Et dire qu’au départ ce n’était qu’un rêve écrit sur une wish list d’enfance… Mais Magali a fait de son rêve une réalité : développer sa collection de maisons de vacances. Ce projet ? C’est Enamoura.
Derrière lui, Magali n’a qu’une ambition : provoquer des moments décisifs dans la vie des gens qui séjournent dans ses maisons. Enamoura est à la croisée de 3 de ses passions : l’habitat traditionnel provençal, la rénovation et les objets chinés. Sensible et passionnée, Magali partage avec nous, son parcours et quelques tranches de vie avec beaucoup de sincérité…
Je vous souhaite une belle écoute / lecture !
Rencontre avec Magali Avignon des maisons de vacances Enamoura
L’histoire d’Enamoura c’est d’abord celle d’un hommage aux femmes qui ont marqué une époque ; des femmes inspirantes qui ont nourri la volonté de Magali de transmettre l’art de vivre à la provençale…
Je te suis depuis très longtemps sur IG. Je suis très admirative de ta créativité. Dirais-tu que tu as trouvé le métier idéal pour vivre de tes multiples passions ?
Tout d’abord, merci de me donner la parole aujourd’hui. C’est vrai que j’ai eu plusieurs vies et que je suis en train de recentrer sur cette activité (et les autres, car Enamoura est un univers) qui réunit toutes mes passions.
Comment a commencé cette folle aventure ?
Je viens de la communication et du marketing donc j’ai eu une première vie dans le monde de la glisse puisque j’ai d’abord été responsable communication. Puis j’ai eu une première expérience entrepreneuriale et une deuxième dans l’immobilier à Marseille. Ensuite j’ai eu envie sur cette nouvelle partie de vie d’être plus centrée sur un projet de transmission.
Enamoura est une manière de réunir ma passion pour l’habitat traditionnel provençal, ma passion pour la rénovation (ça part de là) et pour celle des objets chinés. Enamoura est une manière à la fois de rendre hommage aux femmes qui m’ont précédées et qui ont transmis cet accueil méridional. Je viens d’une famille d’agriculteurs et d’exploitants qui travaillait le raisin de table.
Ma grand-mère par exemple animait de grandes tablées avec des vendangeuses. J’ai donc vécu avec ces récits empreints de cette hospitalité à la provençale. Avec Enamoura, j’ai la volonté de transmettre cette hospitalité simple, authentique et intemporelle.
C’est ce qui explique pourquoi j’ai un univers assez brut. Le projet vient donc de là, de ces femmes qui m’ont précédées et qui n’étaient pas toujours valorisées comme entrepreneuses. Ce sont elles qui tenaient les terres, la maison, le personnel… Elles s’effaçaient quand leurs époux revenaient de la guerre.
Moi qui ai eu la chance d’être une femme libre et entrepreneuse j’avais envie de rendre hommage à ces femmes là et de transmettre toutes ces valeurs de l’art de vivre en Provence à mes filles qui ont 18 et 20 ans.
Enamoura ça part de là…
Gérer sa marque de maisons de vacances : le choix de l’hébergement
Est-ce le cœur ou la raison qui guide Magali dans le choix de ses maisons ?
Ta première maison louée était ta maison principale ?
Oui. Aujourd’hui Enamoura c’est 5 lieux, une collection de 5 maisons de vacances. La première est à côté de Saumane, c’est la maison dans laquelle j’ai élevé mes filles. C’est la maison que j’appelle la maison du village. Elle est adossée à la colline. Comme beaucoup d’entre nous, j’ai commencé à louer cette maison pendant les vacances. J’ai fait ça pendant quelques années sans penser que ça deviendrait mon activité principale.
Ensuite, il y a eu d’autres maisons et la particularité c’est que ce sont les miennes et que je vis dedans, dans chacune d’elle qui a abrité mon univers. À la base, ce ne sont pas des maisons que j’ai construites pour ça… mais des rêves écrits sur la wishlist de mon enfance ! J’avais cette chance et cette liberté après plusieurs vies d’avoir déjà investi dans 2 maisons.
Ça s’est fait naturellement et ensuite le projet s’est construit autour de la marque Enamoura (qui veut dire l’Amoureuse en provençale). Je voulais recevoir des vacanciers dans des univers qui me sont chers, où moi j’ai grandi pieds nus de façon simple. Il y a évidemment une maison qui ne fait pas partie de cette collection, qui est celle dans laquelle j’ai grandi (Maria des Fleurs).
Les maisons que je propose sont des maisons très personnelles.
Le choix des maisons c’est un coup de cœur à chaque fois ?
Ah oui et beaucoup de chance ! J’étais actionnaire et j’ai monté une agence immobilière à Marseille pendant 10 ans. J’ai eu de la chance de tomber sur cette maison en plein centre de Marseille. C’était totalement inespéré et introuvable aujourd’hui. Je l’ai trouvé en visitant une maison à côté en faisant parler le propriétaire un peu bavard… C’était mon métier de poser des questions.
J’ai compris qu’à côté c’était en friche et qu’il y avait quelque chose à creuser ! On loupe tous des maisons, des opportunités… On engage tout ce qu’on a pour avoir la maison qu’on souhaite. Parfois on a des déceptions. Parfois financièrement on n’y arrive pas et il faut recommencer…
Souvent dans notre métier on ne montre que ce qui va bien sur les réseaux sociaux, mais on a tous bavé sur ces maisons. Pour l’anecdote, à Marseille dans la maison il y a une cabane de pêcheurs de 15m² au fond du jardin. La maison en fait 180. J’ai passé plus de temps sur ces 15 m² que sur le reste ! Je pense qu’il y a un peu de chance et beaucoup de détermination.
Aujourd’hui la collection est composée de 5 maisons. Est-ce que tu as pour projet de continuer à développer ta collection de maisons de vacances?
C’est une question que je me pose tous les jours ! Un collectionneur ne s’arrête jamais, d’autant plus que le projet est une passion un peu folle et irraisonnée ! La collection n’est pas terminée. À vrai dire j’ai envie d’une bergerie, d’un cabanon dans les calanques… Après ce qui me rattrape c’est le sujet financier. L’immobilier est attractif ce n’est pas là où on a du mal à trouver du financement. Mais il faut accepter des contraintes et de la pression sur les années futures…
La deuxième chose qui me rattrape c’est la gestion. Car aujourd’hui je suis sur trois lieux avec 3 équipes différentes. Si tu veux être au niveau de tes exigences, la gestion peut être extrêmement lourde. Avec 5 lieux de vacances, c’est très prenant. J’ai une gouvernante indépendante et quasiment 10 personnes qui travaillent pour l’entretien, le jardin…
Est-ce que je m’adosse à un partenaire? C’est ça plutôt qui est le frein, surtout que j’ai beaucoup d’autres projets à côté…
Le quotidien chez Enamoura
Magali nous amène dans les coulisses de sa vie nomade, et dans l’effervescence de ses activités tout sauf routinières pour développer sa collection de maisons de vacances…
Très personnelles mais où chacun peut se sentir chez soi… Tu as une vie nomade, ça veut dire que tu switches d’une maison à l’autre maison selon les disponibilités ?
Oui ça a commencé comme ça. Parfois on commence à une maison et parfois on s’arrête à une maison. C’est déjà beaucoup ! Moi j’ai choisi d’en avoir plusieurs ou la vie a choisi pour moi je sais pas trop…Chaque euro qui rentre est réinvesti. C’est toujours des travaux…
Je suis pratiquement tous les dimanches en brocante pour re-meubler une partie. C’est une espèce de rêve assez dévorant. Cette vie nomade c’est aussi par passion, car j’ai toujours rêvé de vivre un peu cette vie-là. Et c’est vrai que je vais d’une maison à l’autre en fonction des disponibilités.
La réalité c’est qu’aujourd’hui les maisons sont assez complètes donc c’est différent. C’est-à-dire que je bloque des périodes pour pouvoir être dedans et tourner. Par exemple, depuis avant-hier je suis à Marseille, dans la maison de ville : la numéro 2. Et je l’ai bloqué 1 mois et demi pour moi. Ensuite j’enchaîne sur une autre que j’ai bloquée au milieu de l’été 1 semaine. J’agis un peu comme ça. Ensuite j’enchaîne sur l’atelier.
Concrètement, tu vis avec une valise ou tu laisses vraiment à chaque fois des affaires dans chaque maison ?
C’est la question qu’il faut pas poser ! Je vis avec un sac sur le dos, un baluchon ; c’est une vie qui n’est pas toujours simple. C’est pour ça que je bloque des périodes assez longues. Après il y a des endroits où je laisse quelques affaires. Aujourd’hui je vis assez léger. La réalité c’est que je suis assez tout-terrain, donc je peux me balader et vivre avec pas grand-chose sur le plan matériel.
Ça ressemble à quoi une journée type chez Enamoura?
Impossible de répondre mais je vais tenter ! Je me réveille assez tôt et je travaille dans mon lit jusqu’à peu près 9h. Je peux être de 6h30 à 9h à traiter ma messagerie sur Instagram, les urgences, les mails.
Je peux avoir un rendez-vous dans un atelier avec un artisan pour la collection comme je peux être en ligne avec la gouvernante pour gérer une problématique ou avec un entrepreneur pour parler travaux dans une maison. Ensuite je vais enchaîner pour trouver un partenaire et étudier des devis.
Il y a de la communication et de la comptabilité. C’est très divers et varié. D’autant que je fais des partenariats et des collaborations… On va aussi exposer prochainement des objets au musée. Cela part un peu dans tous les sens. Juliette (mon assistante) me dit que je n’ai pas de routine…
Ça veut dire que tu t’imposes aucune limite sur tes idées/opportunités pour développer ta collection de maisons de vacances ?
Non, sauf si la vie me rattrape. Et je pense qu’elle me rattrape de temps en temps. Quand on est entrepreneur on peut faire 24h/24. Pareil quand vous avez une maison d’hôtes ou quand vous êtes passionné.e !
Et si vous réunissez les 3 alors là on n’a plus de limites. Heureusement que j’ai des enfants, mon mari, mes amis et des contraintes ! Aujourd’hui c’est ma maladie à moi de ne pas savoir m’arrêter. Mais je suis très bien entourée aussi de Juliette, mon parfait binôme qui sait me dire de faire des choix ou reporter des projets…
Créer sa société, son salaire et celui des personnes qui vous entourent c’est aussi aller chercher ce chiffre d’affaires. Alors parfois on est dans une spirale et il faut y aller ! Ça demande de saisir les opportunités. Et il y a un momentum comme on dit en startup…
J’ai des amis qui ont acheté une maison en Provence, qui l’ont rénovée seuls et qui se sont mis à la limite de leur possibilité physique. Ils m’ont fait très peur et ça s’est terminé par un accident. Mon amie était dans le stress de ne pas arriver à louer alors qu’aujourd’hui sa maison est sublime et qu’elle est toujours complet !
La grosse erreur quand on fait ce métier c’est de ne pas savoir prendre de vacances. Mon plus gros problème c’est de ne pas savoir prendre de vacances et de ne pas savoir les organiser. Et pourtant plusieurs maisons d’hôtes me proposent de venir me reposer chez eux. C’est mon enjeu pour l’avenir … Et mon conseil c’est malgré tout de tout lâcher, de s’accorder une semaine et pas dans sa maison !
Les accueils se font en personne ?
Tous mes accueils se font en autonomie en boîte à clés. Je trouve qu’aujourd’hui, et ça n’engage que moi, que la clientèle qui me suit et qui vient chez Enamoura ça ne la gêne pas. En revanche, j’ai un lieu qui ne peut pas être géré comme ça, c’est la Chapelle où on est obligé d’accueillir.
La gestion de la conciergerie va peut être déterminer la suite sans dévoiler toute la stratégie de développement… En effet, aujourd’hui j’ai très envie de développer la collection de maisons de vacances, mais ça passera peut-être par quelqu’un qui nous rejoint et qui aura envie de gérer cette activité dans sa globalité. Car pour la marque Enamoura il faut un important travail de direction artistique, de communication…
Développer sa collection de maisons de vacances : les démarches
Sur qui Magali a-t-elle choisi de s’appuyer pour faire grandir sa marque de maisons de vacances ?
Comment se fait le montage financier ? Tu arrives à faire l’acquisition d’une première maison grâce aux revenus générés par une autre ?
Je pense que chaque projet est atypique et très personnel. Avec mon mari, nous avons acheté des maisons quand on avait d’autres activités. Forcément ce sont des emprunts, des fonds propres. Ces maisons ont des statuts loués meublés non professionnels. J’ai la chance d’avoir une autre activité puisque aujourd’hui j’édite des objets.
La collection d’objets Enamoura, fait par des artisans en Provence, me permet aussi de financer mes projets. J’avais aussi de l’argent de côté. Ce qu’on fait tous c’est de louer, et souvent une partie de la maison n’est pas complètement finalisée par rapport à ce qu’on a en tête.
Mon conseil, c’est plutôt que d’attendre que la maison soit parfaite (et elle ne le sera jamais de toute façon), de réfléchir sur ce qui va déclencher le plus de locations et d’optimiser le remplissage. Tant pis si la maison n’est pas complètement décorée, il faut jouer sur le prix. Il vaut mieux louer un peu moins cher et être complet et ensuite augmenter…
Les maisons évoluent régulièrement car les goûts et les projets évoluent… Ça a été ma stratégie jusqu’à présent. Pour l’atelier d’artistes (60m²) c’est le haut d’une maison, située à Saignon. Je voulais avoir un lieu pour accueillir moins de personnes, notamment des amoureux qui voudraient découvrir la Provence en hiver. Et en parallèle, avoir un lieu pour accueillir des artistes sur des résidences de moyenne durée.
L’Atelier a été rénové sur un style méditerranéen provençal très typé et à l’étage il y a un espace pour faire de la céramique, de la musique, écrire…C’est un lieu qui me tenait à cœur, que j’adore et où je vais pour dessiner mes collections ! Ce lieu là, je voulais qu’il soit complètement terminé avant de commencer à louer. J’étais dans cette logique là mais malgré tout, les premiers vacanciers m’ont fait quelques remarques. Mais j’avais besoin de ce chiffre d’affaires pour joindre les deux bouts.
Généralement je négocie une franchise de 1 an, mais j’ai entendu dire qu’il était possible de faire plus qu’un an. j’aurais tendance à conseiller de faire la maximum parce qu’il y a toujours des imprévus, des décalages de budget… Et la location est assez imprévisible.
D’autres détails peuvent être remis à plus tard comme la personnalisation ou la décoration mais ce qui est utile et indispensable doit être prêt.
Exactement. Et on est tous avec des degrés d’exigence différents. J’ai une clientèle qui aime la déco, qui vient pour le style. Elle me ressemble, dans le sens où je voyage d’abord pour le lieu. Les gens veulent être dans l’univers Enamoura, en venant d’une année à l’autre dans un des lieux de la collection. Il faut qu’il y ait un esprit déco, mais avoir du recul sur ce qui est vraiment indispensable et fonctionnel.
Est-ce que tu dirais que ton mari Olivier t’aide à prendre ce recul là ?
Dans mon cas, mon mari n’intervient pas sur ces choix. En revanche, son aide cruciale concerne les camions. Il a une entreprise. Olivier a deux grands talents : peindre des maisons et me transporter tout ce que je veux ! C’est extrêmement utile !
J’imagine que c’est compliqué de tout concilier. Les 10 personnes sont d’une conciergerie ?
À Enamoura, on est 2 à temps plein pour gérer le développement commercial. Une gouvernante indépendante gère à distance les différents lieux, dont Marseille un peu plus. J’ai des travailleurs locaux sur place rémunérés en CESU, en fonction de leur statut. Finalement j’ai une conciergerie intégrée. C’est un vrai débat… Je me réorganise sur une zone en faisant appel à une autre gouvernante pour en avoir une par lieu. Je t’avoue que j’ai pas la solution mais c’est un vrai sujet.
As-tu déjà été démarché par des propriétaires qui ont eu envie de te confier leur maison en gestion pour avoir ta patte sur leur propriété ?
Oui… toutes les semaines ! Sur les 5 lieux, il y en a un où je suis en partenariat avec un propriétaire. Mais l’expérience que je propose est difficilement applicable à une maison de propriétaire. Je m’explique.
Un propriétaire qui confie sa maison va vouloir principalement un service de commercialisation, de remplissage et de conciergerie. À partir du moment où une maison entre dans la collection, elle fait partie de l’univers Enamoura. Il y a plein d’aspects qui sont souhaités mais qui ne peuvent pas s’offrir comme le fait d’être proche de l’univers. Car ça implique de refaire des travaux, de redécorer…
Il y a des concepts qui peuvent fédérer avec des collections de maisons très différentes. En revanche, chez Enamoura, il y a des liens entre les maisons, il y a les mêmes codes. Pour respecter cette direction artistique que je veux il y a ce travail là en plus du lancement, du storytelling, de la mise en place avec la presse… Il y a tout un sujet qui devient coûteux. Je le fais pour mes biens, car évidemment le profil n’est pas le même.
D’autres possibilités existent : pas forcément avec des propriétaires mais avec des investisseurs. En tout cas, j’ai fait le test avec des propriétaires et je m’aperçois que ce n’est absolument pas rentable.
Pour les travaux, as-tu une équipe qui intervient sur les différents projets ?
Je vais casser le mythe tout de suite. Dessiner une maison, faire les approvisionnements, piloter tout ça, c’est tellement de travail que je ne fais rien de mes mains à proprement parler. Je suis très admirative des gens qui le font. Par contre, je n’ai pas toujours les mêmes équipes. C’est très triste mais au bout de 2 ou 3 chantiers, la relation se distend. Hélas, j’aimerais avoir une équipe qui nous suit pour les 10 ans à venir, mais pour l’instant je n’ai pas réussi ce miracle.
En ce qui concerne la comptabilité et la législation, as-tu fait le choix de te faire accompagner ?
J’ai commencé en faisant seule et assez rapidement on ne s’en est plus sortis. La législation est un sujet assez complexe. Le sujet de la LMNP qui peut un moment donné basculé en LMP demande d’en connaître les règles.
On a dû se faire accompagner par un cabinet comptable. Une personne en or aujourd’hui m’accompagne. Mais comme je suis dispersée par 1000 activités j’avoue que je peux mettre 15 jours pour tout mettre d’équerre à la fin de l’année. En fonction du volume, je pense que ça vaut le coup de se faire accompagner !
Je trouve pas ça très cher au vu du rapport qualité/prix. Je paye 150-200 euros par mois.
Mais je paye beaucoup plus cher pour la société à côté …
La commercialisation des maisons de vacances Enamoura
Sur quelles stratégies Magali a-t-elle décidé de miser pour faire connaître et développer sa collection de maisons de vacances ?
Es-tu sur de la réservation en direct ou es-tu présente sur des canaux de distribution/annuaires ?
J’étais dans des agences au démarrage, ensuite Airbnb a fait un travail formidable donc j’ai arrêté avec l’agence. J’étais à 100% présente sur AirbnB. Je loue à la semaine ou le week-end, donc on n’est pas sur de la nuitée. C’est quelque chose de très différent.
Plus récemment, comme ma communauté se développait de plus en plus sur Instagram, dont des demandes en direct j’ai fait une analyse des différents channel manager pour gérer la réservation en direct. J’ai fini par faire le choix d’Eviivo, avec lequel je suis maintenant. J’ai de plus en plus de réservations directement liées à ma communauté sur Instagram qui est assez importante.
Es-tu contente de Eviivo?
Du fait de mon précédent métier dans le digital, j’estime être quelqu’un d’avertie. J’en suis contente car ça répondait à mes demandes et à mes attentes. J’avais pour particularité d’avoir des comptes en banque différents sur chaque bien. Quand j’ai fait mon benchmark, je suis partie sur un autre channel. Je suis allée jusqu’à la configuration quasi complète pour m’apercevoir à la fin que cet élément là n’était pas possible… et tout s’est écroulé comme un château de cartes !
J’ai passé énormément de temps sur ce sujet. Mon conseil c’est de bien poser ses questions en amont. Je suis très contente de l’outil ; il est extrêmement complet ! Ce qui est très important dans son choix de channel manager c’est le SAV, la hotline… Je suis très contente de Eviivo pour ça, mais je ne suis pas encore au bout de mes peines sur la configuration et la maîtrise de toutes les subtilités. Je trouve ça indispensable car tout se fait en automatique : les prélèvements, les contrats…
Par contre pour quelqu’un qui n’a qu’une maison, mon conseil c’est de ne pas aller sur un channel manager. Airbnb fait très bien le job pour une petite communauté et une petite visibilité. Il suffit d’adapter son minimum de nuitées, son prix, ses promos… J’ai basculé en raison du nombre de maisons et parce que j’avais une communauté de 55k, j’avais donc besoin d’une plateforme. Ça prenait tout son sens dans mon activité.
Tu avais créé ton compte Instagram il y a longtemps ou ça t’est apparu essentiel plutôt en cours de route ?
J’ai loué mes premières maisons avant d’avoir mon compte Instagram. J’ai un envie tranché sur ce réseau social. Au premier confinement, je n’avais pas d’activité, je ne savais pas ce que j’allais faire. J’ai créé le compte à ce moment-là, en plus j’adore faire de la photo. Ça reste mon métier de raconter des histoires. Je me suis testée sur des opérations de communication notamment d’influence et ça a pris très vite !
Il y a eu un intérêt à l’entretenir parce que ça a pris. Moi je trouve que c’est beaucoup de travail Instagram. Ma logique pour mes amis que j’accompagne à titre amical pour leurs projets, c’est de faire un compte Instagram vitrine (avec des stories à la une de ses chambres, des environs, des bonnes adresses, un feed sympathique…) plutôt que de créer un site.
Monter une communauté c’est un métier du quotidien. Si votre activité quotidienne c’est de gérer votre maison, Instagram va vous prendre la moitié de la journée ! Je pense comme toi que c’est indispensable. Si on se sent pas à l’aise avec la photo, avec du texte il vaut mieux confier la mission plutôt que le faire soi-même et mal le faire… Parce que la sanction est assez immédiate.
IG est aussi chronophage à un point où je sais qu’on peut en devenir totalement esclave ! Par contre, ça ne va pas remplacer la force d’une plateforme comme Airbnb ou Booking. Mais ça amène de la réservation en direct… Aujourd’hui je suis quasiment à 50/50 et ça va sûrement se développer.
Je suis d’ailleurs en train d’étudier d’autres façons de commercialiser de manière plus événementielle, car mes maisons sont complètes 6 mois en avance. Je n’ai pas les problématiques des nuitées, mais plutôt celle de clients qui reviennent et qui ne s’y prennent pas à l’avance. Du coup, j’ai plus de place pour eux. Mon enjeu c’est de fidéliser et de ne pas décevoir ma communauté.
Ce sont des problématiques très particulières aux maisons et aux grosses saisonnalités. Mais Instagram c’est formidable et offre une opportunité c’est le BtoB, comme le shooting.
Est-ce que tu penses qu’il y a des codes à respecter pour pouvoir attirer les marques en shooting ?
Oui il y a des tendances. Il faut une authenticité (avec notamment le choix de matériaux brut pour le côté provençal), une personnalité et une cohérence dans la maison en lien avec le lieu où se trouve la maison. Il faut une âme qui soit en cohérence avec l’histoire de la maison. Une marque vient shooter une âme et vient apporter de l’âme à ses produits.
Votre maison et votre décor apportent une histoire et il faut qu’il y ait du sens et de la cohérence. On peut mixer des styles, mais il faut qu’il y ait une âme c’est le seul conseil que je donnerai. C’est quoi l’histoire de la maison ? C’est quoi sa pierre ? Et comment je peux sublimer cette âme avec une décoration qui va l’épouser et qui sera à son service ?
La literie est un investissement colossal. On peut meubler une maison avec beaucoup d’âme et peu d’argent. Une marque vient pour votre âme. Les nôtres ne cherchent pas la même chose pour la Chapelle qu’à l’Atelier d’artistes. Il y a des marques à l’écoute des tendances qui feront le choix de maisons qui suivent les tendances.
Les prestations complémentaires chez Enamoura
Plus qu’une collection de maisons de vacances, la marque Enamoura c’est aussi des objets d’artisanat emblématiques de la Provence, des lieux de shooting mais aussi des citys guide et carnets de vacances…
Tu en fais beaucoup ? Ça complète les périodes de locations plus basses ?
Oui oui. Chaque bien a ses spécificités. Marseille a totalement explosé et est devenue une ville qui n’est plus saisonnière, même si on a moins de demandes en février qu’en juillet. Je trouve que le shooting est un bon complément. Mais attention c’est très exigeant.
Ma maison à Marseille est aussi le siège social de la marque, ainsi que le showroom, là où je reçois les clients architectes, l’endroit où on travaille avec les équipes… Je peux la fermer aux vacanciers mais je peux aussi la garder en journée car je loue à la journée pour les shootings.
C’est quelque chose de complémentaire, on n’est pas sur du 50/50 du tout et les maisons ne tournent pas que sur du shooting, ce serait mentir. C’est sûr qu’aujourd’hui dans le concept Enamoura, c’est une partie non négligeable.
C’est toi qui démarches les marques ou est-ce elles qui te contactent ?
À 90% jusqu’à il n’y a pas très longtemps c’était les marques qui me contactaient (grâce à Airbnb, Instagram…). Depuis que Juliette m’a rejoint, on a développé une démarche plus proactive sur ce domaine-là. Mais tout se rejoint, c’est-à-dire que dans mes différentes activités il y a beaucoup de synergie. On fait très peu de prospection.
Comment positionner son tarif pour les shootings sachant que les gîtes et chambres d’hôtes sont très sollicités par ces demandes ?
Ça suit la même règle : c’est une question d’offres et de demandes, de marché. Il faut faire son benchmark avec une idée de combien se loue les maisons autour ou dans une autre région que la sienne. Il faut faire un premier tarif et puis c’est très rapide. Souvent (pour ne pas dire à chaque fois) ce sont des négociations.
Il faut tester ce premier tarif et ne pas être figé surtout les premières fois. Tout dépend du profil de la marque et de la stratégie commerciale qu’on cherche à déployer. Après il ne faut pas se leurrer, c’est un gros investissement personnel et c’est un coût de mettre en place un shooting…
Qu’est-ce que tu proposes comme service derrière ce shooting ?
C’est un accompagnement plus important. Il y a un check in et un check out car il y a une présentation de la maison, une vérification… On a aussi les coordonnées d’un maquilleur, d’un coiffeur, des documents spécifiques pour les shootings, des documents spécifiques pour la luminosité pour le photographe, on peut réceptionner la marchandise en amont. Tout ça c’est une logistique. Il y a une forme de conciergerie auprès des entreprises.
Est-ce qu’il t’est déjà arrivé de refuser de travailler avec une marque en raison de ses valeurs et de sa vision ?
Ça m’a beaucoup turlupiné ! On est souvent très surpris parce que sa maison shootée par différentes marques ne se voit quasiment pas. Ça a été assez rassurant de se dire que je n’avais pas à faire de sélection surtout que ça coûte très cher de développer sa collection de maisons de vacances.
J’ai la chance sincèrement d’avoir que des marques sympas qui me sollicitent. La question c’était de se dire comment on se positionne avec des marques similaires, mais je n’ai pas eu le problème jusqu’à présent. Si les marques sont d’un univers différent à la vôtre, les univers ne vont pas se croiser.
Est-ce que tu peux utiliser les photos faites en shooting ?
Je ne le fais jamais ! Si tu me suis, tu pourras voir que je ne communique quasiment jamais sur les shootings photos. Des gens le font très bien comme Céline de Maison Mastrorelli, mais une fois encore on fait tellement choses et je trouve personnellement que je fais tout très très mal… Je pense que je pourrai le faire mais ça passe toujours après le reste.
Tu fais aussi des city guides et carnets de vacances. S’agit-il de tes adresses fétiches ?
J’ai 0 partenariat sur les guides. Ils sont venus avant la collection de maisons et avant la marque. On ne choisit pas ce métier si on n’aime pas recevoir les gens et donner des conseils sur sa région. J’étais déjà noyée de demandes. J’ai eu pour habitude de raconter que ma mère griffonait sur un papier tout ce qu’il y avait à faire en Provence. J’ai un défaut c’est que je ne supporte pas de faire 2 fois la même chose.
Du coup je préfère prendre le temps de bien le faire et de l’automatiser. À force d’être sollicitée toute la journée et comme je sais pas dire non, toute la journée je prenais du temps.
Un moment donné pour mes propres amis j’ai proposé ce guide en commençant par Marseille (ce n’est pas 4 jours pour visiter Marseille mais 4 jours pour vivre Marseille), orienté art de vivre, lifestyle, les bonnes adresses pour manger… Je l’ai associé à une carte géolocalisée avec quasiment 200 adresses pour les gens qui vont sortir de ce parcours là.
Je l’ai formalisé et professionnalisé. Ces guides sont donc en vente sur mon site. On vient de sortir le guide : 8 jours en Provence. Le guide Marseille a été traduit en 2 langues ; celui de Provence le sera cet été donc ce sont de très jolis projets. J’ai mis quasiment un an à le faire.
Si vous réservez un service chez Enamoura, vous recevez un code personnel pour le télécharger. L’intérêt c’est de gagner du temps avec les hôtes et anticiper leurs questions toutes les semaines. Si j’avais qu’une seule maison je le ferai, je trouverai ça chouette mais dans mon cas c’est matériellement impossible.
J’ai préféré le faire en mon nom et le transmettre à toutes les personnes et s’ils ont des questions je suis là pour y répondre en temps réel. C’est la gouvernante qui le fait.
Personnellement je suis très fainéante pour organiser les vacances et j’aurais adoré qu’on me ponde le truc comme ça ! J’ai fait ce que j’aurais aimé avoir pour moi et ça fonctionne plutôt bien ! Par contre, c’est beaucoup de travail (mettre en maquette, digitaliser…) !
Et tu as également des éditions en série limitée avec des artistes/créateurs/artisans … Comment trouves-tu le temps ?
Je le trouve pas ! Cette activité est le prolongement d’un rêve de toujours que j’ai mis plusieurs dizaine d’années à concrétiser. Ça part d’une envie profonde. Une fois qu’on dessine une maison, une des premières choses essentielles sur laquelle se concentrer c’est l’éclairage. Car je traite les maisons comme dans une scénographie. Je conçois ces maisons comme des décors de bonheur.
On doit dans chaque pièce être transporté dans un univers, une ambiance, parfois dans une autre époque. Et on doit vivre des moments où on se sent bien, beaux et heureux. Donc un éclairage blanc ça vous rend ni beau, ni heureux ! Ce sont des choses très importantes pour moi que je travaille à différents niveaux (confort, ambiance, appoint…). À un moment donné, j’ai eu envie de prolonger le dessin que je faisais pour les maisons jusqu’aux éclairages.
Comme tous mes objets qui meublent mes maisons ont déjà eu 1000 vies (chinés), j’avais envie d’avoir des objets qui soient emblématiques de la Provence et de ses savoir-faire. Je fais à la fois des collections permanentes et je travaille avec des artisans qui ont chacun un savoir-faire spécifique.
Et ensuite je réinterprète les formes intemporelles avec un savoir-faire différent. Dans ces collections, ce sont essentiellement des luminaires. Et je fais une fois par an, des résidences d’artiste ou des collaborations avec des artistes ou artisans (par exemple Marion Graux la potière parisienne qui travaille le grès et avec qui on fait des séries limitées).
Il existe aujourd’hui des collections permanentes qui sont vendues sur notre site internet ou sur des pop-up. Et là on vient de lancer une collection de porcelaine de Limoges dont on a réinterprété les formes (Maria des Fleurs). La porcelaine fait partie de l’art de vivre provençal… et tout ça c’est un an de travail de développement pour en arriver à une collection permanente. Ces projets prennent de plus en plus d’importance. Récemment les gens ont découvert la collection de maisons grâce aux objets et pas l’inverse !
Est-ce que tes locataires peuvent repartir avec une lampe sous le bras?
Oui tout à fait ! À Marseille, dans la maison de ville, j’ai l’atelier qui est au rez-de-chaussée de la maison. On a aménagé le garage. Les gens peuvent venir voir les collections exposées. Cette petite boutique a été transposée pour le salon à Aix-en-Provence.
On peut venir chercher les objets en click and collect (en passant commande sur le site). Les personnes qui viennent en vacances vivent au milieu de ce petit pop up, puisqu’il est au rez-de-chaussée et peuvent repartir avec leur lampe. Et il y aura probablement des points de vente dans pas longtemps !
Dans le rétroviseur
Il est temps de regarder en arrière et voir tout le chemin qui a été parcouru…
Depuis le début, à quelles difficultés as-tu été confrontée ?
Les travaux de l’Atelier. Ce n’est pas moi la maman de la rénovation de la Chapelle et de la petite maison qui ouvre au 1er juillet, c’est quelqu’un qui a fait un travail extraordinaire. L’Atelier qui est le plus petit lieu (60m²) dans lequel j’ai tout refait en plâtre et en bâtis, j’ai fini par y être 2 mois en combinaison sur le chantier, sans savoir si j’allais m’en sortir…
Mon doute c’est que pendant toute la durée des travaux comme je dessine et je rénove au fur et à mesure je me dit que je vais me planter…C’est comme un artiste. Je ne suis pas architecte d’intérieur de métier, même si à force je commence à développer une forme d’expertise. Il y a beaucoup d’improvisation, d’instinct… Et on finit par se planter. On a tous fait une peinture qui n’était pas de la bonne couleur !
Pour réussir un joli tableau à la fin, on remet un certain nombre de couches par-dessus et parfois on se trompe. Et comme je n’accepte pas que ce soit pas bien, eh bien je recommence. Donc le plus dur c’est vraiment les travaux. Beaucoup de gens le fantasment mais le métier est très difficile. C’est un métier de liberté, quoique parfois c’est une liberté très relative. Parfois il faut s’alléger, faire attention et se ménager par rapport aux projets qu’on mène et notre capacité à rester toujours pro avec nos clients.
J’ai énormément de plaisir à rencontrer les gens qui arrivent ; pour eux j’imagine que c’est une expérience riche de me rencontrer, mais à quel prix…
Quel est ton plus beau souvenir ?
Je fais des maisons d’amour pour que les gens soient heureux, donc je suis quelqu’un qui suis particulièrement dans l’émotion. Rendre hommage à ma grand-mère est quelque chose de très important pour moi donc ces objets sont très importants pour moi. C’est un rêve absolu ! Et l’idée de faire entrer ces objets dans une boutique somptueuse et emblématique est une consécration personnelle, qui a une énorme valeur affective. Ça c’est un très beau souvenir.
Et le deuxième c’est quelqu’un qui m’a dit récemment qu’ils avaient décidé d’habiter à Marseille après avoir été dans ma maison, en une heure ! Clairement c’est pour ça que je fais ça : pour qu’un moment donné il y ait des moments qui soient décisifs dans la vie des gens qui viennent ici.
Un moment décisif ça peut être une bonne soirée, un moment avec son mari ou son amoureux (à la Chapelle) , une discussion, un moment avec ses petits-enfants (à Saumane)…Je suis très sensible à ça !
Pour conclure…
Il est bientôt l’heure de se quitter, mais avant, petit partage d’inspirations…
Quel établissement te fait de l’œil pour séjourner le temps d’un week-end ?
Le Moulin de Marine et L’Heure vide.
Quel titre illustre le mieux l’état d’esprit Enamoura ?
“Take Care” de Imany. Enamoura est une façon de recevoir, de prendre soin des gens, de les aimer au travers de nos maisons et dans l’amour qu’on met dans nos rénovations et nos décors.
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