Ouvrir une maison de vacances en Bretagne

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Aujourd’hui, nous allons découvrir le Morbihan, et plus précisément Trinité-sur-Mer, grâce à Yann et Naoko. Très attaché à sa Bretagne natale, Yann décide de donner une seconde vie à une ancienne maison familiale autrefois habitée par son grand-oncle. Il embarque alors Naoko son épouse, dans l’aventure de la rénovation. Ensemble, le couple souhaite proposer une location de vacances pour faire découvrir le cadre naturel et exceptionnel de leur région. Ils sont aussi animés par la volonté de transmettre un véritable art de vivre et faire de cette maison un lieu d’échanges, de rencontres et de convivialité.

Je vous souhaite une belle écoute / lecture !

Présentation de Yann et Naoko, heureux propriétaires de la Maison Passage

Rencontre avec un couple franco-japonais, l’une architecte, l’autre photographe, uni par la même volonté : celle d’ouvrir une maison de vacances en Bretagne.

Est-ce que vous pouvez nous décrire où vous vous trouvez en ce moment ? Et ce qui vous entoure ?

Alors on est effectivement à Trinité-sur-Mer. C’est le village où j’ai grandi. Donc là on est chez nous à Maison Passage. Par une fenêtre, on voit des champs avec des chevaux qui viennent brouter devant la maison le matin. Et par l’autre fenêtre, on voit une rivière d’eau salée, que l’on appelle ria en Bretagne. C’est là où les ostréiculteurs sont installés tout le long de la rivière avec leurs bateaux. On peut les voir ramener les huîtres, repartir en mer… c’est une zone assez active pour ça. On trouve un côté campagne et un côté mer : une ria bretonne magnifique.

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Est-ce que vous avez pu poser vos valises aujourd’hui dans votre maison ?

Il y a 75 % des travaux qui ont été fait. On s’est installé en novembre, à l’étage de la maison principale. Le bas était fini fin décembre mais il reste encore des choses à faire. Et sur le troisième logement, il est en train d’être fini. Il reste encore deux mois de travail dessus et il y a encore tous les extérieurs. En attendant, on est entre la Trinité-sur-Mer et Paris.

On va d’abord commencer par une petite présentation et savoir comment vous est venue l’idée d’ouvrir une maison de vacances en Bretagne…

Naoko : Moi je suis architecte d’intérieur à Paris au sein d’une agence. Je suis japonaise et j’ai grandi en Angleterre et en Australie. Yann et moi nous sommes rencontrés là-bas, à Sydney. Et on est revenu en France il y a une dizaine d’années…

Yann : Moi c’est Yann, je suis photographe orienté lifestyle, mode, design d’intérieur, architecture. J’ai grandi ici à Carnac, la Trinité-sur-Mer. Alors je dis souvent soit Carnac, soit Trinité-sur-Mer parce que la Maison Passage est coupée en deux sur chaque commune.

Mon père est ostréiculteur comme l’étaient mon grand-père et mon arrière grand-père qui se sont installés dans le village, il y a un siècle. Donc c’est un village qui contient une dizaine de maisons et il doit avoir 8 maisons qui ont le même nom de famille que moi. On y trouve mes parents, mon oncle, ma tante.. Il y a aussi l’ancienne maison de mes grands-parents et d’autres cousins qui étaient tous ostréiculteurs.

Et il me semblait avoir vu ton frère Guillaume sur des photos, non ?

C’est ça. Il habite sur l’autre rive. Ici c’est vraiment chez moi, dans ce village, dans cette maison. Du coup, quand elle était fermée, c’était mon grand-oncle qui y habitait. Il est décédé il y a dix ans. Elle est restée inhabitée pendant une dizaine d’années et du coup j’ai proposé à mes cousins de la reprendre.

Elle était vraiment dans un sale état, mais j’avais vraiment à cœur de la rénover et d’ouvrir une maison de vacances en Bretagne. J’avais envie de faire profiter aux gens de l’environnement dans lequel j’ai grandi qui est assez exceptionnel.

Tu as suffisamment fait le tour de Paris ? Ou c’est juste le plaisir de te retrouver à Carnac en pleine nature ?

Tous les gens qui ont habité à Paris te diront un peu la même chose. Mais on a aussi un enfant qui a cinq ans. Et du coup, notre vie sociale s’est un peu transformée et c’est vrai qu’on profite plus ici qu’à Paris. On a bien profité de Paris et on est un peu arrivés sans doute au bout du truc, sans se sentir pour autant dégoûtés. Mais c’est vrai qu’on a une telle qualité de vie ici et notre fils aussi, avec tout ce qu’on peut faire à l’extérieur.

Après, moi j’ai toujours navigué et fait du surf, donc on passe beaucoup de temps dans l’eau : à la plage, on va pêcher, on fait du paddle. J’ai vécu un peu à Sydney, là où j’ai rencontré Naoko et on retrouve un peu cette qualité de vie (excepté le climat), où effectivement on a une vie très outdoors.

Les gens vivent comme ça ici. Le soir on peut aller à la plage, on va surfer ou on peut prendre un bateau pour aller sur les îles qui sont en face. On est très connectés à la nature, au vrai sens du terme, au sens où on fait beaucoup plus de choses dehors.

Votre enfant préfère-t-il vivre à Paris ou à Carnac ?

C’est un enfant très conservateur. On peut parfois être au bout du monde dans un super endroit. Et lui nous dira : “c’est quand qu’on retourne à Paris ?”. Moi, j’ai tous mes copains d’enfance qui sont ici qui ont aussi des enfants. Donc on va beaucoup chez les uns, chez les autres.

Ici, notre fils peut aller à pied chez ses copains. Il n’y a quasiment pas de voitures qui passent avec seulement des gens qui sont en vélo ou à pied, donc c’est sécurisé pour lui. Il part tout seul, même à cinq ans sans problème.

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Le choix de l’hébergement dans le Morbihan

Quels étaient les critères de choix de Yann ? Et comment a-t-il eu envie d’en faire une location de vacances en Bretagne?

Avez-vous une idée de l’organisation en ce qui concerne les petits-déjeuners et le ménage ? Est-ce que vous avez envie de faire appel à d’autres personnes pour vous aider ?

En fait, on est un peu obligés parce que j’ai un emploi du temps qui est assez chaotique. C’est-à-dire qu’on peut me prévenir en dernière minute pour partir en Italie pour des prestations photos. Donc, si on n’a pas anticipé et que je suis là, je peux le faire sans soucis. Mais si je dois partir, on a besoin de gens pour nous aider.

Donc là, en l’occurrence, je suis en contact avec une conciergerie locale. C’est un couple franco-australien aussi. Et du coup, ils vont nous aider sur le check-in, le check-out, le ménage, et sans doute un peu plus.

Le souci aussi, c’est que j’ai beaucoup de travail en été. En juin, je n’ai aucun week-end de libre. Je suis en Italie quasiment la moitié du mois et du coup, il faut quelqu’un qui gère. Mais ça tombe bien, car c’est durant l’été où il y a le plus de demandes. Et c’est durant cette saison qu’on travaille le plus, donc c’est aussi là où on n’est pas vraiment dans la maison.

Est-ce que vous êtes déjà à titre personnel, client de chambres d’hôtes et de gîtes ?

Quasiment tous les week-ends. Quand je vais shooter les mariages, je vais quasiment tous les week-ends de l’été dans des chambres d’hôtes.

Ça a été une source d’inspiration pour aménager la maison Passage à la Trinité-sur-Mer?

Clairement ! Parce qu’en fait, je sais ce que je n’aime pas. Par exemple, les Airbnb en Italie ont un tout autre fonctionnement qu’en France notamment en ce qui concerne l’accueil. En Italie, quand on arrive, il y a toujours de quoi boire. Et c’est typiquement ce genre de choses que je recherche et qui font plaisir, car je suis là pour bosser. Tous ces détails que j’apprécie, je vais le répéter ici clairement, parce que je pense que c’est la bonne façon d’accueillir les gens pour qu’ils se sentent bien quand ils arrivent.

Et toi Naoko, est-ce que tu l’as abordé plus comme étant une maison de vacances en Bretagne ou comme une maison qui accueille d’autres familles ?

Plutôt un mix des deux ! C’est vrai qu’on voulait avoir du mobilier qui ait déjà vécu, un peu vintage… avec du caractère. En gros des meubles qui ont une histoire. On voulait aussi une maison qui nous ressemble. Certes on est en Bretagne, mais c’est pas une raison pour mettre des ancres ou des bateaux partout en déco !

Est-ce que de savoir que vous alliez accueillir d’autres personnes, ça vous a aussi guidé dans le choix des matériaux et du mobilier ?

Pas vraiment. Parce qu’on part du principe que les gens qui viennent ici vont aimer aussi ce genre de détails. J’imagine que les hôtes sont bienveillants et font gaffe. Il n’y a pas non plus des objets précieux et on part du principe que la maison vit. Ce sont des pièces qu’on a chinées et qu’on aime bien. Après voilà, ce n’est pas neuf donc ce n’est pas très grave.

Toi Yann qui es sensible aux petits détails d’accueil, comment as-tu fait ton choix pour la literie et les produits d’hygiène ?

Sur la literie, on a choisi la marque Bonsoirs, car on se connaissait. On a acheté les draps et les serviettes auprès de cette marque. Sur les produits d’hygiène, on est en train de regarder quelque chose de local. Parce qu’il y a plein de marques de cosmétiques en Bretagne. Pareil pour les produits d’accueil : des galettes, des crêpes… L’idée effectivement, c’est de trouver des créateurs, des artisans, à valoriser à travers l’expérience qu’on propose.

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Quelle est la partie la moins fun du projet aujourd’hui ?

Gérer les artisans et trouver le temps de le faire, à côté de nos activités et de la vie de famille. Typiquement, la semaine prochaine, je pensais pouvoir passer six jours ici, mais je dois retourner shooter pendant 3 jours. Du coup, le planning des travaux exige que je fasse plus pendant les week-ends. Comme on a un travail à temps plein, il faut trouver des nuits ou des week-ends pour avancer sur le projet, construire quelques meubles… C’est toujours un petit peu compliqué d’avancer.

Il y a beaucoup de choses que vous faites vous-même ?

Oui, quand même. J’ai fait toute la peinture et la fin des travaux d’électricité. J’ai construit la cuisine. Notre prochaine étape : les extérieurs, afin qu’ils soient en état pour les prochaines semaines.

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L’acquisition de la Maison Passage et les démarches

Retour sur les grandes étapes concernant la découverte du bien et les travaux de rénovation réalisés…

C’était en quelle année que t’as eu l’idée de reprendre la maison de ton oncle ?

On a commencé à en parler durant l’été 2019. J’ai fait une offre à l’automne à mes cousins et là c’était compliqué, parce qu’ils étaient 7 héritiers. Du coup ils ont déjà dû se mettre d’accord pour mon offre.

Puis, une fois qu’on a voulu passer chez le notaire, ce n’était plus possible à cause d’une histoire de parcelles. Il y avait une parcelle à la Trinité et 2 à Carnac. Celle à la Trinité, on ne savait pas à qui elle appartenait. Et elle nous enclavait le terrain, donc le notaire ne voulait pas qu’on signe. Il s’est passé deux ans pour signer la promesse de vente, entre octobre 2019 et la signature finale en juillet 2021.

Donc pendant deux ans, c’est un peu l’angoisse et il y a une pression immobilière qui est folle ici. Il y avait toujours une chance que ça nous échappe en fait, parce qu’il y a des gens qui arrivaient avec beaucoup plus d’argent et qui pouvaient payer au comptant. Mais, heureusement mes cousins avaient à coeur que ça reste dans la famille.

Aucun d’eux n’avait vraiment pour projet de reprendre la maison ?

Les travaux étaient très très lourds. Et puis il y avait de grosses difficultés administratives, auxquelles personne n’avait envie de se coller. On est dans une zone très protégée parce qu’on est collés au littoral. Ce qui implique qu’on ne peut ni agrandir, ni surélever, ni toucher les surfaces au sol.

Par ailleurs, historiquement il y a des menhirs partout ici autour et du coup tous les permis passent par l’architecte des bâtiments de France. Et il y a des lois très carrées sur Carnac, sur la couleur des maisons, la couleur/taille des fenêtres etc…

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Par exemple, on n’a pas eu le droit de changer la façade. On a eu le droit de faire quelques modifications d’ajout de fenêtres. Par conséquent, il faut quand même beaucoup de volonté pour faire des travaux ! En ce qui concerne l’architecte des Bâtiments de France, il s’est passé six mois pour que la demande de travaux soit acceptée.

Vous ne vous êtes pas sentis découragés dans votre projet d’ouvrir une maison de vacances en Bretagne ?

Yann : Non, parce qu’on a décidé que ce serait ici. Et parce que moi j’ai grandi ici au bord de la mer. On avait regardé d’autres maisons mais si je ne trouvais pas de maison au bord de la mer, je n’en voulais pas.

Par ailleurs, il n’y avait aucune autre opportunité, c’est à dire qu’il n’y avait quasiment pas d’autres maisons en vente dans notre budget. Donc en fait, il fallait s’accrocher à ça, être patient et se dire que quoi qu’il arrive, à la fin, on y arriverait !

Naoko : C’était aussi un projet de rêve pour nous. Comme je suis architecte, on a commencé à se projeter. On s’est demandé ce qu’on pouvait faire avec cette maison bretonne qui était toute cloisonnée. J’ai commencé à faire des plans pour proposer de la double hauteur dans cet espace. On était très attachés à ce projet et donc on n’a pas lâché.

Est-ce que ça a été difficile Naoko de modifier les circulations, d’apporter à la fois de la modernité et du confort dans cette vieille maison ?

On n’a pas changé la structure, ni la toiture. Il y avait quand même pas mal de contraintes. Mais c’était un super projet pour moi ! On est assez contents du résultat. On a deux entrées distinctes ici qui existaient déjà. Du coup, on avait cette idée de séparer la maison en deux. Soit d’en faire un logement avec en bas deux chambres, une grande cuisine et l’espace salon.

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Tandis que sur le premier étage, on a pensé à un autre espace de vie avec deux chambres et des combles aménagés en chambre, pour qu’on ait la possibilité d’accueillir plus de monde.

C’était facile d’imaginer le nombre de chambres, la capacité totale que vous souhaitiez ?

Pas forcément. Avant il n’y avait pas d’escalier intérieur parce que le grand-oncle de Yann vivait plutôt en bas. Et à la fois, c’était très séparé avec l’étage qui était seulement loué pendant l’été. Aussi, il n’y avait pas de circulation verticale à l’intérieur de la maison. Donc c’était un peu compliqué à modéliser.

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La maison fait 80m² au sol. On voulait de grands espaces aérés et que ce ne soit pas trop serré. Ce qui était le cas à l’origine. Les pièces étaient toutes petites et il y avait plein de couloirs. Donc c’était d’autant plus difficile d’imaginer les aspects techniques de fonctionnement d’une maison moderne.

Pour l’acceptation du permis, j’imagine que vous étiez plus que prêts ?

Oui oui, plutôt ! On attendait les autorisations impatiemment 🙂

Est-ce que vous connaissiez des artisans à qui vous pouviez faire appel ?

Oui, parce que j’ai des copains qui étaient à l’école avec moi, qui sont artisans ici, et qui en connaissent d’autres. Plus les voisins aussi qui avaient fait une rénovation à côté. On a fait à peu près 6 mois de recherche et de devis. Les travaux ont commencé en janvier 2022 et on a signé en juillet 2021.

En fait, quand j’ai signé la promesse de vente en mai, on a commencé directement à s’y mettre pour les devis. C’était quand même compliqué, car le problème ici c’est d’avoir des gens disponibles. Tout le monde est débordé !

C’est un peu complexe mais je pense que c’est comme dans tous les projets de rénovation. On ne sait jamais quand ils vont venir et quand ce sera fini. Avec l’entreprise qui nous fait la rénovation générale, c’est quand même fiable. On a quelques soucis à droite, à gauche, mais globalement, ça va.

Et du coup, Naoko tu restes sur place pour driver tout le monde ou Yann tu fais aussi office de chef de chantier ?

On est toujours basé à Paris. Yann est freelance donc il est un peu plus flexible, au niveau de l’emploi de temps. Dès qu’il a un peu de temps, il revient ici. Yann est ici en moyenne 1 jour par semaine. Parce qu’effectivement il faut être là, pas forcément tous les jours, mais il faut venir sur le chantier au moins deux fois par semaine.

Quand t’as pensé à reprendre cette maison familiale, Yann, c’était dès le départ une évidence que tu en ferais une location de vacances en Bretagne ?

Exactement. Après, c’est aussi notre mode de vie. Nous on voit souvent du monde, puis on voyage beaucoup. Je photographie aussi des mariages et du coup je voyage partout en Europe, particulièrement en Italie. Du coup je me rends souvent dans des maisons d’hôtes où ce sont des mariages à trente, quarante personnes avec des grands dîners dehors.

Alors on ne fera jamais de mariage ici, parce qu’il y a des voisins partout, et ce serait absolument improbable. Mais plutôt d’en faire profiter les gens, d’organiser des dîners, de proposer des résidences d’artistes, d’organiser des expos, cinéma en plein air…

On va aussi louer les espaces parce qu’il faut qu’on paye la maison. Pour qu’on puisse nous vivre aussi ici, il faut qu’on loue une partie de l’année. Autrement, on ne peut pas vraiment s’en sortir financièrement.

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On est en train de rénover un vieil atelier qui sera aussi un lieu de travail. Puis on imagine que les artistes puissent venir pendant une semaine. C’est un peu multiformes. On commence donc on ne sait pas trop ce qu’on aura réellement le temps de faire, ce qui est viable ou pas. Mais c’est pas très important parce qu’il y a plein de choses qu’on a envie de faire. C’est l’expérience et le plaisir qui comptent avant tout !

Mais effectivement sur la location à terme, j’imagine pouvoir mettre des planches de surf à la disposition, des vélos, et que les gens profitent de la région, comme nous on en profite ! La Bretagne peut parfois être un peu cliché sur la façon dont elle est vendue d’un point de vue touristique.

Cela ne reflète pas forcément la vie qu’on a ici. Aller à la plage, aller surfer, aller pêcher, prendre le bateau, aller en mer, aller au marché en vélo.. Ce que nous on fait ici quoi ! Et du coup, on a à coeur, que les gens qui louent la maison profitent de la région comme nous on en profite.

Vous avez fait un emprunt pour pouvoir faire l’acquisition de la maison et assumer les travaux ?

J’ai fait un emprunt à titre personnel. J’avoue que je n’y connais rien en fiscalité, alors j’ai un comptable qui m’accompagne sur les questions liées au statut, aux plafonds etc…

Et justement sur le statut, est-ce que tu as déjà une idée de comment tu vas déclarer l’activité ?

A priori, on va être sur le statut LMNP pour commencer, pour voir comment ça prend, comment ça fonctionne… Enfin, je veux dire, comme beaucoup de gens, on va se lancer et on va voir si ça marche. On adopte la méthode du Test and Learn. Selon le succès de l’activité, il faudra peut-être choisir un autre statut. On verra au fur et à mesure. On a encore du mal à se projeter car on est encore dans les travaux…

En même temps, on va lancer la location de la Maison Passage la première semaine d’avril… donc c’est demain quoi !

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Le début de la saison ici c’est début avril. Parce qu’il y a une grande régate à la Trinité avec des milliers de personnes qui viennent faire du bateau. C’est à ce moment que toute la ville se réveille. Tous les commerces, les restaurants… Même si maintenant c’est quand même ouvert toute l’année. Donc ça, c’est très cool pour nous.

Cette deadline comment vous l’abordez ? Est-ce que c’est un stress ou plutôt un moteur ?

Non, il n’y a pas trop de stress, car il y a tellement d’autres trucs à gérer. On va d’abord louer un seul logement. Partir sur un soft opening pour voir comment ça fonctionne, comment les gens se sentent dans le logement, ce qu’il faut qu’on modifie etc…

C’est marrant parce qu’on a de la famille du Japon qui est arrivée hier. Et juste avec la façon dont ils utilisent leurs espaces, ça nous a permis de réfléchir à comment améliorer la maison de vacances à la Trinité !

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La commercialisation de la Maison Passage à la Trinité

Quels choix le couple projette-il de faire pour faire connaître le gîte à la Trinité-sur-Mer ?

Vous avez créé un compte Instagram, grâce auquel je vous ai découvert. C’était une envie perso ou à visée commerciale et marketing ?

C’est un compte qu’on anime tous les deux. Moi je m’occupe des photos et Naoko des Reels.

Les textes on les fait à deux (moi pour la version française et elle pour la version anglaise). Après de par mon activité, j’ai 2 autres comptes Instagram que je gère. Donc c’est un peu mon troisième compte Instagram, mais dont on s’occupe clairement à deux.

C’est assez naturel de gérer ce compte, parce que je prends des photos de la maison et je les publie. Et puis il faut dire qu’on a vachement envie de raconter, donc c’est assez facile. C’est naturel de se dire “OK, je veux montrer ça, je prends une photo, on fait un texte”. C’est pas très complexe. Il n’y a pas une stratégie béton derrière. On veut simplement montrer l’espace, où on est… Nos followers sont des gens qu’on connaît pour l’instant.

J’ai toujours 4 ou 5 photos d’avance, mais ce n’est pas une stratégie établie sur l’année. On crée des posts au rythme des saisons. Dans mon travail de photographe de mariage, Instagram représente un gros flux de notoriété et de réservation. Ça me semble obligatoire d’y être pour notre activité de gîte, et ce, avant même de créer un site.

Comment allez-vous commercialiser les locations de la maison de vacances en Bretagne ? Pour l’instant, pas de site internet mais ça reste quand même un projet ?

Oui j’en ferai un assez simple. D’ailleurs je me suis rendu compte qu’il y avait plein de chambres d’hôtes qui utilisent exactement la même architecture de site, le même template assez simple. Donc peut-être qu’on fera ça.

En termes de plateformes, ça sera AirBnB au départ, parce que c’est ce qui est plus simple et c’est ce qui permet d’avoir une gestion du calendrier facilitée. La conciergerie Maison Magnifique va un peu s’occuper aussi de la gestion des annonces et des réponses. Parce que si je me trouve en shooting un samedi, je ne pourrais pas répondre.

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Il faut quelqu’un qui puisse être dispo si les hôtes qui sont ici rencontrent un problème. Donc on va faire ça avec eux aussi. On regarde avec beaucoup d’envie des sites comme Enjkey ou The Suite Escape. On espère qu’un jour on sera référencé et que l’activité commencera à rouler pour se tourner vers ces plateformes !

Effectivement, on se retrouve bien sur ce type de plateformes en terme de lieux où séjourner. C’est clairement dans cette veine qu’on se situe, où effectivement on fait attention aux meubles qu’on choisit, un sens de l’accueil et à une sorte de simplicité…

Sur les tarifs et le positionnement vous travaillez sur ces points avec l’expert-comptable ?

Pour établir la grille tarifaire, on s’est basé sur la concurrence et sur nos propres estimations.

Alors c’est vrai que sur la Trinité/Carnac, il y a soit de très très grosses maisons à louer, soit des petits studios. Mais entre deux, il n’y a pas grand-chose.

Du coup, on est cet entre-deux. Enfin, la maison est grande, mais les autres sont très luxueuses et nous, on est un peu plus simple que ça quand même.

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Pour le tarif on va voir si ça fonctionne, s’il correspond à notre clientèle… Après on est dans une zone balnéaire, donc les gens de Maisons Magnifiques ont une idée assez précise du prix auquel louer notre maison. Sur ce point c’est plutôt calé !

Est-ce que vous vous êtes tournés aussi vers l’Office de tourisme? Gîtes de France ou la CCI pour vous aider ?

Alors pas du tout. Pour l’Office du Tourisme on aurait pu, d’autant plus que je connais le maire. Mais c’est juste que dans ma tête ce n’est pas le vecteur par lequel les gens vont venir. Pour moi c’est vraiment que tout se joue sur le digital en fait. Instagram, le bouche à oreille, les gens qu’on connaît et qui nous relayent…

Vous auriez pu les contacter pour avoir des connaissances sur le marché et la concurrence, connaître les habitudes de consommation, le type de clientèle, l’offre et la demande, la saisonnalité…

Ouais j’avoue, mais ça n’a pas du tout été un réflexe. Je me suis aussi appuyé sur la façon dont moi je voyage et sur l’expertise de Maison Magnifique. Ici, il y a beaucoup de gens à Pâques, pendant les week-ends de mai et en été.

Projections sur l’avenir …

A l’aube de l’ouverture de la Maison Passage, comment Yann et Naoko se projettent-ils ?

Vous visez une ouverture annuelle quand même pour la maison de vacances à la Trinité-sur-Mer ?

Oui. En tout cas, les deux ou trois premières années on fera des travaux durant la période hivernale. Là on va faire des travaux à fond jusqu’à fin mars, ça va s’arrêter. Et je pense que je les reprendrai en novembre, après les vacances de la Toussaint.

Mais ça a vachement changé le tourisme ici. Quand j’étais petit, il n’y avait personne entre octobre et les vacances de Pâques. Et maintenant, il y a du monde tout le temps, toute l’année. D’ailleurs tous les restos et cafés sont ouverts.

Moi quand j’étais petit à Carnac, c’était mort d’octobre à avril. Il n’y avait rien d’ouvert. Il n’y avait aucun endroit où on pouvait aller quand on était ados. Et maintenant, il y a beaucoup plus de monde toute l’année !

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Quels sont les projets pour l’avenir au-delà de l‘ouverture de la maison Passage en avril ?

Il y a pas mal d’aménagements extérieurs qu’on voudrait faire. Je pense qu’à l’automne prochain on va se pencher sur les événements à organiser : les artistes qu’on aimerait inviter, ce qu’on voudrait proposer… Mais là, j’avoue qu’on est encore sur une gestion au jour le jour, parce que c’est pas du tout en place. On a encore plein de “galères” de travaux à gérer.

Que pense la famille de votre projet de rénovation et d’ouvrir une maison de vacances en Bretagne ? Est-ce qu’ils vous soutiennent et participent ?

Ils sont ravis ! De même que tous les voisins, parce que la maison était à l’abandon. Donc on a remis de la beauté dans le quartier. Puis ils me connaissent depuis que je suis enfant. Donc ils étaient hyper contents que ce soit moi qui la reprenne.

Tout le monde nous soutient. Mes parents nous aident à fond, parce qu’il y a plein de colis que je fais livrer directement chez eux. Les cousins aussi étaient hyper contents et émus. Ils ont eu une réaction hyper forte. Et du coup, c’est chouette, c’est notre plus belle récompense !

Est-ce que ça vous donne envie à l’avenir d’ouvrir d’autres maisons de vacances ?

Pour le moment on est très focus sur celle-ci, mais clairement ça éveille d’autres envies quand même. C’est potentiellement un projet professionnel à plus long terme. Pas tout de suite, parce qu’on adore nos activités professionnelles respectives.

Mais effectivement peut-être que dans 5 ans on va tellement kiffer ce qu’on fait avec cette maison qu’on va avoir envie d’ouvrir d’autres maisons de vacances en Bretagne et puis de développer de nouvelles activités à côté.

Dans le rétroviseur de Yann et Naoko de la Maison Passage

Il est temps de regarder le chemin parcouru jusqu’ici, de prendre le temps de se féliciter de tout ce qui a été accompli et se remémorer les plus forts souvenirs …

Quelle est la plus grosse difficulté à laquelle vous avez été confronté jusqu’à aujourd’hui ?

Le notaire. Parce que pendant deux ans, on ne pouvait rien signer, c’est -à-dire qu’on n’avait rien pour dire : “c’est à moi, je la prends”. Si les vendeurs changeaient d’avis, c’était fini en fait.

Il a fallu faire une enquête pour trouver qui était propriétaire de la parcelle ?

On a engagé un géomètre départemental qui est retourné dans le code napoléonien pour voir comment étaient coupées les parcelles. Parce qu’il y a un château attenant à la maison. De ce fait, ce sont d’anciennes terres du château qui ont été distribuées. Mon grand-oncle a acquis une des parcelles du château. Mais il s’est remarié. En fait, il fallait définir si cette parcelle était issue de son premier ou de son second mariage. Et le notaire à Carnac dans les années soixante avait fait une erreur… Nous n’arrivions pas à retrouver si c’était bien avec la maison ou pas.

Bref au bout d’un an et demi de recherches, il a été acté que cette parcelle appartenait bien à la maison donc on pouvait avoir accès à une route. Ce qui signifiait qu’on n’était pas enclavé donc on pouvait acheter… Les investigations étaient très longues. C’était hyper angoissant. On voyait aussi que des gens visitaient et proposaient plus d’argent que nous…

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Vous n’avez pas fait une promesse d’achat auprès de tes cousins ?

Non parce que je n’en avais pas les moyens. Et la maison était gérée par une agence. Ils avaient signé un mandat d’exclusivité. Pendant trois mois j’ai tout fait pour sortir la maison de l’agence. Et j’ai fait une proposition qui était en dessous de l’offre, parce que je ne pouvais pas m’aligner. Enfin, ils ont très, très gentiment accepté mon offre pour que ça reste dans la famille, malgré le fait qu’il y ait des offres qui étaient bien supérieures. Vraiment je leur dois le projet !

Quel est le plus beau souvenir ?

Yann : Moi je pense que c’est quand on a signé la promesse de vente et que les papiers étaient bons !

Peu importe que les travaux soient longs et difficiles, parce qu’en fait tout le monde en parle tellement que tu es prêt psychologiquement. On sait que c’est dur. Et il va falloir mettre une énergie dingue, donc sur ça t’es prêt. Par contre, sur le côté administratif à priori, ça devrait être plus simple.

Naoko : pour moi c’était le premier week-end à la Maison Passage. Quand on a dormi ici et qu’on s’est réveillé avec le lever du soleil. On s’est réveillé à l’étage, le soleil se levait sur la rivière avec les bateaux, c’était sublime.

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Est-ce que le projet aurait vu le jour même si Naoko n’avait pas été architecte ? Est-ce que cela a facilité les choses ?

Oui. C’est vrai que les plans que j’ai réussi à faire, tous les choix de matériaux, etc… cela a joué en notre faveur. J’ai beaucoup travaillé sur le planning de ce projet. Du coup si on avait aussi sollicité un architecte ça aurait représenté un coût supplémentaire.

Photographe et architecte… vous êtes le duo parfait !

Yann : Si le photographe pouvait être plombier, électricien aussi ce serait pas mal ! Heureusement je fais plein de trucs moi-même. Je n’ai pas peur de me tromper.

Naoko : Yann et moi on est à la fois assez opposés et complémentaires. Parce que Yann, il est plutôt dans l’action, il va tenter de faire des choses qu’il n’a jamais faites en s’inspirant de tutos sur Youtube ! Pour ma part, je suis beaucoup plus posée. Je réfléchis peut-être un peu trop longtemps. Je me suis occupée de l’éclairage, du mobilier… tous les détails. Donc on a été complémentaires.

Quels sont les 3 conseils que vous donneriez à une personne qui souhaite se lancer et ouvrir une maison de vacances ou un gîte ?

C’est un peu ma vision de la vie de façon générale et la façon dont j’aborde le travail :

  • avoir une vision claire du projet et se dire OK, j’ai envie d’arriver à ce point-là, parce que c’est ça que j’aime et que j’ai envie de donner. Essayer d’avoir une sorte de ligne conductrice, mais également ne pas trop réfléchir parce que tu risques de ne pas te lancer.
  • ne pas avoir peur de se lancer à corps perdu dans des trucs que tu ne sais pas faire ou que tu n’arrives pas à faire. Tu peux tirer un grand plaisir à la fin en y parvenant.
  • se constituer un réseau de confiance (amis, famille, artisans) qui puisse donner des conseils avisés avant de se lancer.

Naoko : Pour nous, c’est un projet de rêve auquel on a cru. C’est quelque chose qui nous ressemble, mais clairement on n’a pas été stratégiques, en se disant on va ouvrir une maison de vacances en Bretagne, parce que c’est une zone touristique. On n’a pas du tout pensé à ça.

salon-maison-passage

Au-delà de l’aspect pratique, on voulait créer un lieu d’échange où des gens, des artistes, des chefs cuisiniers par exemple, peuvent venir. C’est franchement le truc ultime pour nous. Il y a un endroit qu’on adore et qui nous inspire beaucoup, dans les Pouilles, où je vais souvent travailler. C’est une petite maison avec 6 chambres. Avant tout c’est un lieu d’échanges en fait, où les gens passent, viennent dîner, viennent prendre un café ensemble même sans se connaître… C’est génial quoi ! J’adore ça. C’est clairement un truc que j’adorerais reproduire ici ! C’est plus un art de vivre qu’on souhaite diffuser qu’un projet professionnel, à proprement parler.

Pour conclure…

Il est bientôt l’heure de se quitter, mais avant, petit partage d’inspirations …

Yann-Naoko-Koulm

Quels établissements vous font de l’œil pour aller séjourner le temps d’un week-end en amoureux ?

Pour finir en musique, quel titre illustre le mieux l’état d’esprit de la Maison de Passage ?

Hyper cliché, hyper marrant : “Bar Mediterraneo” de Nu Genea.

Un grand merci à tous les deux. C’était un plaisir de faire votre connaissance. J’espère qu’on pourra se donner rendez-vous d’ici quelques mois pour faire un petit bilan post ouverture. Je vous laisse le mot de la fin : Merci beaucoup de nous avoir accueilli sur le podcast. On est ravis. Et puis continue tes interviews parce que c’est hyper intéressant !

Il est déjà temps de se quitter. Heureusement, vous pouvez retrouver des extraits inédits grâce à votre abonnement à la plateforme. Pour cela, il vous suffit de vous connecter et de vous rendre dans le centre de ressources. Si vous avez aimé l’épisode, faites-le savoir en laissant cinq étoiles et un avis sur Apple Podcasts ou en partageant votre écoute sur Instagram. Rendez-vous dans quinze jours pour un nouveau témoignage. En attendant, on se retrouve sur les réseaux !

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