en bois !).
Choix de l’hébergement
Quels étaient les critères de choix d’Émilie ? Comment a-t-elle imaginé la maison ?
Qu’est-ce qui motivait le choix de rénover un corps de ferme en chambre d’hôtes plutôt qu’en gîte ?
Je préférais les chambres d’hôtes pour la partie accueil. J’avais envie d’être là pour les petits-déjeuners. La construction de la maison permet de partager une cour en plus d’un jardin. J’avais envie que ce soit mon activité quotidienne et d’avoir vraiment cet échange avec les hôtes.
Là-dessus j’ai pas eu d’hésitations. Finalement j’ai un peu les 2 modèles. Je travaille à 80% en chambres d’hôtes et 20% en gîte. Parce que le fait que la maison soit complètement indépendante fait que je peux la louer. C’est pas mal d’avoir ces 2 possibilités pour répondre aux demandes en ce sens de personnes qui veulent un espace privatisé.
Comment as-tu meublé et équipé la maison ?
Il y avait déjà pas mal de choses qu’on avait (pas énorme non plus car on n’avait pas non plus 100 m² à Paris). On avait quelques meubles et on a beaucoup chiné quand on est arrivées ici. C’était la partie détente entre les travaux.
Pour les éléments de confort tout est neuf. Pour la literie, le canapé, linge de maison on a recherché sur Internet et on travaille avec des marques que j’aime bien. C’est un mix entre du neuf et des objets chinés.
Aurais-tu une idée du budget que cela représente sur votre enveloppe globale ?
On est sur une moyenne de 30 000 euros car il y avait tout à acheter dont la cuisine équipée.
Comment t’es venue le nom de la maison et quelle en est sa signification ?
Bel Estiu ça veut dire “Bel été” en occitan. C’était de grosses parties de rigolades le soir pour se détendre. Compliqué la recherche du nom, ça a brainstormé à fond ! Ça part toujours dans tous les sens ! Je voulais quelque chose de doux, facilement mémorisable… Je ne me rappelle plus de toutes les idées qu’on a eu.
À chaque fois que je trouvais quelque chose en français je me disais que ça n’allait pas (pour l’anecdote j’avais trouvé le nom “reposoir” qui pour moi sonnait doux mais qui était en fait le lieu où l’on mettait des personnes décédées…).
J’ai fait des recherches en occitan qui est l’ancienne langue parlée ici dans toute la région pour me donner d’autres idées. J’ai trouvé un dictionnaire en occitan et je cherchais des thématiques autour des vacances, de l’été et ça c’est fait comme ça ! On l’a laissé mûrir quelques jours, quelques semaines… Si on ne s’en lassait pas et que ça restait, c’était qu’on avait trouvé le bon nom !
Ce que j’aime c’est que les gens se l’approprient vraiment (à bel estiu, chez bel estiu…), chacun fait comme il veut et ça me va bien !
Rénover un ancien corps de ferme en maison d’hôtes : les démarches
La rénovation a été une étape importante du projet. Comment s’est déroulée cette étape cruciale ainsi que l’acquisition de la maison ?
As-tu été accompagnée pour lancer les travaux ?
Avant de faire une promesse d’achat, on a appelé un maître d’oeuvre qu’on a trouvé complètement par hasard sur les Pages Jaunes. Très sympa, il nous a dit que les murs et les toits étaient bons. Il nous a dit aussi que le prix était correct par rapport au marché. Du coup on a fait notre achat comme ça.
On est retournées à Paris pour travailler avec lui et ça s’est hyper mal passé. Il n’a pas eu l’honnêteté de nous dire qu’il ne gérait pas ce type de projets. Il faisait plutôt de la maison neuve, alors qu’on était sur un projet de rénovation d’un ancien corps de ferme en maison d’hôtes. On a été jusqu’au permis de construire avec lui, mais on avait une idée assez précise de ce qu’on voulait (matériaux, agencement, déco…).
Passé cette étape, on a dû changer de maître d’œuvre car ça ne se passait vraiment pas bien. On était arrivées à ce moment-là dans le Périgord. On sentait qu’il ne comprenait pas du tout ce qu’on voulait. C’était une mauvaise rencontre, ça arrive… Si sur le moment c’était très compliqué, après coup on a fait une très belle rencontre.
Mais sur le coup on ne se dit pas ça, on pense à la galère dans laquelle on s’est embarquées (un chantier à moitié commencé, les échéances à tenir pour assurer l’ouverture en juin/juillet…). Puis, on a rencontré quelqu’un de super qui a eu un vrai coup de cœur pour la maison. On a été plus exigeantes avec lui en termes de délai. Il a accepté de relever le défi !
Est-ce que vous avez dû faire un emprunt ?
Oui. On avait un tout petit appart’ à Paris dans lequel on n’est pas restées très longtemps et qu’on a revendu. On a acheté à 2 en indivision et après on a séparé. Une partie est passée en professionnel et l’autre à titre particulier.
Avant d’avoir fait ton offre pour l’achat du corps de ferme, est-ce que tu avais fait une étude du potentiel touristique ?
Je l’ai fait plutôt en même temps, ce qui n’est pas forcément judicieux. Au moment où on a déterminé le lieu, j’ai vraiment regardé ce qu’il se passait. Ici dans le Périgord, il y a une concurrence de dingue avec énormément de maisons d’hôtes, de gîtes… Ce qui est aussi rassurant car ça montre qu’il y a de la demande et un tourisme qui fonctionne bien.
Après je ne me suis pas lancée dans une étude de marché hyper poussée. J’ai surtout regardé la moyenne des nuitées pour estimer un prix en partant sur une fourchette basse. C’est toujours une bonne surprise quand ça fonctionne mieux que ce qu’on attendait. Ce qui a été compliqué et là où je ne m’y attendais pas du tout, c’était pour l’obtention du prêt.
Je me disais que mon projet de rénover un corps de ferme en maison d’hôtes tenait la route sachant que c’est une petite maison qui accueillerait 3 chambres d’hôtes. L’investissement était conséquent mais ce n’était pas non plus des millions d’euros. On était 2 donc relativement sécurisant aussi. Malgré ça on a eu beaucoup de refus de banques qui ne voulaient pas nous suivre.
On a fini par tomber sur une banque qui nous a dit de mentir, en gros de dire qu’on continuait nos activités et que le gîte serait un complément de revenus. Ça semble fou mais on a eu notre prêt comme ça !
Est-ce que tu as fait le choix de te faire accompagner par un expert-comptable ?
J’ai un comptable actuellement. Pendant le lancement de la maison d’hôtes j’ai aussi énormément rencontré de professionnels comme des notaires, des experts-comptables, la CCI… J’ai lu surtout des tonnes d’informations sur Internet, à essayer de trier pour garder ce qui était important pour moi.
Quand on se renseigne sur ce secteur on se prend une tonne d’informations liées à divers domaines. Ça a été une période de stress car il faut faire les bons choix en fait. J’ai rencontré pas mal de gens et à chaque fois j’avais des informations très différentes.
Et à un moment je me suis rendue compte que personne n’allait me dire ce qui allait me correspondre et ce qu’il fallait faire. Personne n’allait prendre de décisions à ma place (voilà le statut à choisir, comment investir, comment cotiser…).
Il a fallu faire des choix. Je suis en EURL, c’était la forme juridique la plus simple pour moi. D’un point de vue du temps et des coûts, car ce statut me coûtait aussi le moins cher très honnêtement. Donc à un moment il faut se lancer et se dire qu’on peut toujours revenir en arrière (passer en société)…
Ça fait aussi partie de l’entreprenariat de prendre des bonnes décisions et c’est pas évident quand on était salarié avant de le faire.
La maison est-elle classée par un organisme labellisé ?
Dans le Périgord, on a des labels spécifiques pour les maisons d’hôtes. Mais je n’ai pas cherché de classement particulier. Je me suis intéressée aux labels environnementaux, mais la première année j’ai pas eu le temps de m’y pencher. En fait, c’est compliqué de décrocher ces labels. Ce qui m’a retenu c’est que d’une part c’est un investissement en termes d’équipements et d’autre part il fallait payer pour le faire.
Je n’étais pas d’accord avec ce principe de payer pour avoir un label. C’est souvent aussi une perte de liberté en fonction des critères un peu limitants. J’ai clairement abandonné l’idée du label et aujourd’hui l’investissement dans l’écologie je le fais autrement au travers de mes engagements au quotidien. Ils se voient ou pas parce que je ne communique pas forcément dessus. Ce qui a le plus de sens c’est ce que je fais et pas d’avoir une pancarte sur la maison.
La commercialisation de la Maison Bel Estiu
Quels choix stratégiques Émilie a-t-elle fait pour booster la visibilité de la maison Bel Estiu ? En quoi Instagram a été un déclencheur de réservations ?
La Maison Bel Estiu est présente sur plusieurs plateformes de réservation. Comment se sont orientés tes choix ?
C’est une vraie stratégie. J’ai évolué avec le temps sur cette question. J’ai ouvert en juillet 2016 en plein été en me disant que ça allait être une demi saison. Je me suis mise sur toutes les plateformes possibles (Booking, Expedia, Airbnb…) pour faire connaître la maison et travailler.
J’avais été contacté par une autre plateforme qui s’appelait Charmes et Traditions à l’époque. Ces plateformes fonctionnent soit par commission soit par abonnement. On paye un forfait pour l’année. La première année j’ai beaucoup travaillé avec Airbnb.
Au fur et à mesure, ça s’est très vite rempli et je me suis rendue compte que ces plateformes représentaient un budget énorme. Ça m’enlevait beaucoup de revenus. J’ai commencé à diminuer les disponibilités sur ces plateformes, parce que j’avais cette certitude de pouvoir remplir au moins l’été. Aujourd’hui s’en passer c’est très compliqué, mais je diminue le plus possible ma présence sur ces plateformes là en particulier.
J’essaye de privilégier les plus petites plateformes qui font des sélections (Enjkey par exemple) et qui sont plus directes. C’est aussi la clé de l’indépendance. Pour l’instant ça fonctionne comme ça, mais si l’année prochaine je dois retourner sur Booking j’y retournerai. Ma stratégie aujourd’hui c’est essayer de se passer le plus possible de ces grosses plateformes.
Dans ton budget communication est-ce qu’il était important de faire appel à un photographe professionnel, réaliser un site, un logo…?
Le gros investissement c’est le site internet. Je l’avais déterminé dès le départ. J’avais la chance dans mon réseau d’avoir des directeurs artistiques, des gens qui faisaient des sites… J’ai travaillé avec une ancienne collègue avec qui j’étais en agence. C’est toujours le même site web et je trouve qu’il ne vieillit pas plus que ça. Même si des fois j’aimerais bien le changer, je trouve qu’il est chouette. C’est un investissement primordial.
Je ne fais pas de publicité payante. Pour la photo j’en fais un peu, mais pas à un niveau professionnel. Par contre, j’ai eu la chance de rencontrer une superbe photographe sur Instagram, qui habite pas très loin de chez moi. Elle a aussi eu un coup de cœur pour la maison. Émilie Soler vient régulièrement faire des photos, quasiment à chaque saison. C’est aussi essentiel !
Les réseaux sociaux sont-ils une source de réservation ?
Ça s’est aussi fait au fur et à mesure. Quand j’ai ouvert mon compte Instagram il y a 5 ans j’étais pas très calée. J’ai commencé à poster des photos du chantier sans grande conviction en me disant simplement que ce serait bien d’y être… Sur Facebook je n’étais pas hyper enthousiaste non plus.
Pourtant, ma première réservation vient d’Instagram ! C’était une famille qui avait vu une photo du chantier que j’avais postée. Et là je me suis dit qu’il fallait vraiment que j’investisse là-dessus. Aujourd’hui j’utilise assez peu Facebook, mais je me consacre beaucoup à Instagram.
Je vois la différence depuis 2 ans. 30 à 40% de mes contacts passent par Instagram ce qui est fou ! Ça me fait aussi rencontrer des gens, échanger avec d’autres maisons d’hôtes… ce réseau est fabuleux !
Après je ne suis pas assidue. Je ne poste pas tous les jours. J’adore la photo et les images j’en ai plein. Mais je me demande ce que je vais bien pouvoir raconter qui soit intéressant. Je m’autocensure beaucoup.
Je le fais parce que c’est gratuit, c’est une façon de mettre la maison en avant et de garder le lien avec les hôtes, d’en rencontrer des nouveaux et d’entretenir le réseau professionnel autour. La presse également parce que j’ai eu pas mal de retombées presse et ça s’est fait via Instagram. C’est le réseau magique !
Le quotidien à la Maison Bel Estiu
Gérer une maison d’hôtes est un travail très prenant… Comment Émilie organise-t-elle ses journées ?
Quelle est ta journée type ?
Je me lève très tôt avec un café. Je prépare le petit-déjeuner des hôtes un peu chez moi et dans la cuisine de la maison d’hôtes. Il démarre à 8h30 et se termine à 10h30. La grande activité des propriétaires des maisons d’hôtes, pas très reluisant c’est quand même le ménage. Ça occupe une grande partie de ma journée avec l’entretien de la maison ainsi que le jardin, la piscine (en saison quand je suis à fond dedans). Je travaille seule. J’ai personne qui vient m’aider, sauf quelqu’un en pleine saison quand j’ai 3 départs/3 arrivées sur a même journée.
Le reste du temps je m’occupe de tout et même si des fois je me dis que ce serait bien de se faire aider, je trouve pas forcément de gens qui bossent comme moi ou qui sont motivés. En même temps, ça m’offre une grosse liberté. Et ça j’y tiens vachement. Si je dois faire le ménage à 14h pour laisser les hôtes se poser dans leurs chambres, alors ce sera à 14h. Ça permet aux hôtes de se sentir chez eux et d’être à l’aise.
L’après-midi, en fonction des journées, ça dépend soit il y a des accueils/arrivées à gérer, soit j’ai le temps de faire une mini pause ou de faire des courses. Il y a des apéros aussi souvent (pas tous les soirs non plus, car faut aussi penser à sa santé !). Puis je prépare les petit-dej pour les lendemains et entre-deux je réponds aux messages, aux demandes. Je m’occupe aussi du linge.
Tu ne délègues pas la gestion du linge ?
Non non je m’occupe de tout. Depuis cette année, j’ai quelqu’un qui s’occupe de mes vitres quand c’est nécessaire, parce que c’est l’activité que je déteste le plus au monde et que je ne sais pas faire !
Il y a aussi Marie qui m’aide le week-end et qui adore passer le tracteur tondeuse pour se détendre. On s’aide mutuellement, mais je n’ai pas d’équipe à proprement parler autour de moi.
Est-ce que vous avez réussi à trouver un équilibre vie pro/vie perso ?
C’est un peu tout mélangé. Mais ça nous convient aussi. C’est mélangé parce qu’on adore recevoir du monde, ça fait partie du critère de départ quand on crée une maison d’hôtes. Ça évolue au fur et à mesure des années. Je me fais la plus discrète possible pour que les hôtes se sentent vraiment à l’aise et comme chez eux.
Je m’adapte à eux, s’ils ont envie ou non qu’on soit là. Les apéros d’été font aussi partie de la vie de la maison d’hôtes et des rencontres. C’est ce qui fait l’intérêt de cette activité, autrement ça se résumerait à accueillir et faire du ménage. Les rencontres font la saveur de la maison d’hôtes. Le fait d’être sur place rend difficile l’équilibre pro/perso même si on a des maisons séparées.
Quand on est fatiguées et qu’on a envie d’être tranquilles, on ne s’impose rien et on se fait une soirée que pour nous. Et à l’inverse, si je ne pars pas de la maison je bosse tout le temps. Après c’est un choix de vie qui me convient. Pour être en vacances, il faut partir de la maison.
Et en même temps c’est compliqué de couper complètement, car il y a des demandes de renseignements, des mails qui tombent… même en vacances il faut y répondre. C’est une activité prenante tout le temps !
Et après ?
Comment Émilie se projette-t-elle sur l’avenir ? Jusqu’où ira-t-elle par passion ?
Quels sont les futurs projets de la Maison Bel Estiu ?
Il y en a plein ! Faut trier, compter, voir ce qui est possible ou pas. Je travaille d’avril à décembre. De janvier à mars je suis fermée en général. Peut-être que ça changera mais pour l’instant j’ai cette période pour me ressourcer, faire des travaux à la maison ou préparer la saison suivante.
D’année en année, j’essaye toujours de changer un peu, d’apporter de nouvelles choses dans la maison (un terrain de pétanque, des meubles en bois…). Le gros projet c’est que je souhaiterais agrandir, en créant un petit gîte dans la maison. C’est le projet qui m’occupe depuis 2 ans, je réfléchis à comment faire car je ne veux pas dénaturer le calme que les hôtes apprécient dans la maison.
C’est en grande réflexion. Il y a de l’enthousiasme et en même temps de la peur, se lancer dans un nouvel investissement ou pas… Passion travaux, passion déco une fois qu’on tombe dedans bizarrement on a quand même envie d’y retourner !
Est-ce que l’activité te permet de te verser un salaire ?
Oui. La première année ce n’était pas possible, mais depuis la deuxième année j’arrive à me dégager un salaire qui me convient. Souvent on me demande si cette activité est rentable. J’avoue que j’ai beaucoup de mal à répondre à cette question car la rentabilité c’est très subjectif.
Mon objectif était d’avoir une activité à la campagne, payer les charges de la maison, d’avoir de quoi vivre et de quoi faire 1 ou 2 voyages par an. Si je considère ces objectifs, ils sont remplis. Après tout dépend de ce qu’on souhaite gagner, de ses besoins… J’arrive à me verser un salaire que j’arrive à lisser sur l’année, même si je ne travaille pas les 12 mois.
Ça dépend aussi de l’investissement de départ. Je ne paye pas de loyer comme je pourrai le faire en société. C’est un remboursement d’emprunt qu’on fait à 2.
Aux porteurs de projet qui souhaitent ouvrir une maison d’hôtes
Et si l’aventure de la rénovation et des chambres d’hôtes vous tente, les conseils donnés ici pourront vous intéresser !
Est-ce que tu avais bien appréhendé tout ce qu’impliquait la création d’une maison d’hôtes ?
Aujourd’hui si je fais le bilan je pense que c’est mieux que ce que j’avais imaginé. L’activité me plait, je fais des superbes rencontres. Ce que j’avais pas anticipé c’est que ce serait aussi prenant. Il n’y a pas de week-ends, quand la saison a commencé c’est du 24h/24. Il y a une charge de travail très importante !
Après coup, je suis hyper satisfaite de ce qu’est devenue la maison (même dans mes rêves les plus fous je l’aurais pas imaginée comme ça), donc ça c’est chouette. La vraie satisfaction de ma toute petite entreprise c’est que je reçois des gens avec qui je m’entends très bien, hyper fidèles et qui sont contents de revenir !
Quels sont les 3 conseils que tu donnerais à un porteur de projet ?
- bien ficeler la partie financière qui est super importante ;
- ne pas se décourager car il y a des périodes remplies de galères et de déconvenues quand on travaille avec des gens ;
- s’investir personnellement et mettre de soi dans tous les aspects de son projet : la déco, l’accueil pour être en phase avec ses valeurs.
Pour conclure…
Il est bientôt l’heure de se quitter, mais avant, petit partage d’inspirations…
Quel gîte te donnerais envie de tout plaquer le temps d’un week-end ?
Le Coco Barn Wood Lodge et La Palmeraie Hotel à la Baule
Quelle musique décrit le mieux l’état d’esprit Maison Bel Estiu ?
Je l’assume pleinement : c’est “Voyage Voyage” de Desireless !
Merci beaucoup Émilie c’était un plaisir de te recevoir et de connaître plus en détails ton expérience. Merci pour ce superbe partage et je te souhaite une très belle continuation.
Photographe : Émilie Soler
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